vendredi 1 juillet 2022

Tahia El Djazaïr !


 






                                                    hymne national de l'Algérie

jeudi 7 mai 2015

8 Mai 1945 : Un génocide à ciel ouvert

Les massacres du 8 Mai 1945 relèvent de la plus grande anthologie macabre. Les auteurs de cette tuerie à ciel ouvert, rompus au silence des cimetières, sont rattrapés par l’histoire, au seuil d’une reconnaissance pour génocide à l’encontre de 45.000 Algériens. Il en restera, de tout temps, la hantise historique et politique à mettre un nom sur ces crimes qui attendent un aveu. Aujourd’hui, la célébration de ce grand évènement s’inscrit dans la continuité évolutive des droits humanitaires des peuples opprimés à faire valoir leurs droits. Autant de questions restent sans réponse. Toutefois, la trilogie de ce monstrueux lynchage à Sétif, Kherrata et à Guelma nous revient, 70 ans après, dans un habillage maternel, d’une grande gestation mouvementée d’une Algérie enfantant la plus grande Révolution populaire.
Le coup de feu déclenché par ce matin du 8 Mai 1945 sur la place de Sétif n’avait de nom qu’une pacifique marche populaire portant le sigle revendicatif du droit d’accès aux libertés. L’éveil du nationalisme algérien venait de naître sous la mitraille du colonialisme à peine sorti du joug du nazisme. Cette gigantesque fresque populaire, hautement porteuse de ses idéaux nationalistes, avait pris de court, tous les paris, pour inscrire, pour la première fois, le fait algérien dans le registre du combat politique à faire valoir le statut identitaire d’une nation libre. La symbolique de ces grandes manifestations populaires a le mérite d’avoir rassemblé toutes les tendances idéologiques pour en faire un véritable «Front de libération nationale» face à l’éminence d’une extermination annoncée.
Depuis la création de l’Étoile Nord-Africaine, du PPA et du MTLD, le magma à pris forme sous l’aspect de l’éveil nationaliste d’une Algérie en route. Les arrestations, et les déportations qui ont suivi les massacres étaient des signes avant-coureurs d’une grande avancée vers une lutte armée.
 Une option qui devait, par la force des évènements, aboutir à faire évoluer la question algérienne au titre d’acquéreur à l’indépendance. Ce jour-là, le pavé de Sétif accueillit le tout premier martyr, Bouzid Saâl, qui venait de sceller le sort d’un colonialisme aux abois. Les lendemains incertains pour l’administration coloniale se sont confirmés face à la lutte armée.
Le combat venait de changer de camp. Désormais, l’Algérie, se détournant d’une torpeur imposée, renaît de son immobilisme pour donner le coup d’envoi au combat suprême pour la liberté.
Autant de sacrifices à faire valoir pour enfin s’adjuger une indépendance chèrement acquise. Ce pan de l’histoire d’indépendance, marquant un tournant dans l’histoire des peuples, est aujourd’hui témoin à charge, pour pointer un doigt accusateur sur les massacres de Sétif.
Le fait colonial reste cette trace indélébile dans la mémoire collective. L’histoire se mesure par l’ampleur de ces événements, témoignant de l’engagement des peuples. La rue algérienne  demeure l’unique terreau pour arracher l’indépendance. Sétif, Kherrata, Guelma demeurent l’école de la Révolution par où passent la colère d’un peuple et la naissance d’une nation. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, après Yalta où se dessinait le partage du monde, le petit bourg de Sétif s’éveillât par un 8 Mai 1945, pour clamer haut et fort que l’Algérie se devait d’être parmi les nations libres. Des milliers de morts massacrés au nom des droits de l’homme et des libertés, à telle enseigne que la morale et la bêtise humaine se confondent dans l’arrogance militariste et la haine d’un colonialisme. Même que certaines voix nostalgiques, épuisées par de très fortes vociférations, continuent de hurler la mort d’une Algérie coupable de s’aimer.  
Mohamed Bentaleb
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Sétif : Aux cris de « min djibalina »
70 ans après, Sétif se souvient encore et commémore, dans la dignité, l’effroyable et sanglant anniversaire des massacres du 8 Mai 1945. Un véritable génocide qui fut alors livré à une population sortie pourtant pour revendiquer pacifiquement le droit à la vie, le droit à sa liberté spoliée. En réponse, l’occupant français livra une chasse à l’Arabe, foulant, par là, une promesse qui ne sera dailleurs jamais tenue.
70 années nous séparent de ces moments douloureux ; les séquelles restent encore béantes et à jamais marquées du sang de ces 45.000 Algériens qui périrent dans des circonstances préméditées par les forces de l’occupant ; des moments qui font que le 8 Mai 1945 demeure encore une date marquante dans la mémoire collective, symbolisant la détermination d’un peuple, plus que jamais décidé à se défaire du joug colonial.
La mémoire se fige, secouée par l’horreur ayant atteint  son paroxysme, animée par des légionnaires et milices qui se livrèrent à des massacres sans précédent à Sétif, Kherrata, Aïn Abessa, Aïn El-Kebira, Amoucha, Beni Azziz, Babor pour ne citer que ces localités de Sétif. Les années n’ont rien effacé de la mémoire qui porte encore le poids de ces horribles souvenirs.
À Sétif, en ce mardi, jour de marché hebdomadaire, sous un ciel bleu-gris, annonciateur du drame qui allait se produire, ils se retrouvèrent très nombreux, venant de toutes les contrées de la wilaya. Un Mardi d’affluence, certains venus à pied, d’autres à dos d’âne ou par bus pour  y faire les emplettes hebdomadaires, mais surtout,  venir  aux dernières nouvelles de ce qui constituait déjà le cœur battant du mouvement national.

Autour de la mosquée « El-Ghifari »
Ce matin là, des milliers d’algériens se donnent rendez vous à proximité de la mosquée «Abou Dher El Ghifari» édifiées à partir de fonds collectés auprès des citoyens musulmans. Ces derniers ne se doutaient pas qu’ils allaient être des victimes d’une répression Barbare, sauvage et inhumaine. Il est sept heures passés d’une trentaine de minutes, et cette affluence grandissante au fur et à mesure ne passe pas inaperçue. Des policiers Français sont pris d’inquiétude au moment ou la foule prend des proportions de plus en plus importantes, tout au long de cette artère,   devenue subitement trop exiguë pour contenir ce flot mouvant d’une foule compacte.
 Les minutes s’égrènent et la première œuvre des organisateurs de cette marche qu’ils veulent à caractère essentiellement politique , consistera à désarmer même de leurs cannes, leurs bâtons, leurs couteaux, ces milliers de citoyens que l’on ne manque pas d’instruire pour aller dans le sens d’une marche pacifique, les appelant par la même à évoluer dans l’ordre et la discipline.
«Nous voulions montrer une grande force sans réellement l’utiliser encore» nous confiera un jour à son domicile, le regretté Abdelkader Yala, chef scouts et  l’un des organisateurs de cette marche de la dignité.
 Au même moment, la police française suivant de très près ce regroupement massif se réunit non loin de là, au commissariat central. Ils en informeront aussitôt leurs supérieurs qui agiront sans plus attendre.

Interrogatoire et intimidations
Quelques minutes plus tard, alors que la foule bouge de plus en plus et s’impatiente en dépit des appels au calme et au respect de la discipline, des responsables algériens à l’instar de Abdelkader Yala chef-scouts, Maître Mostefai avocat au barreau de Sétif, conseiller municipal, membre du bureau des «Amis du manifeste», Hassen Belkhired  président des scouts musulmans «El Hayet », Haffad Hocine conseiller municipal, président de la section des «Amis du manifeste de Sétif», Guenifi Mahmoud membre du bureau des amis du manifeste, sont convoquées immédiatement dans le bureau du Sous-Préfet . A l’origine de cette interpellation on retrouvera, le commissaire central et un de ses adjoints, le commissaire Valère qui se distinguera d’ailleurs un peu plus tard par sa réputation de sanguinaire. A la sous-préfecture,  les responsables algériens, en question, sont alors soumis à un interrogatoire corsé. «Si c’est pour fêter l’Armistice, pourquoi ne vous joignez pas à nous et la fête n’en sera que plus belle » dira alors le sous-préfet, qui reprochera à ces responsables «d’exposer des enfants scouts à un danger certain»,  et, avant de les interroger à nouveau sur le caractère de cette marche, il leur demanda de rejoindre dans le courant de l’après midi  les Européens qui selon lui «s’apprêtaient à fêter  la victoire sur le nazisme».
A proximité de la mosquée « Abou Dher El Ghaffari », on dénombre déjà des milliers de citoyens algériens, en ordre, impatients et prêts à prendre le départ. Il est 9 heures lorsque «l’accord» sera donné par le sous-préfet pour une marche pacifique. La foule s’ébranle, précédée d’un groupe de jeunes scouts encadrés par des militants chevronnés. Guenifi Mahmoud, Bentouhami Bouzid, Maiza Rachid, Cuech Larbi, Harbouche Amar, Bouregaâ Ali, Cheraga Laid, Amira Amar, M’hamdi Saâd , Bella Slimane, Taârabit Lakhdar, Abdelhamid Laghoueg,  Sabri Seghir, politiquement investis ne passent pas inaperçus aux yeux des policiers français dont la violence et la répression illustre une fois encore la négation des autorités coloniales.

La marche de la dignité
Évoluant en rangs serrés, la foule traverse alors une partie de l’actuelle rue Ben-M’hidi et débouche sur l’avenue Georges-Clémenceau, l’actuelle avenue du 1er Novembre 1954, brandissant les emblèmes des pays alliés avec le drapeau algérien en tête.
 Sur les banderoles déployées, on pouvait lire «Algérie libre», «Libérez Messali El Hadj», «Vive la charte de San Francisco», «Libérez les détenus politiques» «Halte à l’Oppression» et bien d’autres revendications politiques dont la portée, notamment le droit à la liberté et l’indépendance n’échappera à personne.  Dans ce flot, qui prend au fur et à mesure des proportions importantes, la foule immense à la reconquête de sa liberté et de son identité, rejoint la place du 8 Mai 1945 ; l’emblème national est déployé, porté par le jeune Saâl Bouzid,  qui deviendra quelques minutes plus tard, le premier martyr des massacres du 8 Mai 1945.
Main dans la main, les précurseurs de la glorieuse révolution de novembre, évoluent par vagues de 15 personnes et chantent «Hayou Echamel» et «min Djibalina». A proximité de l’ancien café de France, les manifestants sont subitement pris à partie par des policiers français, en civil. Le commissaire Olivieri, offusqué à la vue de l’emblème national, se dirige vers  le cortège et impose  à Saâl Bouzid  de baisser le drapeau algérien et  aux autres de renoncer aux banderoles à portée nationaliste.
Bouzid refuse alors de céder et le policier ouvrit le feu, l’atteignant et causant sa mort. Un scénario, odieusement prémédité, s’enchaîna et des dizaines de policiers,  surgissant alors de voitures stationnées non loin de là et des bars environnants se mirent à tirer en direction de la foule. Mille et un vibrant «you-you» fusent de toutes parts alors qu’aux cris de «Tahia El-Djazaïr», la foule s’enflamme, et court  dans tous les sens, portant l’écho de Mai dans toutes les contrées de cette wilaya .
L’assassinat de Saâl Bouzid sonne dès lors la charge de massacres par la soldatesque coloniale française au nom du peuple français au moment ou celui-ci célébrait  la chute du  Nazisme. La chasse à l’arabe  constitue le mot d’ordre des troupes françaises dont les responsables décrètent l’état de siège, dès le lendemain vers 13 heures. La violence de l’état colonial est à son paroxysme ; on tue et on massacre sans répit ;  les prisons et les casernes sont bondées de citoyens algériens et le général Duval se déplace à Constantine avec ses troupes qui  se livrent déjà à un véritable génocide.

Les femmes enceintes éventrées
Sétif prend l’allure d’une morgue à ciel ouvert ; même les familles réfugiées à l’intérieur de leur logis ne sont point épargnées, recevant elles aussi par le canal de leur cheminée, une grenade qui les achèvera. L’horreur est à son comble. Beaucoup de familles qui ne peuvent même pas franchir le seuil de leur porte, seront contraintes d’enterrer leurs morts dans les cours de leurs maisons. Le gardien du  cimetière installé sur le mur un fusil à la main, tire sur tous ceux qui se hasardaient  à aller enterrer leurs morts.
Partout à El-Ouricia, Aïn Abessa, Beni Azziz, Aïn El-Kebira, Babors et Kherrata, où l’Oued Agrioune regorgeait de cadavres. Le capitaine de gendarmerie Petirgards, le commissaire de la police judiciaire de Sétif Oliviéri et le commissaire Tort, chef de la police d’état,  jurent de passer  tous les coupables et responsables de ce mouvement par les armes »
A Sétif les milices se forment sous l’égide de deux officiers de la protection civile, Demongean et Rossi qui  tuent  les frères Hebbache au moment ou les Belones, Fontano se livrent aussi à des crimes odieux. Les membres de la famille Riache sont brulés dans leur ferme et les femmes enceintes sont éventrées  par  les légionnaires et les  tabors Sénégalais.
Un génocide que tous ces Algériens  «héros de Cassino», déjà fatigués, déchirés, usés par une guerre sans merci qu’ils mèneront aux cotés des soldats français. Ils  sont venus découvrir  les remerciements de celui qu’ils défendaient et pour lequel ils ont donné le meilleur d’eux-mêmes.

La fin des illusions françaises
Et, comme toutes ces atrocités ne suffisaient pas à satisfaire leur haine, le commissaire Tort, chef de la police d’État à Sétif, écrira dans son rapport No 5240 du 18 Mai 1945 : «La population européenne, effrayée par l’insurrection nationale, demande que tous les coupables et les responsables de ce mouvement soient impitoyablement passés par les armes.
Elle déclare qu’à ce prix seulement, les Français pourront vivre en Algérie, terre française ; elle estime qu’à ce jour, la répression est nettement insuffisante pour Sétif et, qu’en tous les cas, elle n’est pas en mesure des crimes odieux qui ont été commis par les insurgés. Elle réclame des armes pour assurer sa propre sécurité et se faire justice… »
À Sétif, 70 ans après, on se souvient encore des massacres, des exécutions sommaires, des enfumages de dechras, ces fosses communes où ont été jetés des milliers d’Algériens. Le mois de mai est synonyme d’une douleur profonde, de séquelles encore béantes et le  précurseur du Novembre glorieux. Mai 1945 ou la fin des illusions françaises.
F. Zoghbi
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GUELMA : La ville martyre
Là où l’on se rend à Guelma, le souvenir du 8 Mai 1945 est présent. L’université est baptisée 8-Mai-1945. Un grand nombre de places portent comme nom, cette date qui rappelle aux Occidentaux, la victoire sur le nazisme, et en Algérie, le  massacre de civils. Les stèles commémoratives rappellent, ce qui s’est passé ce jour-là, ainsi que les jours suivants, même si l’histoire de Guelma est riche en dates et en personnalités.
Beaucoup de Guelmis portent dans leur corps les séquelles de ces événements même s’ils sont de moins en moins nombreux. La mort a eu raison de leurs corps vieillis par le temps, les blessures et les maladies, mais le souvenir de ce qu’ils ont fait est vivace chez leurs enfants et petits-enfants. En prenant la route qui mène vers Guelma, c’est un sentiment de fierté qui vous prend jusqu’à la gorge. Les terres fertiles, l’eau abondante et les rayons de soleil qui couvrent la wilaya ne peuvent laisser indifférents les visiteurs. C’est un paradis sur terre. Et on ne peut qu’avoir une pieuse pensée pour tous les martyrs de l’Algérie, morts pour libérer cette terre du joug colonial.  Ceux qui ont vécu, la journée du 8 mai 1945, se souviennent encore de la répression, mais dans sa folie meurtrière, la machine coloniale, n’a pu venir à bout de la volonté d’un peuple épris de justice et de liberté. Et c’est donc dans le but, de revendiquer son indépendance, que la direction du PPA a décidé d’organiser plusieurs marches dans le pays, notamment à l’Est ou plusieurs cellules de militants ont été créées. Guelma était de celles-là . Dans cette ville ou une cellule a été installée en 1931 déjà, la population était préparée grâce aux actions politiques, mais aussi culturelles et meme sportives.L’espérance de Guelma, le club de football local en faisait partie.

Et l’emblème ne tomba pas
Ce mardi 8 mai 1945 était un jour de marché à Guelma, racontent les rescapés. Ce qui explique pourquoi il y avait autant de monde dans la ville. C’est la cause principale également de la propagation de la nouvelle de la marche. A propos de nouvelles, celles-ci n’étaient pas bonnes. Le matin même, la sortie des Sétifiens pour réclamer la liberté s’est terminée dans un bain de sang. Ce qui a poussé les militants, raconte un de ses rescapés Bentoumi Ahcène, à demander aux responsables PPA s’ils maintenaient le mot d’ordre de sortie. Celui-ci était sans appel. Il fallait manifester coûte que coûte meme si les instructions insistaient sur le caractère pacifique de la manifestation. Il était 17 heures quand Bentoumi Ahcène qui avait 14 ans à l’époque et les siens ont commencé à marcher en scandant « Min Djibalina ». Même s’ils étaient des milliers, ils étaient très bien organisés. Les uns portaient les couleurs des pays alliés, d’autres l’emblème national ainsi que des banderoles réclamant la libération des détenus politiques. Justement l’un d’eux n’était autre qu’Ali Abda un joueur de l’espérance de Guelma. L’avant-centre de l’équipe ne pouvait se mettre derrière. Arrivés à la place Sadi Carni qui est devenu à juste titre la place du 8-Mai-45 les manifestants ont trouvé le sous-préfet Achiari qui les attendait de pied ferme avec des centaines de policiers. Le sous-préfet qui avait interdit toute manifestation était décidé à empêcher la sortie des militants.  Quand Ali Abda lui a demandé au nom de la France de tenir sa parole de libérer l’Algérie , il avait répondu moqueur : « Lorsque vous aurez un char comme celui-là désignant un véhicule de l’armée qui était stationné à coté » .Il a même essayé de lui enlever l’emblème national, mais c’était compter sans la bravoure d’Ali Abda qui a non seulement refusé mais il l’a frappé avec. Fou de rage, Achiari donna l’ordre de tirer. Plusieurs militants ont été blessés dont un autre rescapé que nous avons rencontré, le moudjahid Yales Abdellah. Son compagnon Boumaaza n’a pas eu cette chance, mort sous les balles assassines d’un policier. La manifestation s’était dispersée.  Les blessés ont été admis à l’hôpital comme cela a été le cas de notre rescapé qui est resté 22 mois sous traitement médical. Il s’en est tiré avec un handicap qui le cloue à la maison jusqu’à maintenant.

La répression n’a fait que commencer
Les autres marcheurs sont partis chez eux ou chez des proches, mais la répression ne s’est pas terminée pour autant. Les Maltais qui étaient soutenus par les militaires et l’administration coloniale avaient décidé de créer une milice. Si  pour certains , la marche s’est terminée le jour où elle a commencé c’est à dire le 8 mai 1945. Pour les Guelmis, le martyre ne faisait que commencer. Pendant plusieurs jours, cette milice a opéré un massacre annoncé. Si on parle de 45.000 victimes dont la majorité ont été enregistrés à Guelma c’est qu’il a duré dans le temps. Ils cherchaient leurs cibles chez eux comme cela a été le cas pour les intellectuels, les militants et les personnalités de la région. Certains, Ils les tuaient d’autres les brûlaient vifs. Des endroits comme Kef El Bomba, la Carrière et El Bir restent témoins de cette barbarie. Avec des bâtons, des pioches et des pelles, les paysans ont tenté de venger leurs frères en attaquant les fermes des colons. Ils ont payé eux aussi un lourd tribut de leur désir de justice et de liberté même s’ils ont écrit une belle page de courage. Ils se sont retrouvé seuls face à une opinion internationale aveugle qui n’a pas réagi à l’un des massacres les plus meurtriers de l’histoire de l’humanité. Le  monde a laissé une minorité de colons tuer des milliers d’Algériens dont le seul crime a été de réclamer pacifiquement leur désir de liberté au même titre que tous les pays du globe. Dire que la même année les Nations unis ont été créés pour consacrer le droit à l’auto-détermination des peuples.
Fouad D.   
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Le triple crime de Kef El-Bomba
Quand les Français ont surpassé leurs maîtres nazis
En matière de barbarie, l’histoire
a retenu les fours crématoires des nazis parmi les crimes les plus abjects.
Mais cette histoire a omis le triple crime de Kef El Bomba où les Français qui ont subi une humiliante défaite de la part des Allemands se sont surpassés pour reprendre les méthodes de leurs vainqueurs.
A Kef El Bomba ils ont utilisé des procédés des plus abjects pour réprimer les militants nationalistes algériens.
Ces derniers étaient placés sur une pente. Les militaires et les miliciens qui les ramenaient par camions de Guelma et des villages environnants les mitraillaient avant de les laisser dégringoler en bas près du four pour la fabrication du plâtre.
Mais ce dernier a été remplacé par la chair humaine. Même les cris de ceux qui ont pu échapper par miracle à la mort par balles n’ont pas empêché leurs bourreaux de les jeter vifs dans le four.
Il est aujourd’hui encore comme l’indique la stèle commémorative qui a été érigé sur place un symbole de la torture et de la barbarie. Bien sûr, il a été rasé depuis comme si le four ne pouvait continuer à exister de honte de ce qu’il a fait.
F. D.
L’espérance de Guelma
Un combat dans le combat
Beaucoup d’Algériens connaissent Hachouf et Séridi qui ont fait les beaux jours de l’espérance de Guelma et de l’équipe nationale de football. Ils sont des légendes du sport local et national, mais rares sont ceux qui savent que cette équipe était également une école de nationalisme. Quand on rappelle qu’elle a compté dans ses rangs les Souidani Boudjemaa et Hacène Harcha qui a été son gardien, on se rend compte que sport et nationalisme sont très liés.
En plus de ces noms légendaires, il y a eu aussi Al Abda qui a été le premier à brandir l’emblème national le 8 mai 1945. C’est lui a frappé le sous-préfet Achiari qui tentaient de le lui enlever. Salah Braham qui a été également joueur à l’espérance a sauté du camion qui l’emmenait à Kef El Bomba pour être exécuté là-bas. Il a échappé à une mort atroce.
On regrette aussi que l’histoire d’une équipe aussi prestigieuse qui a été forgée le 8 mai 45 et qui a donné tant pour la Révolution armée et pour la construction du pays ensuite soit aussi méconnue.
F. D.

Ces rescapés  qui disparaissent
Quand un vieil homme meurt, c’est une bibliothèque qui brûle dit l’adage africain. Si on le reprend dans le cas de l’Algérie, à chaque mort d’un moudjahid, c’est une facette
de l’histoire du pays qui disparait.
C’est le cas du moudjahid Sassi Benhamla qui a été un des acteurs des événements qui ont eu lieu le 8 mai 1945. Ce n’est que justice si notre première destination pour entamer un reportage sur le 8 mai 45 était de lui rendre visite d’autant qu’il a engagé un effort de mémoire sur les événements en créant une association qui porte le nom de ces derniers pour entretenir leur souvenir, mais aussi s’occuper des rescapés et évoquer les dimensions de cette date, mais la mort l’a fauché avant que nous puissions lui parler. Sa contribution est encore présente dans les esprits. Celui qui a été un des organisateurs de la marche du
8 mai 1945, un membre de l’organisation secrète du PPA et un militant du FLN avant d’être un des membres actifs du mouvement associatif à l’indépendance a fait beaucoup pour la libération et la construction de son pays en général et la wilaya de Guelma en particulier. Dommage qu’aucune rue ou établissement scolaire ne portent son nom.
Mais même si M. Benhamla n’est plus, les rescapés sont encore vivants. Nous avons rencontré les moudjahidine Bentoumi Ahcène et Yales Abdellah qui nous ont parlé de ce qui s’est passé.L’enregistrement de leurs souvenirs, mémoires et témoignages est plus que nécessaires.
F. D.
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Abdelhamid Salakdji, président de la fondation du 8-Mai 1945 :
« La France doit assumer la responsabilité de ses massacres »
Pour la fondation du 8-mai 1945, qui continue à revendiquer la reconnaissance par la France des massacres, on n’efface pas l’histoire d’un simple revers de la main. Abdelhamid Salakdji, président de cette fondation, que nous avons rencontré à la veille de la commémoration du 70e anniversaire du génocide du 8 mai 1945, dont les cicatrices sont encore plus que jamais béantes, se souvient encore de cette revendication étouffée dans le sang et le feu, et ne manque pas d’espérer que la France officielle fasse un grand pas pou que les deux rives soient encore plus proches. Une proximité, souligne-t-il, qui passe par «la reconnaissance par la France de son passé génocidaire».

Soixante-dix années nous séparent des massacres du 8 mai 1945 qui ont coûté au peuple algérien, le prix fort de 45.000 morts. Quel est le sentiment qui anime aujourd’hui le président de la fondation du 8-Mai 1945 ?
Mon sentiment reste le même, voir inchangé, dans la mesure où nous n’avons pas encore matérialisé les objectifs fixés par cette  fondation et que 70 années après, comme vous le dites, ces massacres relèvent hélas toujours d’un crime impuni et encore non reconnu !  C’est pour cela que nous  entendons une fois encore donner la dimension qui se doit à cette date historique de l’Algérie et faire de cette commémoration le moment fort d’une mémoire qui n’a pas oublié, qui n’oubliera pas. Nous avons de ce fait opté pour un colloque qui s’étalera sur plusieurs jours, et à l’issue duquel interviendront d’éminents académiciens et  historiens qui reviendront sur ces massacres. Et par la même occasion, rappelleront les grandes pages sombres du colonialisme français et nous permettre de continuer à lutter contre l’oubli. Parallèlement à cela, nous avons des amis en France qui vont agir dans cette même optique et organiser des rencontres qui seront animées par des historiens français sur ces massacres perpétrés par la soldatesque coloniale française à Sétif, Guelma et Kherrata.

Il y a 10 ans, l’ambassadeur de France, Hubert Colin de Verdière, qui se recueillait devant la stèle «Saâl Bouzid» et y déposait une gerbe de fleurs, déclarait qu’il s’agissait là «d’une tragédie inexcusable». Au mois d’avril dernier, le secrétaire d’État français, chargé des Anciens combattants et de la Mémoire soulignait, à propos de la signification que revêtait une telle visite : «Je suis venu joindre le geste à la parole présidentielle.» quelle lecture en faites-vous ?
Je pense que de tels propos relèvent du politique, et cela ne nous étonne pas ! La France opte pour une politique de petits pas.  C’est  en ce sens qu’en 2005, nous avons, comme vous le dites,  pris acte des propos de l’ambassadeur de France à Sétif. Deux  années après, c’était au tour de Bajolet, également ambassadeur de France à Alger qui se recueillait devant la mémoire des victimes de Mai 1945 à Guelma, de tenir pratiquement des propos équivalents. En 2012, suite à l’appel lancé par le Président Abdelaziz Bouteflika à l’adresse du président François Hollande, l’invitant à dépasser ces propos de guerre de mémoire, ce dernier à l’issue de sa visite en Algérie, quelques mois après en 2012 également, fait une déclaration à travers laquelle il reconnait que les massacres de Mai-1945 sont le fait du colonialisme français. Cela nous amène à dire que de légères avancées ont été enregistrée, mais nous considérons pour notre part que cela est insuffisant, voir même insignifiant par rapport au poids du génocide qui a été perpétré en Algérie par le colonialisme français. Dans ce contexte, je pense qu’il n’y a pas que celui de Mai 1945. Nous sommes cependant certains que tôt ou tard, la France finira par reconnaitre les massacres qu’elle a commis en Algérie. L’Algérie et la France, nous pensons, sont condamnées à se rapprocher, mais ce rapprochement entre les deux rives passe par la reconnaissance par la France de son passé génocidaire en Algérie.»

Et que fait la fondation que vous présidez pour aboutir à ce processus ?
Comme je vous l’ai dis, nous avons des amis en France, des hommes justes comme il en existe à travers le monde, des historiens et académiciens, des associations qui œuvrent pour accélérer ce processus de reconnaissance par la France coloniale de ses massacres. Nous avons d’autres objectifs et dans ce contexte, je dis que nous ne sommes pas contre le rapprochement des deux peuples qui,  je le répète, passe à mon sens par ce grand pas que doit faire la France officielle : assumer la responsabilité de ses massacres.
Propos recueillis par F. Zoghbi
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MELBOU : La grosse artillerie face aux civils
8 mai 1945 - 8 mai 2015, soixante-dix ans se sont écoulés depuis les événements sanglants qu’ont connus les villes de Kherrata, Melbou, Aokas et Souk El-Tenine dans la wilaya de Béjaïa.
En cette journée sanglante, les hordes coloniales ont réprimé sauvagement les populations opprimées qui avaient demandé de vivre dignement, sans la domination coloniale. Les rassemblements de la population un peu partout dans la ville de Kherrata ont créé une grande panique chez les soldats français armés et rassemblés dans la grande forteresse de la ferme du colon Dussy. l’administrateur colonial ordonna un couvre feu, mais la population, plus que déterminée, décida d’organiser un rassemblement au centre-ville de Kherrata. Au même moment, des nouvelles parvenaient aussi de Melbou, Aokas et Ziama Mansouriah que des colons débarquaient à bord de deux bateaux de guerre. Ils étaient près de 3.000 soldats français armés à prendre d’assaut les villages de ces localités et ordonner  à la population de se rassembler sur les plages sous un soleil de plomb sans eau ni nourriture. En un laps de temps, les plages grouillaient de civiles... hommes, femmes, enfants, bébés et vieillards suffoquaient sous une forte canicule, avec comme seule arme le courage et la détermination.
La nouvelle s’est répandue à travers tous les villages, et le lendemain à l’aube, soit la journée du 9 mai 1945, la ville de Kherrata grouillait de monde. Des groupes se sont constitués au sein de la population, certains se sont dirigés vers le tribunal pour chercher les armes qui se trouvaient dans cet endroit où le juge a été tué. Un autre groupe avait bloqué la route des gorges pour retarder l’arrivée des soldats français, d’autres ont grimpé sur les crêtes pour dominer l’ennemi. Mais l’armée coloniale, avec tout son arsenal de guerre, arriva sur les lieux et commença à tirer à bout portant sur la population qui fuyait dans tous les sens, tandis que les villages avoisinants furent farouchement bombardés. Insatisfait de cette barbarie aveugle, le bateau croiseur le  Duguay-Trouin, qui se trouvait du 9 au 11 mai 1945 au large du golf de Béjaïa en direction de l’Asie, fut sommé par le sous-préfet de Béjaïa d’intervenir contre la population révoltée qui se trouvait près des falaises et à Ziama Mansouriah. C’était des attaques et tirs impressionnants qu’ont subis les populations situées sur l’axe de Melbou, Aokas, Souk El Tenine, Ziama Mansouriah, Darguinah et les Babors. Ses 74 canons de 155 millimètres, ayant une portée de 2 kilomètres, ne pouvaient pas atteindre Sétif ou Guelma. Il avait bombardé   toutes, les crêtes des falaises, les monts des babors et les villages situés sur les montagnes de kherrata. La répression s’est intensifiée par l’aviation qui avait bombardé les autres villages de Kherrata causant des pertes humains considérables.
C’était l’un des plus atroces massacres de la France coloniale. Une journée où les hordes sauvages coloniales ont réprimé sauvagement la population qui avait demandé de se libérer du joug colonial. Mais à Kherrata, le colonialisme avait répondu autrement, avec une répression indescriptible. C’était un véritable massacre qu’ont connu les rues de cette localité entourée de montagnes boisées. Des populations sont ramenées dans des bennes  des camions militaires à partir de Melbou et Darguinah vers Kherrata pour être exécutées  et d’autres sont alignées sur les plages de la côte-est pour être tuées sur la plage. Toute la population se trouvant à Kherrata fut massacrée sans sommation et sans aucune pitié, c’était une véritable barbarie. Les témoignages des personnes encore vivantes retracent cette journée avec toutes les séquelles de ce génocide, dirigé par l’ex-administrateur français de cette région, le colonel Rousseau.
C’était une véritable chasse à l’homme à travers les ruelles de Kherrata. les gens sont entassés dans des camions et dirigés vers les gorges. Sans audition ni interrogatoire, ils sont tués à bout portant. D’autres sont, tour à tour, balancés, morts ou vivants, dans les ravins des gorges. La répression coloniale ne faisait aucune distinction; femmes, jeunes, vieillards, enfants et  malades, personne n’a été épargné. Ils furent    massacrés et liquidés impitoyablement. Puis pour marquer son passage sanglant dans cette région, la légion d’honneur marque  son génocide sur le roc du profond ravin, transformé en cimetière à ciel ouvert. Cette inscription gravée sur l’un des rochers, et qui apparait dès que les usagers empruntent les gorges, «immortalise» le génocide sanglant, incommensurable, et la haine féroce des colons. Plus de 2.000 personnes ont périt en quelques jours, tombées sous les balles assassines. Soixante-dix ans après  ce génocide, Kherrata se remémore, et la plaque de la légion étrangère est toujours là pour rappeler aux générations futures le triste passage du colonialisme en Algérie.  Des génocides qui sont restés impunis alors que des personnes vivantes portent encore des séquelles et témoignent avec grande douleur de cette date gravée dans leurs mémoires.
M. Laouer
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Alik Saïd, rescapé d’une fusillade à Kherrata :
« L’horreur a duré des jours » 
ALIK Saïd, né le 5 novembre 1932 à Kherrata, est l’unique rescapé de la fusillade qui a décimé cinq membres de sa famille. Le père, la mère,  deux frères, une sœur et une nièce de 4 mois. Avec beaucoup d’émotion,   il raconte les massacres du 8 mai 45. «Le mardi 8 mai 1945, jour du marché hebdomadaire, tous les villageois sont descendus à Kherrata. Des nouvelles parvenues de Sétif signalaient que la population a organisé une marche populaire. Alors à Kherrata, les villageois ont décidé de soutenir cette action en organisant une marche similaire. Un groupe d’individus favorable aux colons  était parti informer le caïd du village en l’avisant qu’une marche était envisagée à Kherrata. Ce dernier a appelé les gendarmes, la police communale et les chefs de fractions, leur demandant de disperser la foule qui s’était regroupée au centre du village. c’est avec des coups de matraque que les gendarmes avaient ordonné aux manifestants de rejoindre leurs maisons. Mais le mot d’ordre pour un autre rassemblement a été donné pour le lendemain, soit le 9 mai, devant le pont d’entrée du village, en face du marché couvert. Tôt le matin, on s’est tous rassemblés.  moi j’étais avec mes trois frères. Mais les colons étaient déjà retranchés dans le château Dussy pour réprimer toute manifestation. Tous les français habitant le village ont quitté leurs maisons, à l’exception de cinq personnes étrangères, à savoir Henri sax, une israélienne, le juge et  sa femme, un garde-forestier et le postier. La marche s’est ébranlés sous les cris de : «vive l’Algérie libre et indépendante ; vive les alliés». Devant la poste, le postier était au balcon et tira mortellement sur un manifestant qui s’est écroulé sur le trottoir. C’était Chibani Kheir, la première victime de cette répression. Après ce crime gratuit, au su et au vu de tous, les manifestants ont déversé de l’essence et ont mis le feu dans à la bâtisse. Tous les documents et le mobilier ont été brulés. les colons, transformés en milice, ont tué sept manifestants. En quelques heures, du renfort militaire arriva de partout. Sur leur passage personne n’a été épargné. Les corps de dizaines de morts jonchaient les trottoirs. Devant le ravin, près d’un millier de personnes a été tué de sang froid. Trente-cinq personnes qui se trouvaient à proximité du marché ont tous été criblées de balles. C’était une journée horrible. Devant l’horreur du spectacle, je me suis dirigé vers la maison pour informer mes parents. Mon père était âgé et gravement malade. Ma mère décida de quitter la maison de peur que les colons arrivent. Je ne peux oublier cette image restée gravée dans ma mémoire. Je me souviens encore, tenant  mon père par la main et ma mère qui nous suivait avec mes trois frères et ma nièce que ma sœur a laissée chez nous. Nous avions traversé un terrain découvert et rocheux, visible vers le PC de la gendarmerie. Dès que nous sommes passés, nous avons été repérés  par un groupe de légionnaires avec leur chef Georges Fabien.  Nous nous sommes cachés derrière des rochers, mais l’ennemi était déjà près de nous. Le chef ordonna de tirer sans pitié. Cette phrase résonne encore dans ma tête : «Feu ! tuez-les sans pitié.» Moi, âgé a peine de 12 ans, je me suis glissé dans un buisson et de là, je voyais mes parents et frères tués un par un. Ils ont tué mon père Alik Moussa, 53 ans, ma mère Akkache Mahdjouba, 50 ans, mes frères; Slimane 17 ans, Hammou 3 ans,  ma sœur et la fille de ma sœur ainée de 4 mois. Je suis resté caché, attendant le départ des soldats assassins.  J’étais terrorisé. Je n’étais pas encore sorti de l’enfance, et devant tant d’atrocité, je ne pouvais trouver aucune explication. Mais je n’étais pas le seul à en pâtir et en souffrir.  La population traumatisée était restée cachée dans la forêt durant sept jours. Parmi nous, il y avait l’infirmier Hanouz. Il s’était occupé des blessés. Avec les moyens du bord, il avait soigné les rescapés. Mais son dévouement, il l’a payé très cher. Il a été immédiatement séquestré, amputé de ses deux bras et subis les pires atrocités avant d’être jeté dans le ravin avec ses trois enfants Tayeb, Madjid et Hanafi. La folie meurtrière des colons et des soldatesques ne s’arrêtera pas là. les femmes et les enfants ont été séparés et installés sous le pont et les hommes ont été placés dans un camp militaire enchaînés et exposés aux rayons du soleil, sans aucune nourriture, durant deux mois. Chaque jour, les soldats français montaient au douar et délestaient les villageois de leurs troupeaux et les femmes de leurs bijoux. La répression a duré près de quatre mois.» A la fin de ce récit poignant, il dit qu’il ne comprend pas les raisons de cet acharnement contre une population sortie pour une marche pacifique.
Propos recueillis par M. Laouer
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Salah Cheurfi s’en souvient :
« Le sang coulait avec la bénédiction des autorités coloniales »
Ancré dans la mémoire collective, ce mardi matin de l’année 1945 a marqué, à jamais, les esprits. En quête de témoignages sur les massacres du 8 mai 1945, nous avons croisé le chemin d’un pèlerin de l’histoire, Si Salah Cheurfi, ancien condamné à mort et natif de Sétif. Source intarissable de faits et d’anecdotes, ce moudjahid de la première heure plonge dans les méandres de sa mémoire, celle de tout un peuple.
Salah Cheurfi, retraité des travaux publics, a posé son bâton un instant pour livrer succinctement quelques images gravées au temps des « Années de braise ». « Mon témoignage se limitera strictement à ce que j’ai vu et entendu », tient-il à préciser. Les conditions inhumaines dans lesquelles vivaient les Algériens au début du XXe siècle n’ont d’autres qualificatifs que les « Années de braise ». Une braise ardente qui, ravivée continuellement par les colonisateurs, entamait à vif et profondément la chair des natifs de cette terre que le sort et les affres de l’histoire ont réduit à l’indigénat.
Les insurrections successives depuis l’invasion française de l’Algérie ne se sont jamais essoufflées. Et l’administration coloniale, dans sa boiteuse stratégie et son mépris des autochtones, a fini par rallier ces « damnés de la terre » à une seule et unique cause ; la libération de nos terres séculaires ou l’allégeance éternelle. Après la Première Guerre mondiale et malgré l’enrôlement de milliers d’Algériens sur tous les fronts, la considération, même la moindre, était toujours bannie du comportement coloniale qui, chaque jour, écrasait impunément la fierté d’un peuple. Au sortir de la Deuxième guerre mondiale (1939-45), la composante du peuple algérien avait quelque peu changée, la conscience de la notion de Patrie était plus forte.
Le décret Crémieux, les inégalités flagrantes, l’extrême misère, la faim et les maladies ont cultivé chez les Algériens ce sentiment de rejet du fait colonial crescendo à travers les années. Le mouvement nationaliste longtemps très actif était mal en ces débuts 40, les dissensions et les guerres intestines minaient l’action et la coordination. A la libération de la France du nazisme en 1945, le colonisateur a feint oublier le sacrifice et le courage affiché au combat par les 173.000 Algériens (dont 85.000 engagés) qui ont combattu vaillamment sur les fronts les plus sanglants de cette guerre qui n’était pas la leur. A Cassino, en Italie, à l’île d’Elbe, en Alsace-Lorraine… Même Churchill avait tenu à saluer le courage de ces soldats « malgré eux », cette chair à canon qui a combattu en premières lignes. Au retour des rescapés le choc fut terrible… « En février 1945 à Yalta, la notion d’autodétermination des peuples avait été lâchée. Churchill, Roosevelt et Staline y avaient clairement fait allusion. Pendant ce temps-là, de Gaulle tenait ces propos au général Martin : « Evitez que l’Afrique du Nord ne nous glisse entre les mains ». « Au moment où nous libérons Paris, prenez garde qu’Alger ne nous échappe ». Le ton était donné, serrer d’un tour la vis qui opprimait les colonisés. De son côté le mouvement des cadres politiques algériens de l’UDMA, le PPA et les Oulémas diffusaient le « Manifeste du peuple algérien » et comptait sur le deal unilatéral. « Nous vous aidons à combattre l’Allemagne hitlérienne à condition de reconnaître la nation algérienne. » La suite des événements prit une tournure macabre.
Si Salah Cheurfi avait une douzaine d’années en cette sombre année de 1945 et dans sa ville natale, Sétif, une brise de révolte soufflait perceptiblement. Il s’en rappelle « comme si cela datait d’hier ».
Le 1er du mois de mai, pendant la « fête du Muguet » à Alger une manifestation est organisée avec banderoles et drapeaux et avec comme mot d’ordre la libération de Messali. La police tira dans la foule. Mohamed Ghazali et Ziane Belhaffaf, membres du PPA tombèrent. Le colonisateur, sentant la vague naissante de contestation, est devenu nerveux. On ne négociait plus, on n’emprisonnait plus, on tirait dans la masse. La panique changeait doucement de camp. Et les Algériens le sentaient. A Sétif, ce même jour, pendant une manifestation similaire, une bagarre éclate entre les frères Laaouarem et les Mosca (colons) pour une histoire de ballon qui avait fini sa course chez ces colons. Une rixe éclata et à l’arrivée de la police, les deux frères algériens furent embarqués au poste. Le bruit se propagea dans toute la ville et la population s’amassa autour du commissariat. Ferhat Abbas averti, il fit libérer les deux frères Laaouarem. Ce fut la fête. Les colonisateurs ne le voyaient pas de cet œil. Il fallait à tout prix étouffer ces soubresauts. Comment ? En poussant simplement les « indigènes » à la faute.
De concert, le préfet de Constantine, Carbonel, le sous-préfet de Guelma, Achiari, un sanguinaire ami de de Gaulle et le sinistre Papon, (3.000 assassinats à son actif et qui a fini à l’OAS. Le FLN a raté de peu son exécution en mai 1956 à Alger. Mort en 1983 à Madrid), le commissaire de Guelma, Buisson, le sous-préfet de Sétif, Buterlin, le commissaire de Sétif, Bourges, le haut fonctionnaire de la préfecture d’Alger Ray et quelques autres haineux avaient décidé de fomenter un coup fourré pour pouvoir sévir ensuite. « Laissons murir l’abcès pour mieux le crever ». Yves Chataigneau, gouverneur général disait à propos : « Il faut les inciter à passer à l’action ici ou là de manière à les démasquer et réprimer ». Cassaigne, secrétaire général proférait de son côté : « Attendre une infraction pour les atteindre ». Voici quelques éléments du groupe qui prépara le grand massacre. Le matin du 8 mai 1945, c’était jour de souk à Sétif. Une marche sur la ville était décidée. Les manifestants furent appelés à « laisser les bâtons et toute autre arme au niveau de la mosquée Rabah Benmeddour située à proximité de la gare ; c’est une marche pacifique ». Le mot d’ordre a été suivi à la lettre et le cortège qui était « long de 2 kilomètres était composé de près de 20.000 marcheurs s’ébranla. Mahfoud Kaddache parle de 8.000, moi j’en ai vu bien plus. Du café de France à la mosquée.» J’avais alors 12 ans et suivais la marche sous les arcades aux côtés des scouts qui entonnaient Min Djibalina et Tahya El Djazaïr, drapeaux et banderoles brandis. « Le premier coup de feu fut tiré par le commissaire de police Lucien Olivier, posté avec d’autres commissaires et inspecteurs de la ville, il toucha Saâd Bouzid, un jeune peintre de 22 ans qui portait haut l’emblème national. Quand le chahid tomba à terre on entendit « Allah ou Akbar ! ». Le cortège se dispersa dans tous les sens criant au « djihad fi sabil Allah », ciblant les colons. Il y eut 21 morts à Sétif dont Lucas, le maire de la ville et l’instituteur du faubourg de la gare. Du côté algérien, 15 martyrs sont tombés. Ils furent inhumés dans une fosse commune à Sidi Saïd, dans un vieux cimetière. La débandade dura des jours et le 9 mai l’état de siège fut décrété. Le jeudi 10 mai, après que les colons eurent enterré leurs morts au cimetière européen en face de la maison familiale que nous habitons toujours, les chars se postèrent en face des habitations, aidés de grosses pièces d’artillerie lourde et arrosèrent les balcons et les fenêtres et tiraient sur les passants à bout portant. Une milice jetait des grenades de type 41 morceaux dans les cours intérieures des maisons où les familles étaient regroupées. Vendredi 11, c’est la mosquée qui fut prise d’assaut. Le massacre se poursuivit et prit une ampleur inconcevable. La curie et la vengeance s’installèrent. A la prison de la Citadelle, 2.000 détenus furent passés à tabac et leur nombre ne cessait d’augmenter d’heure en heure au fil des rafles aveugles.
Les soldats du 7e Régiment des tirailleurs algériens rentraient en ville pour « fêter la victoire sur le nazisme », ils trouvèrent les mechtas rasées, leurs familles décimées. La désolation.
A Ain Kebira, une femme de 70 ans, Smara Yamina fut tuée, découpée et jetée aux chiens. A Béni Aziz, le colon Bourdila aidé des Tabors et de la légion étrangère a brûlé les hameaux et chassé la population. A Oued Barsa, sur ordre du général Duval, la légion étrangère commis un massacre. A Melbou, sur la RN 9, au PK 46, lieu-dit Chaabet Lakhra, les képis blancs acheminaient des camions pleins de « prisonniers » qu’ils balançaient vivants dans les profondes gorges. Au sud de Sétif, au douar Bounechada, des Algériens poussés par la disette ont investi les silos pour quelques poignées de blé, leur sort fut scellé. Le colon Figuier procéda au massacre systématique du douar. Hommes, femmes, enfants, vieux, animaux… rien ni personne n’y échappa.
Partout dans la région, le sang coulait en rivière avec la bénédiction et surtout l’ordre des autorités coloniales. De Gaulle réquisitionna deux avions bi-moteurs américains B26 pour « déverser » 40.000 soldats sur la région. Avec pour mission « mater l’insurrection ». Il dira en substance : « Volonté de la France victorieuse, ne laissez passer aucune atteinte à la souveraineté française en Algérie (…) Légitime défense. »
Les colons de Sétif, les Grima, Santano, Colombo, Fauge, Levi, Tillon et d’autres ont participé en premières lignes aux massacres et aidé au bourrage des fosses communes. A Souk-Ahras, Guelma et Kherrata les colons furent appelés à suivre « l’exemple de Saint-Arnaud », tuer sans distinction ni état d’âme. A Kef El Barma, un four à chaux fut transformé en four crématoire sous l’ordre du sous-préfet Achiari et, pendant 10 jours, des corps furent brûlés. « On sentait l’odeur de la chair brûlée à des kilomètres. » Ce sinistre personnage fut le bourreau de milliers d’Algériens, dont le premier fut le jeune chahid Boumaaza mort le 8 mai 1945 vers 17h à Guelma.
La tuerie monstrueuse dura 50 jours. Bilan 45.000 Algériens tombés sous la haine et la barbarie de la soldatesque et des colons. Le général Duval, « le maître d’œuvre de la répression », s’adressant aux colons leur dit : « Je vous ai donné la paix pour 10 ans ! Si la France ne fait rien, s’il n’y a pas de réformes, tout recommencera et probablement d’une façon irrémédiable. Nous avons maté la révolte».
A Constantine, le 24 juillet 1945, arrêtés   pendant les manifestations, 166 Algériens furent condamnés à mort, 47 furent guillotinés.
L’amour de la Patrie avait, après les massacres, pris une toute autre dimension dans les consciences et les cœurs. « Nous étions jeunes mais nous avons assisté aux pires exactions ». Les images sont indélébiles. L’étincelle qui allumera le grand feu du 1er novembre 1954 était née…
Kamel Morsli

Mémoire vivante
Le moudjahid Salah Cheurfi, militant dès son jeune âge et témoin au premier rang des massacres du 8 mai 45, rejoignait ses pairs dès le déclenchement de la guerre de Libération et fut condamné à mort. Il fut transféré de prisons en cachots où il vécu dans sa chair, le joug du colonisateur jusqu’à l’Indépendance. Il suivit ensuite des études d’ingénieurs et a participé aux grands projets de construction du pays. À 88 ans, il s’occupe actuellement de ses grands enfants et surtout d’un grand dossier : «Les condamnés à morts algériens», tout un programme pour l’éternité.
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L’aveu politique à l’épreuve du droit international
Le terme génocide fait peur aux hommes politiques de tous bords et même aux intellectuels des pays dont l’histoire récente ou ancienne est entachée par des pratiques que le droit international peut qualifier en tant que tel. En ce qui nous concerne, une large partie de la classe politique française refuse toujours d’admettre que les faits dont se sont rendues coupables l’armée coloniale et les milices en cet été 1945 dans l’Est algérien tombent sous le coup de cette ignominie.
« Un génocide c’est si nous avions voulu tuer tous les Algériens » se justifient-ils. Mais l’acception du terme, le droit international affirment le contraire : « Un génocide est l’extermination physique, intentionnelle, systématique et programmée » d’un groupe ou même  d’une partie d’un groupe en raison de ses origines ethniques, religieuses ou sociales. « Une Mort violente et rapide d’un grand nombre ». Que s’est-il passé alors dans l’Est algérien à Guelma, Kherrata, Sétif et dans  tous les hameaux isolés ?  En à peine un mois, des milliers d’Algériens, du seul fait de leur appartenance à une population, à une religion, à une communauté, ont été assassinés. Les rares archives  montrent des situations insoutenables de militaires tirant sur des Algériens désarmés que, entre autres, le documentaire de Benjamin Stora « Guerre d’Algérie, la déchirure » consacré aux « évènements » du Nord-Constantinois, restitue. La chasse, l’extermination, la rage vont durer plusieurs jours. « Il fallait massacrer le plus pour assurer la survie du système, celui où l’on tentait de fabriquer un consensus pour faire oublier Vichy. Il fallait bâtir le mythe de la victoire d’une France soudée autour de sa résistance en occultant tout ce qui pouvait souiller ce mythe », dira un historien français des années plus tard quand il va étudier cette tranche de l’histoire coloniale.
Les carillons sonnent en Europe et les places publiques sont à la fête. Le nazisme est défait et le « monde civilisé » se glace devant ces camps de concentration libérés, démantelés. Plus tard, Ouradour-sur-Glane, un village français dont la population a été massacrée par une division de SS,  sera transformé en musée et lieu de pèlerinage pour ne « jamais oublier », pour que plus jamais l’Europe n’enfante des monstres. « Mais, Ouradour-sur-Glane, on en fait un tous les jours en Algérie ! », confie un militaire dans une lettre à un de ses proches en cet été 45. Dix ans, plus tard, la France « rebâtit »  ces camps de concentration en Algérie et parque des vieillards, des femmes et des enfants qu’elle déracine de leur terre transformée en zones interdites  brûlées  au napalm, comme va le dénoncer Michel Roccard dans un rapport qui fera bruit en 1959. En  1945, l’aviation  et les navires de guerre stationnés sur les côtes de Béjaïa et Jijel  ont pilonné les villages et les hameaux. Le général Weiss, chef de la cinquième région aérienne, a donné ordre de bombarder  tous  les rassemblements sur les routes. Des rassemblements de civils. N’y a-t-il même pas un alinéa dans les centaines d’articles qui définissent ces crimes dans le droit international ? Les preuves existent sur ces auto­mitrailleuses de l’armée crachant leur feu sur  les populations de Kherrata, sur le bateau-croiseur Duguay-Trouin bombardant aveuglément   les crêtes des monts de Babor. Des  familles entières furent jetées  du haut d’un précipice. Des dizaines de milliers de morts selon des estimations américaines.  Alors ? L’aveu politique demande un courage politique. Les hommes trébuchent parfois sur la vérité, mais la plupart se redressent et passent vite leur chemin comme si de rien n’était, disait Winston Churchill. Aujourd’hui , ces politiques qui hésitent à passer de « l’autre côté du miroir »  concernant  les crimes à grande échelle  commis en cet été 1945 en Algérie  par l’armée et les milices coloniales ne donnent que plus de courage, d’occasions et d’opportunités à ces mains « obscures » qui sont, en ce moment même, en train de réécrire les archives et faire disparaître de nombreux documents précieux pour comprendre cette partie de l’histoire.
Mohamed Koursi
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Entretien avec Mohamed El-Korso, historien :
 « Il y a indéniablement une avancée dans l’approche par les représentants de l’État français des crimes coloniaux en Algérie entre 1830 et 1962 »
La répression féroce de mai 1945, dans l’Est algérien, est l’un des plus sinistres épisodes de l’armée et des milices coloniales contre des populations civiles, au moment même où la France célébrait la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie. Comment le droit international qualifie-t-il de tels actes ?
Il n’y a de droit que celui de son concepteur. Pour répondre  directement à votre question, je dirai que deux notions avaient été défendues en la matière par la Fondation du 8 Mai 1945, avec feu Bachir Boumaza en 1990 et adoptées par des juristes nationaux et européens, français de surcroit : crime de guerre  et crime contre l’Humanité.  Mais il se trouve que ces deux notions ne couvrent que les crimes commis en Europe, en lien avec la Seconde Guerre mondiale. En clair,  les massacres des populations  civiles par la soldatesque coloniale en Algérie, appuyée fortement par la milice, durant les mois de mai-juin 1945, ne rentrent pas d’après les législateurs européens de l’époque  dans la catégorie citée. Mais avant de questionner le droit international, questionnons notre propre législation sur cette page d’histoire. Longtemps marginalisés, les faits s’y rapportant sont glorifiés à chaque commémoration, mais pas ceux qui sont tombés sous les balles assassines de leurs bourreaux qui  ne sont que des victimes. L’actuel ministre des Moudjahidine a promis de prendre la question à bras le corps. Attendons pour nous prononcer.

Cette barbarie s’est déroulée à peine deux ou trois ans après l’horreur nazie. Malgré les témoignages, les rapports d’organismes officiels, les archives, aucune poursuite n’a été engagée contre les auteurs et les donneurs d’ordres de ces massacres. Pourquoi la traque et les sanctions contre les nazis et pas contre les auteurs des massacres de mai 1945 ?
Cette question rejoint la précédente. Nous ne connaissons pas à ce jour le nombre exact des Chouhada qui ont préparé le 1er novembre 1954. Il est question de fosses communes, en connaît-on le nombre ? le lieu ? Non. Les rares témoins qui ont vécu cet horrible épisode sont partis en silence.
 Les archives consultées n’en font pas état. La traque contre les nazis faisait partie intégrante d’un projet politique qui a bénéficié du soutien de l’entité sioniste.  Tout est question de volonté politique. A titre d’exemple, la proposition de loi  criminalisant le colonialisme français n’a pas retenu l’attention de notre Exécutif. Il est vrai que les Accords d’Evian constituent une entrave, mais ladite proposition de loi aurait pu être revue, corrigée, amendée et votée. Des condamnations symboliques par la société civile auraient pu avoir lieu.

Pour la première fois, un responsable gouvernemental français s’est rendu à Sétif, a déposé une gerbe de fleurs devant le Mausolée de la première victime de la répression du 8 mai 1945… Quelle lecture faites-vous de ce geste ?
Cette visite s’inscrit hors chronologie. Le 8 mai est une date angulaire dans l’histoire de l’Algérie, pas le 19 avril. L’amalgame laisse perplexe. Un ami, dont le père a été tué à cette occasion à l’intérieur même de l’hôpital de Guelma où il exerçait, a qualifié le dépôt de la gerbe de fleurs du secrétaire d’État français à la Défense devant la plaque commémorative dédiée au Chahid Saal Bouzid, ainsi : «C’est le bourreau qui vient se recueillir sur la tombe de sa propre victime.» Une réflexion qui en dit long sur le traumatisme de toute une génération, que seule la demande de pardon pourra cicatriser.

En  2005, un  ambassadeur de France à Alger  a qualifié  les massacres du 8 mai 1945 de «tragédie inexcusable» ; son successeur, en 2008,  a déclaré  : «Le temps de la dénégation des massacres perpétrés par la colonisation en Algérie est terminé.» Le président français a promis que l’État français procéderait à la reconnaissance des crimes coloniaux… Quelle devrait être la prochaine étape après l’envoi de Jean-Marc Todeschini à Sétif ?
Il y a indéniablement une avancée dans l’approche par les représentants de l’Etat français des crimes coloniaux en Algérie entre 1830 et 1962, même s’il y a focalisation sur le 8 mai 1945, plus pour des raisons d’opportunités politiques et économiques  qu’historiques. Par ailleurs, il faut bien lire les déclarations des politiques, plus particulièrement de ceux qui cisèlent à merveille leur verbe. Son Excellence Hubert Colin de Verdière a parlé d’incompréhension entre les communautés. Primo, si les Européens constituaient effectivement une communauté au sens propre du terme, les Algériens, non, à moins de renouer avec le lexique colonial de la fin du 19e siècle qui faisait deux des « Arabes », des « Kabyles », « Chaouias » etc. Secundo, Son Excellence a fait une impasse historique fâcheuse, en parlant « d’incompréhension…». Du cou
EL MOUDJAHID

vendredi 20 mars 2015

célébration du 53e anniversaire du 19 mars 1962 : Le sens d’un combat

Le 19 Mars 1962, à midi, est décrété le cessez-le-feu sur toute l’étendue du territoire algérien en application des Accords signés la veille à Evian-les-Bains entre les représentants du Gouvernement français et les représentants du GPRA. Des accords signés après d’âpres négociations qui venaient de mettre fin à 132 années de colonisation et qui s’inscrivaient en droite ligne de l’ aboutissement inéluctable de la Proclamation du 1er Novembre 1954, à la renaissance de l’Etat algérien, de l’Algérie en tant que Nation, en tant que pays libre, indépendant et totalement souverain. L’Algérie combattante ne pouvait se suffire, encore moins accepter, une indépendance à la carte et une souveraineté différée. Libre et indépendante l’Algérie ne pouvait l’être que totale, une et indivisible du nord au sud et de l’est à l’ouest, chaque portion de son territoire irriguée par le sang pur de ses chouhada. Une indépendance chèrement acquise au prix des sacrifices du peuple uni sous la bannière du Front de libération nationale, offrant à la Révolution sa jeunesse, ses biens, et la portant haut de sa voix, son cri atteignant les travées des Nations unies. Une indépendance arrachée de haute lutte par des moudjahidine formés à l’école du nationalisme qui ont bravé la soldatesque coloniale et ses généraux, armés de la justesse de leur combat, de la justesse de leur cause sacrée face aux tanks et aux avions, face à la force de frappe ajoutée de l’OTAN. Une indépendance qui ne pouvait être totale sans une souveraineté tout aussi totale. Une souveraineté sur chaque arpent de l’Algérie, une souveraineté totale sur ses richesses naturelles. 53 années après cette grande fête de la Victoire, l’emblème national flotte partout et l’Algérie est maîtresse de ses décisions, de ses choix et de sa destinée. Des principes sacrés qui continuent de guider l’action des pouvoirs publics et qui constituent des constantes.
A. M. A.        

Accords d’Evian
Le déni de la partition de l’Algérie .
Le 19 mars 1962 est une défaite pour l’Etat français et une victoire pour l’Algérie, dont tout un peuple a accompagné dans la douleur et le sacrifice ses combattants durant huit ans pour imposer à la France coloniale la logique de l’histoire. « Il n'y aura pas de Dien Bien Phu », tentent de se rassurer les politiques français. Soit ! Ils auront l’Algérie devenue une leçon d’histoire pour les « mauvais élèves » et un os resté en travers de la gorge des nostalgiques d’un empire irréel jusqu’à nos jours. Le 19 mars 1962 est réellement une date de la victoire, pour preuve, les Français qui avaient commencé à faire des appels du pied en secret aux Algériens avaient « exigé » l’arrêt de tout combat comme préalable à l’ouverture d’éventuelles négociations. Les Algériens refusent. Le 8 mars, de Gaulle accepte (selon ses propres termes) l'ouverture de discussions « sans conditions préalables ». Une victoire y compris sur le plan psychologique qui aura des conséquences d’une portée stratégique dont les effets se font sentir jusqu’à nos jours, y compris dans les débats académiques. En effet, cette défaite de la partie française d’imposer un cessez-le-feu avant toute négociation fait asseoir à la table des négociations le FLN comme  seul représentant du peuple algérien porteur de deux exigences non négociables : l’Algérie est un seul pays, indivisible, Sahara compris, et le peuple algérien est une unité dont les décisions concernent tout le territoire et tous ses habitants.
L’histoire, on le sait, a donné raison aux négociateurs algériens. L'OAS (Organisation de l'Armée Secrète), créée en 1961, va renouer avec les actes des généraux français à l’aube de l’expédition coloniale en s’en prenant avec férocité et sauvagerie aux populations civiles. Dans les quartiers interdits aux Algériens, dans les jardins, dans les caves des maisons coloniales, une fois abandonnés, les Algériens vont découvrir horrifiés, des milliers d’ossements humains aux crânes défoncés, certains menottés, des cadavres déterrés de simples citoyens affreusement mutilés… Dans leur rage, certains Français n’ont trouvé que la politique de la terre brûlé pour exprimer leur défaite. Soixante ans plus tard, un ersatz de cette période peu glorieuse de la France s’agite à travers les gesticulations de rejetons illégitimes de la marche de l’histoire en croyant réécrire les faits en modifiant les noms des rues. Qu’un maire d’une ville française croit réhabiliter l'Algérie française en rebaptisant la rue de sa ville du 19-Mars-1962 en une rue du commandant Hélie Denoix de Saint Marc, l'un des acteurs du putsch des généraux à Alger, en avril 1961, ne fait que révéler cette persistance d’une mémoire malade de la France. Libre à ces politiques nostalgiques de balafrer leur territoire de noms controversés qui ne font que leur rappeler au quotidien le déclin et la chute de la France coloniale coupable d’avoir mené l’une des expéditions les plus sanglantes de ces deux derniers siècles.  Ce maire, ex-journaliste et ex-président de Reporter sans frontière, dont, hélas, une partie de la presse algérienne attendait ses « bonnes » notes, a rejoint la liste de ceux qui se sont transformés en paillasson sur lequel viennent s’essuyer les partisans de l’extrême-droite, vivier dans lequel est largement représenté le courant de l’Algérie française. Ce refus de la réalité, cette haine qui se dévoile, cette intolérance qui suinte par tous les pores dans une société fragilisée dans ses fondations mêmes sont, par-delà le temps, la preuve même que notre combat était juste. Dans cette lignée qui part de Bugeaud, Pelissier, St Arnaud, Bigeard pour se déverser dans cette mare où viennent se jeter des Gérard Longuet et autres Robert Menard pour frayer dans le lit de la xénophobie et de la haine, la révolution de Novembre a été la ligne de fracture imposée par le choix de tout un peuple dont les valeurs de liberté, d’intégrité territoriale et de souveraineté sur ses richesses ne sont pas de vains mots. C’est pour cela que le 19 mars 1962 n’est pas le jour du cessez-le-feu mais celui de la victoire.
Mohamed Koursi

CONFéRENCE SUR LA Fête de la victoire à L’UNIVERSITé DE BLIDA
Le moudjahid Lamine Khène : « Le grand mérite revient au peuple »
Le moudjahid Lamine Khène, ancien membre du Gouvernement  Provisoire de la République Algérienne (GPRA), a estimé, hier  à Blida, que  le plus grand mérite dans la victoire de l’Algérie sur la France, durant la  guerre de Libération nationale, revient au peuple algérien dans sa totalité. "Le peuple algérien a contribué, en grande partie à la victoire sur le colonialisme français, le 19 mars 1962", a assuré M. Khène lors d’une conférence organisée par le musée national du Moudjahid, à l’université Saad-Dahleb de Blida, à la veille de la célébration de la Fête de la victoire. Le peuple, qui était isolé "a résisté à la torture et à tous les crimes commis à son encontre par les autorités coloniales pour le terroriser", a-t-il  ajouté. Il a soutenu que c’est "sa foi en la cause nationale et en la liberté" qui l’a incité à "braver la France et à soutenir l’Armée de libération nationale jusqu’à la victoire". "Le peuple algérien n’a pas eu de cesse de se soulever contre le colonisateur français, depuis la première heure, quand celui-ci a mis les pieds sur son sol,  une résistance qui fut couronnée par la glorieuse guerre de Libération nationale, qui a rassemblé, autour d’elle, tout le territoire national, le 1er novembre  1954, jusqu'à la grande victoire de l’Algérie, dont le tribut fut très chèrement  payé", a-t-il estimé, par ailleurs. Pour le moudjahid Lamine Khène, le jour d’indépendance de l’Algérie devrait être fêté le 19 septembre 1958, date de la fondation du GPRA, dont l’impact fut très important sur la guerre de Libération, car reconnu alors par de nombreux pays de la communauté internationale, qu’il a intégrée. "C’est grâce à ce gouvernement provisoire que l’Algérie a pu s’engager  dans de longues et rudes négociations, qui ont obligé la France à la reconnaître,  et à reconnaître le droit du peuple algérien à l’indépendance", a-t-il assuré. Pour sa part, le moudjahid Daho Ould Kablia a présenté à l’assistance, composée de personnalités historiques et nationales, un historique des négociations qui ont eu lieu entre le GPRA et le gouvernement français, ainsi que des multiples  contraintes qui ont jalonné le processus de ces tractations, pour pousser la  partie algérienne à faire des concessions, comme de séparer le Sahara du reste du territoire national.  M. Ould Kablia a souligné que tous "ces marchandages ont échoué, puisque les deux parties sont parvenues à signer les Accords d’Evian (ville française), durant le dernier round des négociations, entre le 7 et 18 mars 1962". "Des accords soldés par l’annonce du cessez-le-feu le 19 mars 1962, à travers tout le territoire national, avec la décision d’une période transitoire, suivie d’un référendum d’autodétermination", a-t-il ajouté, signalant que les résultats de ce référendum, qui furent annoncés le 3 juillet, furent sans appel, puisque la "majorité écrasante des votants a dit ‘‘Oui’’ à l’indépendance de l’Algérie".
    EL MOUDJAHID

mardi 30 décembre 2014

Houari Boumediene . Il y a 36 ans maintenant, s’éteignait l’une des plus grandes figures de la politique et du pouvoir algérien.


On retiendra de cette figure incontournable du pouvoir algérien 


discours sur les travailleurs algériens partis émigrer en France, qui retentit encore aujourd’hui dans les mémoires des anciens : “Koulou Trab Bladkoum Ou’matrouhouch L’França !!” (“Mangez de votre terre ici en Algérie au lieu d’aller immigrer en France où vous êtes très mal traités) 

Il y a des hommes qui marquent l’Histoire à jamais. Lorsque les gens partent, la mémoire a tendance a ne conserver que les meilleurs moments, comme dans les bons vieux film Hollywoodiens, sur un Happy End. Il y a 36 ans maintenant, s’éteignait l’une des plus grandes figures de la politique et du pouvoir algérien. En politique, il est  exclu de faire dans le sentiment. Il s’agit de juger les faits, actions et résultats. Non l’homme. Que retient-on de Houari Boumediene 36 ans plus tard ?

Lorsque l’on demande à quelques anciens de qualifier en un mot l’homme qui fut à la tête de l’Algérie durant leur jeunesse, les anciens d’aujourd’hui, jeunesse d’hier sous Boumediene, répondent d’une seule voix “la fermeté”, avant de poursuivre “ça reste, tout de même, le meilleur président de l’Algérie”. Meilleur est un bien grand mot. Disons que parmi tous les chefs d’Etat que l’Algérie ait connu, son bilan n’est pas le pire. De sa prise de pouvoir en douceur, en passant par ses réformes, sa charte nationale, ses déclarations phares, petit retour sur le parcours de celui qui, à l’âge de 13 ans déjà, a été confronté aux événements sanglants du 8 mai 1945 à Sétif et Guelma, un moment clé dans son futur engagement, qui le marquera à vie et dont il dira plus tard : « Ce jour-là, j’ai vieilli prématurément. L’adolescent que j’étais est devenu un homme. Ce jour-là, le monde a basculé. Même les ancêtres ont bougé sous terre. Et les enfants ont compris qu’il faudrait se battre les armes à la main pour devenir des hommes libres. Personne ne peut oublier ce jour-là. »
En 1932, l’Algérie est encore française. Aïn Hassainia s’appelle alors Clauzel. C’est dans cette petite commune de la wilaya de Guelma comptant parmi les plus anciennes d’Algérie, que dans la chaleur d’un 23 août, Houari Boumediene, de son vrai nom Mohamed Ben Brahim Boukharouba, voit le jour au sein d’une famille de paysans berbère et pauvre du Constantinois.
Engagé politiquement depuis son plus jeune âge, et après être passé par les université de Tunis et du Caire, il poursuit sa formation politique au sein du “bureau du Maghreb arabe” qui échafaude une insurrection contre le système colonial français à l’échelle de toute l’Afrique du Nord. Sa formation politique devient également militaire. Membre du groupe des quinze étudiants envoyés en août 1953 par le bureau du Maghreb arabe suivre des séances d’instruction à l’école de guerre d’Alexandrie, il recevra ensuite un entraînement militaire dans un camp proche du Caire.
1965, prise du pouvoir
En 1955, Boumediene retourne en Algérie et intègre l’ALN (Armée de Libération Nationale). Rapidement, le natif de Guelma gravit les échelons du pouvoir. Alors Chef d’état-major de « l’armée des frontières » forte de 35 000 hommes, bien équipée et disciplinée, il devient, une fois l’indépendance acquise par l’Algérie, vice-président et ministre de la Défense du Conseil de la Révolution, présidée alors par Ben Bella. Ses conceptions politiques et sa vison du pouvoir divergent de ce dernier. Le 18 juin 1965, dans le dos de Ben Bella, alors en visite dans l’Oranais, le colonel Houari Boumédiène prépare son coup d’État, qui aura lieu le lendemain à Alger. Non loin de l’appartement du colonel Boumediene, se trouve la Villa Joly, où réside le chef de l’Etat, à proximité de la Villa Arthur habitée par Bouteflika. Non loin se trouve l’état major de l’ANP (armée nationale populaire), mis au parfum du déroulement de l’opération. Houari Boumédiène confie l’arrestation du président de la République au chef d’état-major de l’armée, le colonel Tahar Zbiri et la Sécurité militaire.
19 juin 1965. Le réveil du président est net et solennel : “Au nom du Conseil de la Révolution, j’ai l’ordre de vous arrêter sous l’inculpation de haute trahison.” Dans une voiture noire, le moteur tourne. Trois officiers encadrent le président. Il est sommé de monter à bord du véhicule. Les portes claquent. La voiture démarre vers une direction inconnue. Au quartier général de Boumediene, le téléphone sonne : “Mission accomplie” glisse le colonel Zbiri.Le 19 juin, le soleil se lève sur l’Algérie et avec elle, un nouveau président voit le jour. Boumediene justifie l’intervention du 19 juin en dénonçant « la mauvaise gestion du patrimoine national, la dilapidation des deniers publics, l’instabilité, la démagogie, l’anarchie, le mensonge et l”improvisation (qui) se sont imposés comme des procédés de gouvernement » sous son prédécesseur.
13 ans aux commandes de l’Etat algérien
Le règne de Boumediene sera marqué par le développement du modèle socialiste. Sur la base de ce modèle, il construit beaucoup d’usines et d’écoles. Et au grand dam de la France, le 24 février 1971, au nom du principe de la récupération des richesses nationales, il procède à la nationalisation des hydrocarbures. Les nouveaux membres du pouvoir sont favorables au non-alignement et à l’unité des pays arabes et africains.
La nationalisation est un des succès majeur de Boumediene, qui lui conférera d’ailleurs une importante dimension internationale. L’ex-militaire a en effet réussi là où l’Iranien Mossadegh avait échoué.
Acquis à la cause des mouvements de libération, le président algérien organise, au cours de l’année 1973, le sommet des non-alignés, auquel se joignent les plus grands dirigeants du Tiers-Monde.
Un an plus tard, toujours en soutien au mouvements de libération d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine, il organise, en véritable leader du Tiers-Monde, une réunion spéciale de l’Assemblée générale de l’ONU sur les matières premières. A cette occasion, il prononcera un discours exposant une doctrine économique, visant à mettre en place un nouvel ordre économique international plus juste pour les intérêts du Tiers-Monde.
Une nouvelle politique pétrolière est adoptée en 1975 lors du sommet de l’OPEP accueilli par Boumediene. A la suite de ce sommet, il œuvrera pour la paix entre l’Iran du Chah et l’Irak de Saddam Hussein.
En Algérie, à l’été 1976,  une charte nationale est adoptée par référendum. Elle se compose d’un ensemble de textes et vise à réaffirmer la langue arabe comme étant non seulement la langue nationale et officielle du pays, mais aussi la langue que la nation s’efforcera de promouvoir dans le pays, dans un contexte où la question de l’identité kabyle est un facteur de tension avec les autorités nationales. La charte établit également la création du poste de président de la République soumis au suffrage universel et la constitution d’une Assemblée législative.
Une mort suspecte
On apprend au cours de l’année 1978 que le président Houari Boumediene souffre de la maladie de Waldenström, une maladie du sang, mais les circonstances qui conduiront à son décès le 27 décembre 1978 restent encore floues et entourées de mystères. Désormais, ses apparitions se font de plus en plus rares. Il partira se faire soigner en URSS du 29 septembre au 14 novembre 1978. Le diagnostic fera état d’une “hématurie avec tumeur maligne de la vessie”.  Son frère décide de lui rendre visite le 12 octobre, mais Boumédiène, exaspéré par le fait que ce voyage ait été financé avec de l’argent public, lui demande immédiatement de retenir la somme de son salaire de président. Il y a 36 ans jour pour jour, dans le creux de la nuit, à 4 heure du matin et avant de voir poindre à nouveau la lueur du soleil, Houari Boumediene rendit son dernier souffle à l’hôpital Mustapha Bacha d’Alger.
Selon l’ex-ministre des Affaires étrangères irakien Hamed Jabori,Boumediene aurait été empoisonné par les services irakiens avec du thallium. On retiendra de cette figure incontournable du pouvoir algérien ses engagements pour la libération de l’Algérie et des peuples du Tiers-Monde, sa politique intérieure de nationalisation et cette phrase lors d’un discours sur les travailleurs algériens partis émigrer en France, qui retentit encore aujourd’hui dans les mémoires des anciens : “Koulou Trab Bladkoum Ou’matrouhouch L’França !!” (“Mangez de votre terre ici en Algérie au lieu d’aller immigrer en France où vous êtes très mal traités)
Algérie Focus

Anissa Boumediene (Interview Exclusive avec Mme veuve H Boumediene) 30/12/14


HOUARI BOUMEDIENE : Un visionnaire en avance sur son temps