jeudi 30 octobre 2014

Chronologie de la révolution source l'APS

24 juin 1954

Réunion du Groupe des 22



La réunion du Groupe des « 22 » le 24 juin 1954 à Clos Salembier (El Madania-Alger), présidée par Mustapha Benboulaid, est considérée par les historiens comme étant le premier jalon sur la voie du soulèvement armé contre le système colonial à travers le déclenchement de la Guerre de libération, le 1er novembre 1954. La crise que connait le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) avait poussé des membres de l’Organisation Secrète (OS) à ouvrer pour la sauvegarde du parti de l’éclatement à cause du conflit opposant « Messalistes » et « Centralistes ». C’est ainsi qu’ils créent le 23 mars 1954 le Comité révolutionnaire pour l’unité et l’action (CRUA). L’objectif du CRUA, comme l’indique son sigle, est de ressouder les rangs du parti et engager ce dernier dans « l’action direct », c’est-à-dire la guerre de libération. Après la dissolution par le parti de l’OS, suite a sa découverte par la police coloniale, Mohamed Boudiaf avait gardé le contact avec les anciens militants et était chargé, par Hocine Lahouel, responsable du parti à Alger, pour remettre les choses en place et passer ainsi à l’action, à savoir la lutte armée. Boudiaf réunit alors une équipe de 22 personnes dans la villa d’Elias Derriche à Clos Salembier, le 24 juin 1954, présidée par Mustapha Ben Boulaid. A l’issue de cette réunion, une motion fut adoptée condamnant les actions allant dans le sens de semer la division au sein du parti, prônant, dans ce cadre, la nécessité du déclenchement de la lutte armée et décidant enfin de la nomination d’un responsable national chargé d’appliquer les objectifs fixés par la réunion. Mohamed Boudiaf est alors nommé au poste de coordinateur. Ce dernier fait appel à Mustapha Ben Boulaid, Didouche Mourad, Larbi Ben M’hidi et Rabah Bitat pour former avec eux le Comité des cinq chargés d’appliquer la résolution adoptée par la réunion des « 22 ». Ce Comité s’élargit par la suite à un sixième membre en s’adjoignant Krim Belkacem.



23 octobre 1954

La réunion des Six

La réunion du groupe des 22 historiques, qui a décidé en juin 1954 de passer à la lutte armée contre la France coloniale pour arracher l’indépendance de l’Algérie, a chargé un groupe de cinq de ses membres des préparatifs. Composé de Mohamed Boudiaf, Larbi Ben M’hidi, Mustapha Benboulaid, Mourad Didouche et Rabah Bitat, ce collectif s’est élargi par la suite à Krim Belkacem pour former le «Comité des Six». Après plusieurs rencontres, les Six s’étaient réunis une dernière fois le 23 octobre 1954 à Bologhine (Alger), plus exactement au 24, rue Comte-Guillot, actuellement avenue Bachir Bedidi, pour arrêter le plan définitif de passage à la lutte armée. C’est ainsi que la date du 1er novembre 1954, à partir de minuit, a été choisie pour le déclenchement de la Révolution algérienne. Sur le plan militaire, ils ont procédé au partage du territoire national en cinq zones (les Aurès, le Constantinois, la Kabylie, l’Algérois et l’Oranie) ; chacun d’eux s’est vu confier la direction d’une zone à l’exception de Boudiaf qui a été chargé de la coordination. Les Six ont également adopté une proclamation intitulée «Appel au peuple algérien», rendue publique dès le 1er novembre, et ont prévu de se revoir en janvier 1955 pour une réunion d’évaluation.

1 novembre 1954

Le 1er novembre 1954 sonne le glas sur le mythe de "l’Algérie française"

Le 1er novembre 1954, date du déclenchement de la guerre de libération nationale, qui avait sonné le glas sur le mythe de "l’Algérie française", demeure une date à forte charge symbolique pour les Algériens, qui célèbrent son 60e anniversaire. 60 ans après, la Déclaration du 1er novembre 1954, premier document officiel annonçant la naissance du Front de libération nationale (FLN) et de la résurrection d’une nation jalouse de sa liberté, demeure toujours d’actualité de par la vision de ses rédacteurs qui avaient jeté les premiers jalons d’un Etat algérien indépendant.

18 avril 1955

Conférence de Bandung : premier succès diplomatique du FLN sur la France

Dès le déclenchement de la Révolution, le Front de libération nationale (FLN) s’est préoccupé de l’internationalisation du conflit armé contre la France, comme moyen de lutte pour l’indépendance, et la conférence de Bandung d’avril 1955 lui a permis de lancer cette question. La lutte armée s’est ainsi doublée d’une action diplomatique avec comme objectif de sensibiliser l’opinion mondiale à la cause algérienne, d’intéresser les gouvernements étrangers et de mobiliser les instances internationales. En plus d’une aide matérielle (livraison d’armes), le FLN cherchait surtout un soutien moral sous forme de pressions sur la France à propos de sa politique algérienne.

20 août 1955

Offensive du nord constantinois

De nombreux historiens s’accordent à affirmer que l’offensive du nord-Constantinois, du 20 août 1955, a été un « tournant décisif » dans la guerre de libération nationale, voire une étape clé dans le processus de lutte pour l’indépendance du pays. L’offensive du nord-Constantinois a été décidée dans un contexte marqué par des tentatives de la France coloniale de nier, auprès de son opinion publique et sur la scène internationale, le caractère révolutionnaire des « événements d’Algérie ». Elle est allé jusqu’à accuser des parties étrangères, à l’instar des Egyptiens et des communistes, d’être derrière ces événements. De plus, depuis le déclanchement de la guerre, l’armée coloniale assiégeait les Aurès et la Kabylie dans une tentative d’asphyxier les maquis et de « tuer la révolte là où elle est née ».

19 mai 1956

Grève du 19 mai 1956 : les étudiants à la disposition de la Révolution

Après avoir apporté son soutient à la Révolution, l’Union générale des étudiants musulmans algériens (UGEMA) décide de s’impliquer dans la lutte en appelant les étudiants à la grève illimitée à partir du 19 mai 1956 et à se mettre à la disposition du Front de libération nationale (FLN). L’appel à la grève immédiate des cours et des examens, inspiré par le FLN, a été lancé à l’initiative des membres de la section de l’université d’Alger de l’UGEMA lors d’une assemblée générale des étudiants le 18 mai au Cercle Saâdane (Casbah).

20 août 1956

Congrès de la Soummam : évènement clé dans la réussite de la révolution

Parmi les dates et évènements majeurs ayant marqué la longue lutte du peuple algérien pour son indépendance, le congrès de la Soummam du 20 août 1956 est considéré comme un évènement clé dans la réussite de la révolution algérienne et dont les décisions avaient permis la poursuite du combat malgré les difficultés et la puissance redoutable de l’armée coloniale. En effet, prés de deux ans après le déclenchement de la révolution, qui était jusque-là régie sur la base d’un seul document à savoir la déclaration du 1er novembre 1954, la nécessité d'organiser cette lutte, de la structurer et de lui donner une assise nationale devint une nécessité absolue. Depuis sa sortie de prison en janvier 1955 (il fut arrêté en 1950), Abane Ramdane s’est attelé, en compagnie de Larbi Ben M’hidi, les deux architectes du congrès de la Soummam, à doter la révolution d’une direction politique homogène. Les deux dirigeants ont commencé alors à contacter les responsables nationalistes et les chefs de zones pour la tenue d’un congrès rassembleur. Une initiative qui fut favorablement accueilli.

28 janvier 1957

Grève des 8 jours : le ralliement inconditionnel du peuple algérien au FLN démontré

La grève des huit jours (1957) compte parmi les plus importants défis relevé par le peuple algérien durant la guerre de libération pour démontrer son ralliement inconditionnel au Front de libération nationale (FLN). La grève à laquelle avait appelé le comité de coordination et d’exécution (CCE) du FLN a démontré infailliblement le caractère populaire de la guerre de libération, confortant, ainsi, la place et le rôle du FLN en tant que représentant légitime du peuple algérien. Précédée par des évènements "exceptionnels" qui ont préparé le terrain à l’instar du congrès de la Soummam qui a donné naissance à la direction nationale, cette grève a amené l’administration française à intensifier son oppression à l’encontre du peuple algérien. L’appel à la grève des huit jours dans un contexte particulier marqué notamment par la tenue la 11e session de l’Assemblée générale des Nations unies dont l’ordre du jour a comporté la cause algérienne sur demande du groupe arabo-asiatique. L’opportunité a ainsi été donnée pour sensibiliser l’opinion internationale à l’égard de ce qui se passait en Algérie et mettre à nu les tentatives de désinformation menées par la France pour briser la cadence de la révolution.

17 septembre 1957

Inscription de la question algérienne à l’ordre du jour de la XIIème session de l’ONU

La question algérienne fut inscrite à l’ordre du jour de la XIIème session des Nations unies ouverte à New York le 17 septembre 1957. Ainsi ce fut un nouveau pas en avant pour l’indépendance de l’Algérie. Malgré les efforts déployés par les équipes de propagande du gouvernement français à l’étranger et, en particulier, en Amérique Latine, l’Assemblée générale adopta à l’unanimité une résolution dans laquelle elle avait exprimé sa « foi en une solution pacifique et conforme à l’esprit de la Charte » des Nations Unies. L’évolution de la cause algérienne devenait ainsi nettement sensible. Cette évolution fut clairement exprimée dans cette résolution qui évoquait, à propos du problème algérien, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

19 septembre 1958

Proclamation et constitution du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne

En ce jour du 19 septembre 1958 a été constitué et proclamé le premier Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), au Caire. Ce fut alors une étape décisive dans la poursuite de la lutte de libération nationale pour la restauration de l’Etat algérien. En fait, cet évènement majeur dans la marche de la révolution algérienne était la concrétisation d’une décision cruciale prise deux années auparavant, par le congrès de la Soummam, et considérée alors comme un pas décisif dans la lutte nationale pour l’indépendance. La constitution du GPRA était le résultat de la mise en œuvre par le Comité de coordination et d’exécution (CCE) des résolutions adoptées par le Conseil national de la révolution algérienne (CNRA) réuni en août 1958, au Caire. L’objectif attendu était le parachèvement des institutions de la Révolution. C’est ainsi que le concert des reconnaissances du jeune gouvernement en exil s’est poursuivi pour aboutir au 1er juillet 1962, à la veille du référendum d’autodétermination, à 36 pays, malgré le travail de sape des tenants de l’occupation. Désormais, la voix de l’Algérie était partout, présente grâce aux activités incessantes des représentants officiels de son gouvernement doté de départements ministériels dirigés par des militants à toute épreuve lui faisant gagner en audience internationale et en crédibilité de par leurs actions diplomatiques laborieuses dans les forums régionaux et internationaux et dans les nombreuses capitales où le GPRA disposait de représentations permanentes, y compris à l’ONU.

11 décembre 1960

Manifestations du 11 décembre 1960 : un «référendum populaire» pour l’indépendance de l’Algérie

Les manifestations du 11 décembre 1960 furent un "référendum populaire" pour l’indépendance de l’Algérie que les historiens avaient qualifié de "véritable Dien Bien Fu psychologique". Le peuple algérien, ce jour-là, est sorti dans les principales villes d’Algérie pour contrecarrer le plan du général Charles de Gaulle visant à imposer une solution "octroyée" dans le cadre d’une décentralisation de l’administration coloniale avec une "autonomie" des territoires algériens, sous son fameux slogan de "l’Algérie algérienne". Dans un entretien, l’ancien directeur du journal El Moudjahid pendant la guerre de libération nationale et porte parole de la délégation algérienne à Evian, M. Rédha Malek, a affirmé que les manifestations du 11 décembre avaient constitué un tournant "décisif" dans la lutte pour l’indépendance du pays, en ce sens qu’elles avaient permis au Front de libération nationale (FLN) d’isoler la France sur la scène internationale.

17 octobre 1961

Le 17 octobre 1961 : un massacre occulté de la mémoire

Des dizaines de milliers d’Algériens ont été massacrés dans le froid et la pluie à Paris par des policiers chauffés à blanc par des instructions féroces dictées en haut lieu et appliquées avec zèle par le préfet de police de l’époque, Maurice Papon. Le seul tort des Algériens, victimes de la répression, en cette nuit du 17 octobre 1961, est d’être sortis, manifester pacifiquement, contre le couvre-feu raciste qui leur a été imposé par la préfecture de police et répondre à un appel à la protestation de la Fédération de France du FLN, contre plusieurs cas de violence policière ayant eu lieu exclusivement contre la communauté algérienne. La réponse policière sera terrible. Plus tard dans la soirée, les rues de Paris étaient jonchées de cadavres de milliers d’Algériens dont un grand nombre fut jeté dans les eaux froides de la Seine.

18 mars 1962

Signature des Accords d’Evian

Signés le 18 mars 1962 par les représentants du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) et les représentants du gouvernement français, les Accords d’Evian avaient permis de décréter un cessez-le-feu, le 19 mars de la même année, qui était le point de départ d’une nouvelle ère, celle de l’autodétermination d’un peuple qui avait consenti de lourds sacrifices pour imposer sa volonté d’indépendance, face à un occupant « longtemps convaincu de son infaillibilité ». Il est très important de signaler, dans ce contexte, que la majorité des historiens reconnaissent que le déclenchement de la lutte armée le 1er novembre 1954, n’avait jamais fermé la porte aux négociations pour l’indépendance de l’Algérie, dans la mesure où, les premiers contacts entre le FLN, représentant unique de la résistance nationale et le gouvernement français, avaient déjà débuté secrètement en 1956, notamment, dans le cadre des pourparlers informels entre la délégation extérieure du FLN et Pinaud.

19 mars 1962

Le 19 mars 1962, une renaissance de la nation algérienne

La proclamation, le 19 mars 1962, du cessez-le-feu en Algérie venait conclure les négociations d’Evian, marquant ainsi d’une manière éclatante le triomphe de l’option de l’indépendance et annonçant la renaissance d’une nation que 132 ans de colonialisme n’avaient pas réussi à anéantir. Cette date, consacrée fête nationale de la Victoire en Algérie, scellait définitivement la fin d’une guerre sanglante ayant endeuillé des millions d’Algériens, et marquait le début du grand chantier de la reconstruction de l’Etat-nation algérien. Elle marquait également le début d’un long processus pour les Algériens, qui, dès l’indépendance, s’attelèrent à panser les blessures profondes de plus d’un siècle d’une colonisation atroce et inhumaine.

vendredi 17 octobre 2014

Manifestations du 17 octobre 1961: haut fait indissociable de l'histoire de la révolution nationale

Manifestations du 17 octobre 1961: haut fait indissociable de l'histoire de la révolution nationale

Les manifestations du 17 octobre 1961 constituent "un haut fait indissociable de l'histoire de la révolution nationale", ont affirmé jeudi les participants à une conférence au Musée national du Moudjahid sur le thème "Crimes du 17 octobre 1961: prolongement des crimes de l'occupation française en Algérie".
Mohamed Corso, enseignant à l'université d'Alger II, a estimé que cette date qui marque l'ouverture d'un deuxième front révolutionnaire algérien en France constituait un haut fait indissociable de l'histoire de la révolution de liberation nationale contre l'occupation française.
Ces manifestations "ont révélé aux Algériens et à toute la communauté internationale une cause algérienne revendiquant l'affranchissement du joug colonial", a-t-il dit.
Les manifestations du 17 octobre 1961 constituent aux yeux du droit international des crimes contre l'humanité, a soutenu Kamel Filali, enseignant de droit à l'université Mentouri I de Constantine et expert international en la matière.
Ces crimes ont été planifiés et exécutés, en vue de semer la division, consacrer le racisme contre les Algériens et les réprimer, au moment où la France se prétendait berceau des principes des droits de l'homme, a-t-il souligné.
La nuit du 17 octobre 1961 "restera gravée dans les mémoires de ceux qui l'ont vécue parmi les Algériens et les Français et dans l'histoire, en tant que marque de déshonneur pour la France Coloniale", a estimé Mme Abdelmoumene Akila Ouared, membre de la Fédération de France du FLN.
"Les manifestations du 17 octobre sont un fait indissociable dans l'histoire de la révolution nationale et non un acte isolé qui s'est produit en France", a-t-elle rappelé soulignant que les manifestations étaient préparées et planifiées par les dirigeants de la révolution et animées par des Algériens venus exprimer leur rejet de la colonisation et leur attachement à la révolution.
Mme Abdelmoumene a exhorté les générations montantes à ne pas oublier les souffrances endurées par leurs aïeux pour que les Algériens vivent dans la liberté, l'indépendance, la fierté et la dignité.
"L'écriture de l'histoire et la valorisation des hauts faits de la révolution "sont la meilleure réponse à donner à la France coloniale", a-t-elle estimé.
APS