vendredi 24 février 2012

L'ÉMIR DU QATAR, CHEIKH HAMAD BIN KHALIFA, PARRAINE LES ISLAMISTES ALGÉRIENS Cet homme ne nous veut-il que du bien?


Un émissaire qatari a approché, cette semaine, trois chefs de partis islamistes algériens en vue de financer leur campagne électorale pour les législatives.
Quand le 18 février dernier, la secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune, a balancé le scoop, ce n'était pas uniquement pour meubler son discours. Elle a affirmé que des responsables de partis islamistes algériens se sont rendus, le mois de janvier dernier, au Qatar, pour quémander un soutien financier aux cheikhs de ce pays richissime.
Le premier de ces hommes a été le président du MSP, Bouguerra Soltani, qui a passé près de 20 jours dans cet émirat. Il s'est même permis le luxe de s'inviter sur le plateau de la chaîne Al Jazeera pour discourir sur l'Algérie et le «printemps arabe». Les faits viennent de se confirmer encore une fois. De sources fiables, on a appris qu'un émissaire qatari a approché, cette semaine, trois chefs de partis islamistes algériens en vue de financer leur campagne électorale à l'occasion des législatives prochaines. Si jusque-là, Cheikh Hamad bin Khalifa a eu de très bonnes relations avec l'Algérie, il est à se demander si cet émir ne nous veut que du bien. Quand il finance des partis islamistes algériens pour accaparer le pouvoir, cela s'appelle de l'ingérence. Nos sources précisent que les services de sécurité ont déjà à l'oeil ces partis en accointance avec le Qatar. Il serait même question d'exiger la traçabilité des finances que ces mêmes partis vont débourser dans le cadre de la campagne électorale pour les législatives. Le Qatar, qui fait figure de nain dans le Moyen-Orient, n'est pas à son premier soutien pour les partis islamistes sunnites, ni à sa première ingérence. Depuis le début du printemps arabe, il s'est donné un rôle d'acteur majeur dans la région au point d'agacer les autres monarchies du Golfe dont son voisin immédiat, l'Arabie Saoudite. Il a appuyé le parti Ennahda en Tunisie, offert sa médiation dans le conflit yéménite, déboursé une fortune et contribué militairement à renverser El Gueddafi et il est à la tête des Etats arabes pour isoler la Syrie. Au Moyen-Orient, une région politiquement statique, l'émir Cheikh Hamad bin Khalifa al-Thani, agé de 59 ans, est le plus actif, le plus bruyant. Cheikh Hamad bin Khalifa Al Thani, dépose son père en 1995 et accède au trône. Redoutable stratège, le monarque a su investir les créneaux qu'il faut. D'abord imposer l'image de marque du Qatar, débourser une fortune pour la politique étrangère et tisser des liens tous azimuts. L'émir a offert aux Etats-Unis d'établir une base militaire, El-Oudeid, le plus grand dépôt d'armes américaines à l'étranger. Le problème de la défense étant ainsi réglé, il passe à l'offensive et lance la chaîne propagandiste Al Jazeera. A elle seule, cette chaîne remplace toute la quincaillerie militaire et les colonnes de chars arabes inopérants. Autre arme de séduction massive: sa seconde épouse, la belle Cheikha Mozah, qui offre à l'opinion internationale une image séduisante du royaume. Cette stratégie marketing est l'une des plus réussies dans le monde. Si bien qu'aujourd'hui, le Qatar occupe toutes les agoras médiatiques. En une décennie, cet ergot sorti de la péninsule Arabique, est présent sur tous les fronts. Tous les chemins mènent à Doha. XIIe Jeux panarabes, le Congrès mondial sur le pétrole, le premier sommet du Forum des pays exportateurs de gaz, le Sommet mondial sur l'innovation en éducation, le 4e Forum de l'ONU sur l'alliance des civilisations. Ce sont autant d'événements qu'il a accueillis en 2011. Avec des revenus d'exportations autour de 100 milliards de dollars par an contre des importations inférieures à 30 milliards, l'argent coule à flots et booste les conquêtes extérieures de l'émir. En Europe, notamment en France, on s'affole. Le petit monstre de Doha menace de bouffer le monde. Des voix s'élèvent pour protester contre le fait que l'argent qatari fausse les règles du jeu économique. Il rafle tout. Il ne s'arrête pas à la conquête de l'organisation de la Coupe du Monde de 2022, il racheté le PSG. A tour de bras, il investit dans tous les secteurs et s'octroie la part du lion dans plusieurs multinationales. Avec son capital de 65 milliards d'euros, Qatar Investment Authority (QIA) est l'un des fonds souverains les plus importants du Golfe. Il détient des participations dans des firmes mondiales comme Veolia, Lagardère, Suez Environnement, Barclays, Volkswagen, Porsche, etc. Et la liste est loin d'être exhaustive. Ou s'arrêtera ce petit émirat? Il est insatiable et sa voracité ne peut être assouvie par l'outarde. Cet émir ne nous veut-il que du bien?

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