mardi 6 mars 2012

Politique   Recomposition de la scène politique pour les législatives Les néophytes talonnent les vieux routiers

Les législatives ont ouvert une brèche dans laquelle se sont engouffrés des dizaines d’Algériens, notamment des jeunes longtemps exclus, avides de jouer un rôle dans la vie politique de leur pays. Mais ces futurs politiciens demeurent d’illustres inconnus pour la majorité des électeurs qui vont avoir bien du mal à choisir leur candidat. Beaucoup d’électeurs se tourneront vers Internet et ses réseaux sociaux mais resteront sur leur faim car ils n’y trouveront aucun éclaircissement. Les ouvrages déjà existants n’ont pas traité de ce sujet et restent muets. En outre, les nouveaux venus en politique n’ont pas encore pensé à Facebook ou à Ttwitter, tout comme leurs aînés qui ont, pour leur part, l’excuse de ne pas être de la génération Internet.

 
Alors comment choisir parmi tous ces cadres, chefs d'entreprises, députés, sénateurs ou responsables d'association devenus chefs de partis politiques par la magie d’un dossier déposé au ministère de l’Intérieur et les bons soins de bureaucrates chargés d’éplucher des piles de documents ? Percer les arcanes de l’énigme s’avère une rude affaire ! D'autant que les médias, qui relaient régulièrement les communiqués du ministère de l'Intérieur annonçant la naissance de nouvelles formations, n’apportent guère plus de détails.
 
Le 3 mars dernier, tous reprenaient, par exemple, l'information portant sur l'autorisation donnée par le département de M. Ould Kablia au Parti Ennour algérien, au Parti patriote libre et au Parti de l’équité et de la proclamation, dirigés respectivement par Badreddine Belbaz, Tarek Yahyaoui et Naima Salhi née Leghlimi. Tout le monde s’est précipité vers les consoles, les claviers ont crépité mais Internet n’a rien dévoilé : aucune information. Les journalistes sont encore revenus vers le ministère de l‘Intérieur pour ne récolter que quelques remises de récépissés de dépôt de dossiers, comme celui du Mouvement des citoyens libres, de Mustapha Boudina ou celui du Parti des jeunes, de Hamana Boucherma. Mais là encore, aucune précision sur le parcours personnel, professionnel ou les faits d'armes de ces nouvelles figures politiques.
 
Sur Internet, à peine quelques détails sont disponibles sur certains d'entre eux, dont Mustapha Boudina, qui s'avère être sénateur du tiers présidentiel et président de l'Association des anciens condamnés à morts (1954 – 1962) ou Hamana Boucherma, qui est pour sa part président de l'Association nationale de la jeunesse pour la santé, la culture et le développement.
 
 
Champ politique flou
 
À moins de deux mois des élections législatives, l'entrée en jeu de nouveaux acteurs  quasi anonymes donne lieu à plusieurs lectures faites aussi bien par les potentiels électeurs que par les observateurs de la scène politique. Pour les premiers, il ne s'agit que d'individus séduits par les multiples avantages du statut de parlementaire. Pour les seconds, le parachutage de ces novices n'est qu'une manœuvre du gouvernement pour gagner du temps.
 
C'est, notamment l'avis du politologue et ancien officier supérieur de l'Armée nationale populaire (ANP), Mohamed Chafik Mesbah, qui évoque trois objectifs visés par ces néophytes. Le premier est une volonté de donner l'impression qu'il y a une certaine dynamique politique. Le deuxième est de recomposer artificiellement la scène politique et maintenir l'alliance présidentielle. Le troisième est de gagner du temps pour pouvoir contrôler un peu mieux les échéances des élections présidentielles de 2014, affirme M. Mesbah, au grand dam du ministre de l'Intérieur qui jure que l'agrément des partis « n'est, en aucun cas, lié à un quelconque rendez‑vous électoral ».

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