mardi 1 mai 2012

Les partis devraient se soucier de leurs programmes au lieu du taux de participation (experts)


Les partis politiques en course pour la prochaine législature devraient axer leur campagne électorale plus sur la présentation de programmes "fiables et accessibles à tous" que sur les appels répétitifs au "vote massif", ont préconisé dimanche à Alger deux universitaires.
Les 44 partis en lice pour les législatives du 10 mai "développent dans l’ensemble une démarche paradoxale qui consiste à ne pas présenter de programmes alternatifs tout en mettant en garde contre les effets néfastes d’un boycott des élections", a observé le professeur Ismail Hariti lors d’une conférence donnée au centre "Amal El Oumma" (Espoir de la nation) qu’il dirige.
"L’Algérien, notamment le jeune Algérien, semble complètement désintéressé par la politique qu’il assimile généralement au mensonge, à l’hypocrisie et à la corruption. Avec la faiblesse du discours électoral actuel, il sera davantage convaincu que sa propre désaffection à l’égard de ces joutes constitue pour lui le meilleur moyen de s’exprimer", a-t-il encore jugé.
C’est pour cela que cet universitaire invite les partis, le gouvernement ainsi que l’élite à "bien décrypter le message du peuple" car, avertit-il, "la désaffection, voire le boycott pur et simple, équivaudrait à un printemps arabe à l’algérienne".
M. Hariti a cependant écarté "tout recours à la fraude durant le prochain scrutin" pour "différentes raisons" dont le contrôle interne et externe qui accompagne cette fois-ci l’opération électorale.
Le docteur en économie Bachir Messaitfa a, de son côté, critiqué le nombre "exagéré" de "propositions", notamment économiques, formulées depuis le début de la campagne électorale, le 15 avril, au moment où les candidats dans les pays développés fondent leurs programmes, constate-t-il, sur trois ou quatre "actions" seulement.
"Nous assistons à un discours électoral mettant en avant des centaines de propositions tirées pour la plupart du programme du président de la République. Mais où sont donc les programmes des partis ?", s’est-il interrogé.
Mais contrairement à son collègue, le Dr Messaitfa estime que "la faiblesse des programmes électoraux est le résultat de la désintérêt populaire pour l’acte électoral et non pas le contraire". Le "problème" n’est donc pas économique mais politique, insiste cet économiste.
L’Algérien "manifeste peu d’intérêt pour les élections car il ne croit pas à la politique. Les partis le savent et c’est pour cette raison qu’ils ne se donnent pas la peine d’élaborer des programmes, qui n’intéresseraient personne en fin de compte", a-t-il soutenu.
En plus, beaucoup de promesses électorales sont "loin d’être réalistes", estime M. Messaitfa, qui cite en exemple la création de 10 millions de PME d’ici 2020, la renationalisation des entreprises publiques déjà privatisées ou encore un SNMG (salaire national minimum garanti) à 35.000 DA.
Prenant appui sur son expertise économique, M. Messaitfa souhaite que les partis politiques proposent plutôt des solutions de fond notamment pour ce qui concerne "trois déséquilibres économiques internes persistants".
Il cite le déséquilibre entre l’offre et la demande des marchandises et ses effets sur l’inflation, le déséquilibre du marché monétaire algérien et enfin le déséquilibre du marché du travail.
Les futurs parlementaires devraient, en outre, se préparer à apporter des réponses efficaces à des questions d’importance telles que celles relatives à l’accession de l’Algérie à l’OMC ou à la création d’une zone de libre échange avec l’UE, a-t-il encore recommandé.
APS

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