lundi 28 mai 2012

Entre l’impératif du changement et la tentation de la continuité Quel gouvernement, quelle politique économique ?

Si le doute sur un changement du gouvernement dans la foulée des dernières élections législatives est partiellement levé, ne serait-ce que pour remplacer les ministres élus à l’Assemblée populaire nationale, des interrogations se posent toutefois pour savoir quel en sera l’impact sur les orientations économiques du pays.


Le passage de Ahmed Ouyahia à la tête du gouvernement depuis quatre ans a été marqué par un certain patriotisme économique et une très forte dépense publique comme seul moteur de croissance. Le renforcement du rôle de l’Etat dans l’économie ne date pas toutefois de 2008. Le professeur Abdelmadjid Bouzidi notait ainsi lors d’un symposium intitulé «50 ans de politique économique», organisé par le Forum des chefs d’entreprises (FCE), en mars dernier, ce retour en force de l’Etat sur la période «2001-2011» à travers notamment «les trois programmes présidentiels et la relance de la consommation par l’augmentation des salaires». Les résultats ont été, selon l’économiste, «une croissance de 5%», mais qui est «éphémère, extensive et coûteuse», «un traitement social» de la question du chômage qui s’est traduit par «des emplois précaires» et «une absence de la politique de l’offre».      

La loi de finances complémentaire de 2009 a consacré le retour au patriotisme économique, mais il s’agissait «plus d’une posture de circonstance, une gestion au jour le jour de l’économie nationale que d’une doctrine économique mûrement réfléchie», estime un banquier international conseiller auprès du secteur privé. C’est en effet, «en pleine crise financière internationale avec un baril à 32 dollars en janvier 2009 qu’ont été prises dans la précipitation les mesures contraignantes en matière de commerce international, d’investissement étranger et la décision de racheter Djezzy».

Quid des orientations économiques du prochain gouvernement ? Le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Abdelaziz Belkhadem, dont le parti est sorti «vainqueur» des élections, prône «un changement dans la continuité» et à développer lors de la campagne électorale un discours orienté vers «le soutien au secteur public» et le développement d’une «économie publique solide avec une ouverture vers le privé».  Difficile d’imaginer un changement d’orientation économique dans le cadre d’un nouveau gouvernement étant donné l’existence d’un programme présidentiel en cours et que la prochaine équipe s’attellera à mener au bout d’ici 2014.

Habib Yousfi, président de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), estime à ce propos que le prochain gouvernement «va devoir s’axer sur un programme bien précis, mais le gros programme de la présidence de la République suppose que les secteurs des travaux publics et des ressources en eau doivent continuer avec les mêmes responsables des départements ministériels. C’est d’une importance capitale». Pour le reste, il s’agira de voir si parmi «les promesses des différents partis qui ont eu l’occasion d’exposer leurs programmes économiques, il y a réellement une stratégie susceptible de prendre en charge la promotion de la petite et moyenne entreprise dans le cadre du développement économique global», indique M. Yousfi.  Mais pour l’expert que nous avons interrogé, «ce n’est pas une question de parti mais de prise de conscience de la situation économique insoutenable pour le pays». Le fait est, ajoute-t-il, que «notre prix d’équilibre budgétaire est de 100 dollars depuis que le gouvernement a décidé d’acheter la paix sociale avec une redistribution massive, creusant ainsi le déficit budgétaire sans contrepartie. Or, aujourd’hui, le baril est à 106 dollars et il n’est pas interdit de penser, sauf choc exogène, qu’il redescende vers les 80 dollars».


Des chantiers prioritaires


Nouvelles orientations ou pas, le prochain pouvoir exécutif devra s’intéresser à certains chantiers majeurs. Aux yeux de M. Yousfi, il s’agit «de se pencher à la mise en place d’une stratégie économique tous azimuts avec les potentialités existantes que ce soit dans le secteur privé ou public». Une vieille revendication, devenue chronique, tant il semble que le pays est incapable de réfléchir à un tel projet en dehors des programmes présidentiels. Pour le président de la CGEA, «l’entreprise algérienne doit être prise en charge par un département ministériel qui va l’assister et l’intégrer dans une stratégie globale de développement économique, afin d’aller vers une croissance graduelle qui permette d’espérer la construction d’une économie plus au moins autonome par rapport aux importations des biens de consommation en particulier».

Au cours des dernières années, l’Etat a dépensé massivement, notamment pour rattraper le retard accusé en matière d’infrastructures. «C’était nécessaire, même si leur nature et leurs coûts sont discutables», estime l’expert interrogé. Désormais, pense-t-il, «il faut que les secteurs privés fassent levier de ses infrastructures pour prendre le relais en substituant une production nationale - médicaments, agriculture, biens de consommation, etc. - à l’importation». Et pour cela, «il faut mobiliser les ressources inutilisées des banques et reformer le carcan administratif». Jusque-là, le modèle d’une croissance tirée par la dépense publique a été privilégié par les responsables en charge de l’économie nationale, désormais, «nous devons relancer notre économie par la production», estime notre interlocuteur.  Pour ce dernier, «quel que soit le parti au pouvoir, on doit tout faire pour relancer l’investissement productif national et international quelle que en soit l’exigence, même la réforme du 51/49 pour les secteurs autres que stratégiques».


Technocrates ou politiques !


Pour mener à bien ces objectifs, l’expert plaide pour «un gouvernement technocratique et compétent qui puisse définir une stratégie économique, financière et industrielle». Pour Habib Yousfi, le plus important est que les responsables, qui auront la charge du prochain gouvernement, soient «liés par une stratégie de développement économique». Pour le reste, leur choix «relève du président de la République». En tout état de cause, conclut-il, «le prochain gouvernement sera de transition dans la mesure où l’institution législative sera appelée à amender la Constitution et c’est au lendemain de cet amendement que les véritables stratégies économiques seront peut-être mises.

Safia Berkouk
El watan

samedi 26 mai 2012

Quand l'Algérie s'éveillera...

Tarik Ghezali est l'auteur de "Un rêve algérien, Chronique d’un changement attendu", paru aux éditions de l’Aube.

Le 10 mai prochain se tiendront les élections législatives algériennes, deux petits mois avant le cinquantenaire de l’indépendance (5 juillet 2012). L’occasion opportune de s’interroger sur l’avenir de ce pays. Non pas pour savoir si l’Algérie est ou non une « exception au printemps arabe » - cette apparente « exception » s’expliquant très bien (1). La question centrale à laquelle l’Algérie doit répondre est bien davantage de savoir comment enfin réussir à concrétiser son immense potentiel.
Car l’Algérie a des atouts exceptionnels qu’elle s’évertue à ne pas valoriser à leur juste mesure.
Des atouts géopolitiques évidents. Pays le plus grand d’Afrique et de la Méditerranée (le 10e au niveau mondial), l’Algérie dispose d’une position géostratégique unique, à la croisée du monde arabe, de l’Europe et de l’Afrique. Et si l’Algérie d’aujourd’hui est hélas atone sur la scène internationale, il n’en a pas toujours été ainsi : dans les années 50-70, porté par l’aura de la révolution algérienne, ce pays occupait alors une place importante et reconnue, à l’ONU, dans le Tiers-Monde ou au sein des « Non-Alignés ». A quand le réveil diplomatique ?

L’Algérie a des atouts exceptionnels qu’elle s’évertue à ne pas valoriser à leur juste mesure.

Des atouts humains également. La population algérienne est jeune - les 2/3 des 37 millions d’Algériens ont moins de 35 ans - et qualifiée : chaque année sortent de l’enseignement supérieur plus d’1,5 million de diplômés dont une majorité de femmes. Et la large diaspora algérienne, souvent très bien formée, constitue aussi une ressource précieuse.
L’Algérie compte par ailleurs de plus en plus d’entrepreneurs de haut niveau (regroupés dans des réseaux comme le FCE, Forum des chefs d’entreprise) qui, s’ils sont encore insuffisamment nombreux, portent une réelle volonté de réforme et de progrès, veulent changer l’Algérie mais sans pour autant la casser, en respectant son histoire, ses institutions et son héritage.
Des atouts économiques ensuite, avec de potentielles filières d’excellence (hors hydrocarbures) qui ne demandent qu’à décoller et changer d’échelle, comme les énergies vertes (plus grand gisement solaire du bassin méditerranéen), l’agroalimentaire, l’agriculture, la santé ou encore le tourisme.
Réveiller la Belle au bois dormant
Ce dernier secteur est particulièrement révélateur. Comme à la Samaritaine, vous trouverez de tout en Algérie : de très nombreux sites d’intérêt culturel ou historique mais aussi 1200 km de côtes, le vaste et magnifique Sahara, plus de 200 sources thermales, etc. Et pourtant ce secteur pèse moins de 2 % du PIB national et la « destination Algérie » 1 % seulement du trafic touristique méditerranéen – les « touristes » actuels étant de plus surtout des émigrés algériens... Peut mieux faire, c’est sûr !
Des atouts financiers enfin. L’Algérie dispose d’une force de frappe financière considérable et sans précédent dans la région, avec environ 200 milliards de dollars de réserves de change, une dette extérieure de seulement 2 % du PIB et une épargne des ménages d’environ 30 milliards de dollars (à laquelle il faut ajouter celle de la diaspora, encore plus importante).
Cette capacité financière extraordinaire pourrait être mobilisée de manière bien plus offensive, d’une part au service du développement économique algérien, maghrébin et méditerranéen, notamment via un ou plusieurs fonds souverains ad hoc ; d’autre part, au service de l’intégration politique et culturelle de la région, à travers par exemple une participation et un soutien renforcés à des initiatives comme l’Union pour la Méditerranée ou l’Union du Maghreb Arabe.
Gâchis
Alors, pourquoi ce gâchis ? Comment réveiller cette Belle au bois dormant et concrétiser véritablement ses considérables atouts ? Nous ne pouvons développer ici les réponses dans le détail, mais citons néanmoins quatre leviers clés et complémentaires.
D’abord, moderniser les institutions politiques en permettant un large renouvellement des élites et la mise en place d’ un régime présidentiel « à l’ américaine » (président fort et Parlement fort), garantissant un Etat de droit et un authentique pluralisme d’opinion, notamment à la télévision.
Ensuite, passer d’une économie de rente à une économie d’innovation qui libère le potentiel entrepreneurial algérien, ramène dans le giron de la légalité la vaste économie informelle et améliore fortement le climat des affaires, sa stabilité, sa lisibilité et sa pertinence.
Parallèlement, réformer profondément le système éducatif, ses programmes, ses méthodes, sa cohérence ainsi que le Code la famille - le plus rétrograde du Maghreb - pour instaurer une égalité hommes-femmes réelle, telle que le prévoit d’ailleurs la Constitution algérienne.
Enfin, poursuivre et achever l’éradication de l’islamisme terroriste et favoriser simultanément l’émergence d’un courant politique véritablement démocrate-musulman (à l’instar des démocrates-chrétiens européens), comme en Turquie et, de plus en plus, comme en Tunisie et au Maroc.
Un Brésil méditerranéen
Bien sûr, aucun de ces défis n’est aisé à relever. Mais, techniquement faisable, leur réalisation n’implique aucunement de faire table rase de l’existant ou de replonger dans la violence révolutionnaire.
En réalité, les obstacles les plus importants sont ailleurs. L’Algérie, si elle est indépendante depuis 50 ans, doit encore se libérer d’autres « colons », plus internes et psychologiques, qui l’empêchent de prendre son envol : le rejet permanent de la faute sur les autres, notamment sur les forces étrangères (France, USA, Europe, Chine...) ; le manque de confiance dans ses capacités propres, dans sa créativité, dans sa jeunesse ; une tendance à trop regarder en arrière, à ressasser un passé mythifié, par peur des incertitudes de demain.
L’Algérie a les moyens, les compétences et les capacités pour devenir un grand pays émergent, un Brésil méditerranéen. Et pour rejoindre le club des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) qui, avec d’autres pays comme la Turquie, le Mexique ou la Corée du Sud, sont en train de dessiner un nouvel ordre mondial, libéré de la suprématie de l’Occident.
Dans ce monde en pleine évolution, l’Algérie a clairement sa carte à jouer dans les dix ans à venir. C’est à sa portée si elle le veut vraiment : il lui manque la confiance, l’envie, l’audace. Au fond, le véritable adversaire de l’Algérie, c’est elle-même. Ce n’est pas une fatalité, c’est même une bonne nouvelle : car il ne tient qu’à elle de changer la donne.
(1) Parmi les nombreuses raisons : un printemps qui a déjà eu lieu en 1988, une décennie noire de plus de 100 000 morts qui ne donne pas envie de risquer un nouveau chaos, de très nombreuses révoltes sociales qui ne débouchent pas sur une alternative politique crédible et populaire, des protestations vite étouffées dans l’œuf par une coercition efficace de forces de l’ordre aguerries, un Bouteflika qui malgré tout n’est pas Kaddafi, une paix sociale achetée par les pétrodinars, etc.

Jeune Afrique


Bonjour,

A quelques semaines du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie (5 juillet 2012), j’ai le plaisir de vous annoncer la sortie de mon livre :
 
 Un rêve algérien
Chronique d’un changement attendu
aux éditions de l’Aube
 
Voici également une première tribune, publiée dans Jeune Afrique, qui fait écho au propos du livre : Quand l’Algérie s’éveillera
 
Vous retrouverez sur cette page Facebook toutes les infos sur le livre.
 
Je suis à votre disposition pour toute question ou échange. 
 
Bien cordialement,
 
Tarik Ghezali

www.unrevealgerien.net

mercredi 23 mai 2012

"MESDAMES LES DÉPUTÉES DE LA 1ère ASSEMBLÉE ALGÉRIENNE FÉMINISÉE MAI 2012"

Mesdames,

L’article 31 bis de la constitution amendée en 2008 ainsi que la loi organique12-03 du 12 janvier 2012 ont permis une représentativité féminine conformément aux recommandations des conventions et traités internationaux.

Nous nous félicitons de la présence des 145 députées, représentant 31,38% de l’APN, propulsant l’Algérie de la honteuse 122ème place à la 26ème.

Nous dénonçons les propos discriminatoires, sexistes et misogynes associant la féminisation de la vie politique à de la médiocrité.

Nous nous méfions des manipulations des dirigeant-e-s des partis politiques, de leurs choix et de leurs orientations, car ils ont contesté la loi organique qui les a contraints et forcés à présenter des candidates.

Dans le respect et la richesse de nos différences d’opinions, nous saluons la présence des 145 députées à l’Assemblée nationale et vous demandons d’œuvrer pour l’amélioration de la condition et statut des femmes.

Nous appelons les femmes à vous encourager, Mesdames les députées, à imposer une vision et une pratique politique différentes, à refuser une position de potiches, réductrice, contraire à l’image des Algériennes, fières et dignes, qui ont lutté pour obtenir cette loi et atteindre le tiers de représentativité.

Nous appelons les femmes à vous soutenir tout en restant vigilantes sur les éventuelles dérives, perversion de la loi organique et l’exclusion des femmes.

Signataires :

Meriem BENDIBA, syndicaliste, Adrar

Fadéla KHELFA, SG Commission femmes travailleuses, Hassi Messaoud

Nassera MERAH sociologue et militante pour les droits des femmes, Alger

Nadjia ZEGHOUDA syndicaliste et militante des les droits des humains, Alger.

samedi 19 mai 2012

Où va l’Algérie ? Première partie : la dynamique de l’implosion


Par Zoubir Benhamouche, économiste
Les cris d’alarmes sur les dangers qui menacent l’Algérie se font entendre de façon de plus incessante, certains augurant même d’une implosion de l’Algérie si « rien ne change ». Je partage l’avis général sur le fait que l’Algérie est aujourd’hui à la croisée des chemins et que celui qu’elle semble malheureusement emprunter conduira, tôt ou tard, à une nouvelle ère de violence et de grande incertitude. Ce qui semble cependant faire défaut à nombre d’interventions, qui ont parfois un ton quasi messianique, c’est à la fois une analyse de la dynamique interne de la société (ainsi que celle des facteurs externes), et des propositions concrètes pour éviter le scénario catastrophe.
A l’aube du cinquantenaire de son indépendance, et à la lumière de toutes les tensions qui la secouent de plus en plus violemment, accentuant de façon inquiétante l’entropie sociale, l’Algérie doit faire « le bon choix ». Dans le cas contraire, comme argumenté dans ce texte, au mieux le pays sera plongé dans une ère de violence et de grande instabilité politique et sociale. Au delà des coûts sociaux, un tel scénario retarderait notamment la sortie de l’économie de rente au risque de voir à terme une grande partie de la population sombrer dans la pauvreté.
Définir clairement « le bon choix » qui doit être fait n’est pas une tache des plus aisées, mais une fois que l’on a mieux cerné les facteurs à l’œuvre derrière la crise sociale et politique que traverse le pays, la voie à suivre devient en réalité plus claire.
Je ne me propose pas ici de participer simplement à l’antienne sur l’avenir catastrophique qui attend l’Algérie, et je ne vais certainement pas asséner mes arguments comme si j’étais le seul à détenir la vérité ultime, comme le font malheureusement trop souvent la majorité écrasante des algériens. C’est un fait, et j’y reviendrai, l’un des obstacles, non négligeable, à l’émergence d’un consensus sur un scénario de sortie de crise, c’est une faible capacité de dialogue qui prend ses sources dans une combinaison d’artefacts culturels et des fondements du régime politique.
Les algériens son malheureusement devenus maîtres (à moins d’avoir affaire à un trait de personnalité) dans l’art de plastronner, bien évidemment au mépris de toute capacité d’écoute de l’autre, de respect et bien évidemment de compréhension de son point de vue.
Cette précision étant apportée, il faut lire les lignes qui suivent comme une réflexion partagée, nourrie par l’inquiétude de voir l’Algérie rater le grand tournant. En aucun cas je ne m’érige en donneur de leçons.
Dans une première partie j’expose une analyse de la dynamique « de mauvaise augure », celle pouvant conduire à ces scénarios cataclysmiques. Dans une seconde partie, mu par un optimisme dicté par un instinct de survie, j’esquisse ce qui est, de mon point de vue, l’un des rares scénarios pouvant limiter les coûts qu’engendrera l’impérieuse transition dans laquelle l’Algérie doit très rapidement s’engager.
J’aimerais commencer par souligner le fait que l’actualité (souvent tragique ces dernières années) de l’Algérie de ces dernières années, et plus particulièrement depuis 2010, contredit manifestement l’idée que le peuple algérien se complait allègrement dans la situation sociale et politique actuelle. L’idée même est insultante, lorsque l’on sait l’état de misère morale, et même sociale, dans la quelle vit la majorité de la population. Cette idée, beaucoup trop répandue, ne fait que contribuer au dénie de la réalité, par les gouvernants notamment, et est ainsi à la source de choix économiques et politiques qui ne font que renforcer la dynamique d’implosion sociale. Pour le comprendre il faut entrer dans l’analyse de cette dynamique, identifier les facteurs structurels qui la sous-tendent.
La dynamique de la société peut être analysée selon deux axes, l’un économique et social et l’autre institutionnel. Ces deux axes sont indissociables, et il est fondamental de comprendre pourquoi, parce que là réside la clé de tous les maux de l’Algérie. Croire que le régime algérien est monolithique serait une simplification grossière d’une réalité plus complexe. Il semble qu’une partie du pouvoir a pris la dimension du mal profond qui ronge l’Algérie et des menaces qui pèsent sur elle. Cependant, ces composantes cherchent une sorte de pierre philosophale, qui créera des conditions économiques et sociales plus favorables, une société apaisée, sans toucher aux fondements du régime politique, et fondamentalement sans modifier la gouvernance et le fonctionnement des institutions qui la supportent. Or ceci s’avère impossible à ce stade.
En effet, faute d’avoir laissé perdurer la logique de l’ordre social, sans la modifier, même à la marge, l’amélioration significative des fondamentaux économiques et sociaux requière aujourd’hui un changement institutionnel de grande ampleur.
J’aimerais être très précis sur ce point, d’une part parce qu’il n’est pas aisé à appréhender, d’autre part parce qu’il est crucial pour comprendre les enjeux institutionnels auxquels l’Algérie fait face.
L’Algérie demeure très loin de son potentiel de développement parce que ses institutions son conçues et fonctionnent d’une telle manière qu’elles brident le développement(1). Il faut d’ailleurs remarquer que  l’explication des écarts de performances économiques entre pays du fait de différences institutionnelles fait aujourd’hui l’unanimité(2)au sein des spécialistes du développement.
Il est vrai que l’expérience de certains pays en développement montre qu’il suffit parfois d’une faible amélioration des institutions pour amorcer un développement économique rapide. Mais dans le cas de l’Algérie, c’était encore possible à la fin des années 1990, au moment où la majorité des algériens pensaient que le pays s’apprêtait à tourner une page de son histoire, à rompre avec la logique institutionnelle qui prévalait jusque là.  Malheureusement, au lieu de mener les réformes structurelles nécessaires pour réduire la dépense vis à vis des hydrocarbures, la logique rentière a été renforcée avec l’aisance financière du début des années 2000. Au lieu de renforcer les institutions, de reconstruire leur légitimité, elles ont été au contraire affaiblies, vidées de leur substance.  En conséquence, jamais l’informel, que ce soit pour le fonctionnement des institutions ou de l’économie, n’a été aussi important.
Les différentes composantes du pouvoir s’en accommodent parce qu’elles tirent leur pouvoir et leur part de la rente de cet affaiblissement des institutions formelles. La société s’en accommode également pour la simple raison qu’elle assimile le « formel » à des règles émanant d’un Etat dont elle nie toute légitimité aujourd’hui. Le pays se retrouve ainsi dans une situation paradoxale, dans laquelle les règles formelles sont rejetées par la société parce que vécues comme un instrument d’exercice d’un pouvoir non légitime. Paradoxale, parce que c’est justement ce qui alimente le manque d’Etat de droit.
Il est très important de bien avoir à l’esprit que la majorité écrasante de la population estime que les règles émanant de l’Etat ne sont pas faites dans le cadre d’un contrat social partagé par le plus grand nombre, mais par des intérêts privés, qui ont capturé l’Etat.
C’est notamment ce qui explique, dans un contexte de tension sociale très forte, que l’Etat a perdu l’autorité nécessaire pour mener de véritables réformes. Cette perte d’autorité et un informel généralisé (dominant tous les domaines, économique, institutionnel et sociétal) impliquent que les marges de manœuvre pour mener des réformes institutionnelles, même de faible ampleur, avec des impacts économiques potentiellement importants, sont aujourd’hui extrêmement réduites.
Le corollaire est une réduction très importante des capacités de développement à court et moyen terme, et donc une dégradation continue de la situation sociale. Il faut ajouter à cela que la hausse inconsidérée des salaires de la fonction publique et des dépenses sociales (en vue de contenir les protestations et acheter la paix sociale) pèsent désormais très lourd sur les finances publiques et érodent les capacités d’investissement public.
Qui plus est cette hausse des salaires dans la fonction publique a exercé une pression à la hausse sur les salaires dans le secteur privé, alors même que les gains de productivité ont été extrêmement faibles, voire nuls. Outre l’impact négatif sur la compétitivité des entreprises, le pays va de fait se retrouver piégé dans une spirale inflationniste sans fin. Pour compléter le tableau, il faut ajouter l’arrivée, chaque année, de centaines de milliers de jeunes sur le marché du travail. D’une part l’économie sera dans l’incapacité d’offrir le volume d’emplois nécessaires. D’autre part ces jeunes travailleurs (comme nombre de moins jeunes d’ailleurs) ne disposeront pas des qualifications dont les entreprises ont et auront besoin.
Cependant, cette insuffisance de perspectives économiques ne peut à elle seule impliquer une explosion sociale à un horizon proche, surtout lorsque l’on sait que l’Etat dispose encore d’une marge de manœuvre budgétaire. Il est nécessaire de prendre en compte des facteurs supplémentaires, que je qualifierais de culturels, ou sociétaux, qui servent d’amplificateur aux problèmes économiques et institutionnels.
On a ainsi observé une sorte d’influence réciproque entre certains traits culturels et le régime politique. La culture clanique et hiérarchique a permis l’émergence et s’instauration du régime politique. La pérennité de ce dernier a été mise à mal par les aspirations de liberté qui vont de paire avec le développement. Ainsi, pour se maintenir, il a créé une organisation sociale, politique et économique qui a favorisé des comportements anti-développement. Pour faire court, la conséquence est une déstructuration de la société à travers une destruction de la confiance sociale, l’érosion des valeurs morales généralisées (la corruption généralisée en est une conséquence), une perte de repères au niveau collectif, une incapacité au dialogue social pacifique, une absence de  culture du compromis, et une société devenue extrêmement violente. Tout ceci a engendré une société divisée, sans doute au point où la nation algérienne a cessé d’être une réalité, aux fondements inaliénables, pour devenir une idée floue dans un imaginaire collectif. Je pense ainsi que si l’Algérie, jusqu’à présent du moins, a échappé au printemps arabe, ce n’est  pas avant tout du fait d’une  manne financière importante et aurait fait défaut aux pays qui ont connu des révoltes de grande ampleur.
Le facteur majeur, et dont l’effet a été renforcé par une redistribution effrénée de la rente, c’est l’état de la société civile, notamment l’absence de confiance sociale, et en corollaire les clivages et divisions qui empêchent l’émergence d’une alternative au régime politique actuel. Comment la rente agit-elle ? Elle permet simplement de maintenir un certain niveau de vie et d’assurer une distribution des richesses compatibles avec l’état actuel des rapports sociaux (et de l’état des institutions), et donc ne nécessitant pas leur chamboulement. Ceci signifie tout simplement que sans la rente, les algériens seraient dans l’obligation de transformer le fonctionnement de leur société, et donc le degré de confiance sociale notamment, pour parvenir à créer plus de richesse. Le régime a donc subtilement géré la crise, jusqu’ici, en usant de la rente et surtout en misant sur l’incapacité de la société à dépasser ses clivages pour créer un mouvement de protestation de grande ampleur à l’échelle du pays.
Cette incapacité de la société à construire une alternative crédible au régime politique actuel est bien évidemment renforcée par la perte de crédibilité des partis politiques et la dé-légitimation de l’action politique traditionnelle. Aucun des partis actuels n’est en mesure de rassembler suffisamment pour porter un nouveau projet de société, un nouveau contrat social. Les partis existants depuis plusieurs années, y compris les partis dits « islamistes », sont perçus comme des parties prenantes du régime ou des satellites. Les nouveaux partis sont également perçus comme tel car aucun ne s’oppose au régime. En fait, même dans le cas du combat politique, l’action se fait et se fera encore via l’informel, c’est à dire sans passer par des structures et canaux formels.
Pire, le fait que le politique ait été décrédibilisé a certainement engendré une situation où seuls des mouvements radicaux trouveront écho auprès de la population, parce que les forces progressistes qui ont une vision modérée de la forme que doit prendre une transition « démocratique » seront taxées de jouer le jeu du régime. Cette observation est très importante pour comprendre pourquoi non seulement l’idée que la mémoire collective est encore trop marquée par la décennie noire, mais également que l’on rate un élément important de la dynamique de l’implosion.
En effet, si l’on examine les chiffres du dernier recensement de 2010, on constate qu’environ 5 millions d’algériens ont entre 15 et 22 ans, et donc n’on pas connu avec acuité la période de violence des années 1990. Par contre, d’une part ils ont grandi dans une société violente, en proie à un perpétuel malaise social, en perte de repères et de valeurs, d’autre part ils auront reçu une faible éducation et une large fraction d’être eux sera soit dans l’informel soit au chômage. On peut donc estimer à quelques centaines de milliers le nombre de jeunes algériens qui, dans les années à venir, seront susceptibles d’être à ‘origine de troubles majeurs (d’ailleurs c’est déjà le cas, encore à une échelle supportable). Dans un contexte de manque de crédibilité des forces politiques, non seulement leur action ne pourra être que des plus violentes, mais seuls des mouvements politiques radicaux et informels pourront trouver un écho auprès d’eux.
Nous comprenons ainsi pourquoi la victoire, apparente, du régime est une victoire à la Pyrrhus. La confiance sociale est tellement basse et les rapports sociaux (au sens le plus large) étant façonnés par des institutions informels, il a largement contribué à engendrer une société difficilement réformable de façon pacifique.
La réalité de a situation est donc bien plus complexe que celle d’un statut quo rendu possible, ad vitam aeternam, par une abondance de ressources naturelles.
En fait, tout se passe comme si le pays était à bord d’un navire à la dérive, chacun refusant de regarder par dessus bord soit par peur d’affronter la réalité en face soit victime de cette arrogance donne l’illusion de détenir la vérité et de mieux connaître la réalité que tous les autres.
L’équilibre social dans lequel se trouve le pays est des plus instable et précaire. Instable signifie que, comme dans le cas de la Tunisie où le suicide d’un jeune a embrasé le pays, un événement de faible ampleur peut conduire à déstabiliser l’ensemble du pays. Précaire signifie que la situation sociale continuera à être délétère, faute de capacités et de volonté à mener les réformes structurelles nécessaires.
Enfin, il y a une observation fondamentale par laquelle j’aimerais terminer l’analyse de « la dynamique de l’implosion ». Les problèmes sociaux sont trop souvent imputés à un problème économique. C’est oublier que, comme le rappelle Amartya Sen (prix Nobel d’économie 1998), la liberté est une fin en soi, qu’elle n’est en aucun cas le luxe de l’homme riche. Comme ils l’expriment sur les réseaux sociaux ou lors de manifestations ou tout simplement lorsqu’on les interroge, les algériens aspirent à vivre plus dignement, à être acteurs de leur destin au lieu de le subir, et jouir de plus grandes libertés. On pourrait objecter que nombre d’algériens revendiquent simplement une part plus importante du « gâteau » pétrole, qu’ils souhaitent avant tout des postes de fonctionnaires et une distribution de logements etc. Certains demandent même un revenu permanent tiré de la rente.
A première vue on pourrait être tenté de penser qu’ils n’ont finalement pas de réelles revendications d’une plus grande liberté économique, d’opportunités de se réaliser par eux mêmes… Ce serait cependant oublier le contexte dans lequel s’expriment ces revendications. Ce contexte, décrit plus haut, est celui d’un pays ou l’Etat domine la société, réduit ses capacités d’action et tire ses revenus d’une rente. Fait important, les algériens considèrent que l’Etat n’agit pour l’intérêt général, mais qu’il est au contraire accaparé par des intérêts privés. En somme l’Etat n’est pas la partie au dessus de tout, le garant d’un contrat social, mais un acteur comme les autres. C’est dans ce contexte, particulier, que « le peuple » revendique une part plus importante de la rente, parce qu’il considère que ce qui ne lui revient pas est accaparé par des groupes d’intérêt privés.
Qui plus est, à l’heure des nouvelles technologies de l’information et des échanges incessants avec le reste du monde, les algériens sont davantage conscients du gâchis de leur potentiel, et de l’importance, sans aller jusqu’à parler de démocratie, d’avoir des gouvernants qui répondent de leurs actes devant le peuple.
J’aimerais conclure cette première partie par indiquer qu’en réalité l’Algérie a été touchée par le printemps arabe. Elle est en train de le vivre, à sa manière, avec un effet retard.  La dynamique  exposée plus haut ne peut pas conduire à autre chose qu’une implosion sociale. La seule incertitude porte en réalité sur le ou les évènements qui la déclencheront et le moment où cela surviendra. Pour enrailler cette dynamique, il faut  une solution qui prenne en compte sa nature, les facteurs qui la nourrissent. Tout le monde, ou presque, s’accorde à dire que la violence ne pourra permettre à l’Algérie de s’extraire de cette trappe de mal-développement dans laquelle elle semble piégée. L’histoire de l’Algérie montre malheureusement que le changement ne s’est jamais fait sans violence. Pourtant je reste convaincu qu’il existe une solution à même de renverser la tendance, de rompre avec le fatalisme, et de propulser l’Algérie sur les rails du progrès économique et social. L’urgence de la situation commande un consensus national sur le type de changement à mettre en œuvre. Le risque d’attendre encore ou de faire de mauvais choix est trop grand. Comme le dirait un ami qui a une connaissance intime de « la rue algérienne », jamais le risque de balkanisation de l’Algérie n’a été aussi grand.
Dans la deuxième partie de cet article, j’exposerai, avec toute l’humilité qu’un tel exercice commande, ce que j’estime être l’une des rares solutions pragmatiques qui puissent permettre au peuple algérien d’éviter le pire.
A suivre sur mon blog algerie-focus.com

[1] Voir mon essai « Algérie, l’impasse » aux éditions Publisud, décembe 2011
[2] Lire notamment le récent ouvrage de deux géants de l’économie du développement Daron Acemoglu et James Robinson  « Why nations fail » (crown Publishers, 2012), qui évoque notamment le printemps arabe.
Algérie Focus

FFS : “Le nombre de sièges obtenus permettra d'envisager l'avenir avec plus d’optimisme”

e nombre de sièges obtenus par le Front des forces socialistes (FFS) aux élections législatives du 10 mai 2012 va permettre à ses militants d'envisager l'avenir avec "plus d'optimisme", a indiqué le parti dans une déclaration rendue publique hier. "Le nombre de sièges obtenus par le FFS, grâce à la mobilisation des citoyennes et des citoyens, va permettre à ses militants d'envisager l'avenir avec plus d'optimisme", a souligné le parti dans sa déclaration sanctionnant une réunion de ses têtes de liste afin d'évaluer le dispositif électoral, de débattre la situation politique du pays et de définir les priorités du parti sur les plans politique et organisationnel. Le FFS, qui se considère, toutefois, "victime d'une spoliation des suffrages", a fait savoir qu'il a introduit dix recours au niveau du Conseil constitutionnel, ajoutant que "le manque de preuves matérielles (absence de PV de dépouillement dans plusieurs centres de vote en particulier) n'a pas permis d'en introduire davantage". "La capitalisation de l'élan de sympathie suscitée par la campagne électorale est l'une des priorités de notre parti en vue des prochaines échéances", a souligné, en outre, la même source, indiquant que "cela se matérialisera par des efforts d'organisation dans toutes les régions du pays". Le FFS a annoncé, dans ce cadre, que des rencontres régionales seront organisées les 1er et 2 juin prochains à Constantine, Oran et Ghardaïa, appelant les militants et les citoyens "à poursuivre leurs efforts pour réhabiliter le politique et imposer le changement". Par ailleurs, le FFS a estimé que "le dispositif électoral mis en place par le pouvoir a fait échec au scénario de la polarisation du champ politique en islamistes/anti-islamistes". "Il reste que la production d'une majorité FLN (...) ne favorisera pas la transition vers la démocratie et ne modifie pas de façon significative les donnes politiques dans le pays", selon la déclaration du FFS signée par son premier secrétaire national, M. Ali Laskri. "Amorcer un processus de transition suppose, a poursuivi le FFS, une conduite plus cohérente de la part des forces politiques", appelées à faire de "la réhabilitation du politique la priorité". "L'objectif politique du FFS, depuis sa fondation, est de réhabiliter le politique comme mode de gestion et de résolution pacifique des conflits", est-il rappelé dans la déclaration. Pour le FFS, "face à l'état de démobilisation, de démoralisation et de dépolitisation de la société, le rétablissement de la confiance dans le politique est une condition sine qua non. Sans cela, nous n'aurons pas de représentation nationale incontestée et incontestable". Commentant les résultats du scrutin législatif, le FFS a considéré que "la multiplication des listes électorales a favorisé l'élimination d'un nombre important de voix" et que "l'Administration est restée maître de la direction des opérations électorales". Pour ce même parti, les forces politiques du pays "doivent, à l'occasion des échéances électorales à venir, déployer plus d'efforts pour imposer le contrôle du processus électoral à toutes les étapes, en particulier au moment de l'établissement des procès-verbaux des résultats". Le FFS a indiqué, à cet égard, qu'une coordination entre les participants à ces échéances sera "nécessaire".
 

Conseil constitutionnel 165 recours déposés


Cent soixante-cinq (165) recours relatifs aux résultats des élections législatives ont été déposés, au terme du délai légal, auprès du Conseil constitutionnel par des candidats et partis ayant participé au scrutin du 10 mai 2012, a-t-on appris, hier, de source proche de cette institution.
Des partis politiques et des candidats libres, « même parmi ceux qui ont obtenu un bon résultat » aux élections, ont déposé des recours pour divers motifs, a indiqué à l’APS la même source. Le Conseil constitutionnel rendra publiques, dans un communiqué, les décisions prises quant à ces recours, a-t-elle ajouté. Contactées par l’APS jeudi, la majorité des formations politiques, y compris le parti qui a réalisé le meilleur score aux législatives, le Front de libération nationale (FLN), ont confirmé avoir déposé des recours devant le Conseil constitutionnel. La loi organique portant régime électoral donne le droit à tout candidat aux élections législatives ou parti politique ayant présenté des listes de candidats à ces élections de contester la régularité des opérations de vote en introduisant un recours. La requête en question doit être déposée dans les quarante-huit (48) heures qui suivent la proclamation des résultats. Le règlement fixant les règles de fonctionnement du Conseil constitutionnel stipule que ce dernier arrête et proclame les résultats des opérations de vote des élections législatives. Il statue sur les recours le concernant dans les formes et délais prévus par la loi organique relative au régime électoral. Passé ce délai, le Conseil constitutionnel statue, selon le même règlement, sur le recours dans les trois (3) jours. S’il estime le recours fondé, il peut, par décision motivée, soit annuler l’élection contestée, soit reformuler le procès-verbal des résultats établis et proclamer le candidat qui est régulièrement élu. La Constitution énonce que la législature débute de plein droit le dixième jour suivant la date d’élection de l’Assemblée populaire nationale, sous la présidence de son doyen d’âge assisté des deux députés les plus jeunes. Les législatives du 10 mai 2012 ont vu le parti du FLN arriver en tête avec 221 sièges, suivi du Rassemblement national démocratique (RND) avec 70 sièges et de l’Alliance de l’Algérie verte avec 47 sièges, selon les résultats annoncés mardi dernier par le Conseil constitutionnel. Les 462 sièges de l’APN, qui en comptait que 389 auparavant, seront répartis entre 27 partis politiques, dont 9 nouvellement agréés, et députés indépendants. La future APN comptera 6 groupes parlementaires, 143 femmes députés et verra le retour du plus vieux parti de l’opposition, le Front des forces socialistes (FFS), qui avait boycotté successivement les législatives de 2002 et de 2007.
Horizons

mercredi 16 mai 2012

L’attente des jeunes


Que faut-il faire pour mobiliser cette masse de jeunesse qui constitue l’essentiel de la société ? Si le taux d’abstention dépasse les 57 % du corps électoral, la part de la jeunesse y est importante. Ces jeunes sont-ils indifférents à la chose politique ? Il y en a sûrement qui le sont, mais la majorité a pris position de ne pas voter parce qu’elle se sent exclue, parce qu’elle ne se reconnaît pas dans la politique menée jusque-là, parce que ses rêves, ses désirs, sont interdits par une génération de politiques moralistes, paternalistes et dépassés par les événements et par les besoins de la jeunesse. Au-delà de l’emploi, du logement, les jeunes veulent vivre, s’amuser, se distraire. Mais ils n’ont que les rues et les murs des villes et villages qui leur sont offerts. La jeunesse algérienne étouffe dans son propre pays. C’est pourquoi elle rêve d’aller ailleurs. Si la harga est un mythe, si l’ailleurs l’est aussi, que propose-t-on eux jeunes pour aimer leur vie, pour aimer leur environnement, pour se sentir concernés par la politique et les élections ? Les jeunes veulent travailler pas seulement pour s’assurer une vie décente au plan matériel, mais aussi pour pouvoir vivre, s’amuser et se payer des vacances, se payer des souvenirs.
Les jeunes ont besoin d’espaces de liberté pour dépenser leur énergie débordante. Ils ont besoin de lieux de détente de proximité, dans tous les quartiers, dans toutes les villes et villages, où ils puissent pratiquer le sport, vivre la culture, faire ce qu’ils aiment : la musique, le théâtre, la danse, le cinéma, et se familiariser avec tous les arts qu’ils affectionnent. Les maisons de culture sont devenues des administrations. Les maisons de jeunes sont devenues infréquentables et lugubres. Les terrains vagues qui servaient de stades aux jeunes de quartiers sont squattés par des affairistes. Les salles de cinéma ont dépéri. Que reste-t-il aux jeunes à part l’ennui, le stress, la colère, la violence et la drogue ?Les vieux politicards ont oublié qu’ils ont été jeunes et ont perdu le goût de la jeunesse et de ses douces folies. L’Algérie est  le pays de la jeunesse qui meurt d’ennui.
A. G. 

Le Conseil constitutionnel proclame les résultats La large victoire du FLN confirmée, 43,14 % de participation


Actualisé le 16/05/2012 à 10 h 15 avec communiqué intégral du Conseil constitutionnel –
Le Conseil constitutionnel a proclamé, ce mardi 15 mai, les résultats définitifs des élections législatives du 10 mai. La large victoire du FLN a été confirmée. L’ancien parti unique domine la nouvelle Assemblée, avec 221 sièges. Le RND obtient 70 sièges. L’Alliance de l’Algérie verte arrive en troisième position, avec seulement 47 députés. Le FFS est quatrième avec 21 sièges. 
Le taux de participation globale est passé à 43,14 %. Ce taux était de 42,36 % lors des résultats préliminaires annoncés vendredi par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Dahou Ould Kablia.
 
 
Les chiffres des élections :
 
- Nombre d'électeurs inscrits : 21 645 841
- Nombre de votants: 9 339 026
- Taux de participation globale: 43,14 %
- Nombre de suffrages exprimés: 7.634.979
- Nombre de bulletins nuls: 1 704 047
 
Nombre de sièges obtenus par liste:   
                                                                   
1- Front de Libération nationale (FLN):  221       
2- Rassemblement national démocratique (RND): 70         
3- Alliance de l'Algérie verte (AAV):  47         
4- Front des Forces Socialistes (FFS):  21         
5- Indépendants: 19                  
6-  Parti des travailleurs (PT): 17               
7- Front national algérien (FNA): 09       
8- Front pour la Justice et le Développement (Addala): 07                  
9- Mouvement populaire algérien (MPA): 06       
10- Parti El Fedjr El Jadid (PFJ): 05       
11- Parti national pour la solidarité et le développement (PNSD): 04     
12- Front du changement (FC): 04 
13- Ahd 54: 03 
14- Alliance nationale républicaine (ANR): 03  
15- Front national pour la justice sociale (FNJS): 03 
16- Union des Forces démocratiques et sociales (UFDS-El Ittihad): 03  
17- Rassemblement algérien (RA): 02 
18- Rassemblement patriotique républicain (RPR):  02
19- Mouvement national de l'Espérance (MNE):  02
20- Front El Moustakbel (FM): 02        
21- Part El Karama: 02      
22- Mouvement des Citoyens Libres (MCL): 02        
23- Parti des Jeunes: 02
24- Parti Ennour El Djazairi: 02    
25- Parti du renouveau algérien (PRA): 01  
26- Front national démocratique (FND): 01 
27- Front national des indépendants pour la concorde (FNIC): 01 
28- Mouvement El Infitah (ME): 01
 
 
Communiqué intégral du Conseil constitutionnel

Le Conseil constitutionnel a proclamé mardi à Alger  les résultats définitifs et officiels de l'élection des membres de l'Assemblée populaire nationale (APN) dont le scrutin s'est déroulé le 10 mai 2012. Voici  le texte intégral.
 
« Le Conseil constitutionnel,  
les membres rapporteurs entendus,          
Après délibération,          
Vu les dispositions de la Constitution, notamment son article 98, 101  alinéa 1 et 102 alinéa 2,        
Vu la loi organique du 12 janvier 2012 relative au régime électoral,
Vu la loi organique du 12 janvier 2012 fixant les modalités augmentant  les chances d'accès de la femme à la représentation dans les assemblées élues,
 
Après avoir pris connaissance des procès-verbaux de centralisation des votes établis par les commissions électorales de wilayas et la commission électorale  chargée du vote des citoyens algériens résidant à l'étranger,
 
Après examen et vérification de ces procès-verbaux et après constatation  des documents annexés, conformément aux dispositions des articles 153 et 159  de la loi organique relative au régime électoral,

Après avoir rectifié les erreurs matérielles constatées et introduit quelques modifications nécessaires et arrêté les résultats :

Premièrement : proclame les résultats des élections législatives qui ont eu le 10 mai 2012 comme suit :
Électeurs inscrits : 21 645 841
Électeurs votants : 9 339 .026
Taux de participation : 43,14 %
Suffrages exprimés : 7 634 979
Bulletins nuls : 1.704.047
 
Les listes ayant remporté l'élection sont classées en fonction des voix recueillies et des sièges obtenus, selon l'ordre ci-après :
1-Listes du Front de libération nationale          
Nombre de suffrages recueillis : 1 324 363          
Nombre de sièges obtenus : 221
2-Listes du Rassemblement national démocratique          
Nombre de suffrages recueillis : 524 057          
Nombre de sièges obtenus : 70
3-Listes du l'Alliance Algérie verte          
Nombre de suffrages recueillis : 475 049
Nombre de sièges obtenus      : 47
4-Listes du Front des Forces socialistes          
Nombre de suffrages recueillis : 188 275          
Nombre de sièges obtenus : 21
5-Listes des Indépendants          
Nombre de suffrages recueillis : 671 190        
Nombre de sièges obtenus : 19
6-Listes du Parti des Travailleurs
Nombre de suffrages : recueillis : 283 585          
Nombre de sièges obtenus ::  17
7-Listes du Front national algérien          
Nombre de suffrages recueillis : 198 544          
Nombre de sièges obtenus : 09
8-Listes du Front pour la Justice et le Développement (ADDALA)
Nombre de suffrages recueillis : 232 676          
Nombre de sièges obtenus : 07
9-Listes du Mouvement populaire algérien          
Nombre de suffrages recueillis : 165 600          
Nombre de sièges obtenus :  06
10-Listes du Parti El-fedjr El-Jadid          
Nombre de suffrages recueillis : 132 492          
Nombre de sièges obtenus : 05
11-Listes du Parti national pour la Solidarité et le Développement
Nombre de suffrages recueillis : 114 372          
Nombre de sièges obtenus : 04
12-Listes du Front du Changement          
Nombre de suffrages recueillis : 173 981          
Nombre de sièges obtenus : 04
13-Listes AHD 54          
Nombre de suffrages recueillis : 120 201
Nombre de sièges obtenus : 03
14-Listes de l'Alliance nationale républicaine          
Nombre de suffrages recueillis : 109 331          
Nombre de sièges obtenus : 03
15-Listes du Front national pour la Justice sociale          
Nombre de suffrages recueillis : 140 223          
Nombre de sièges obtenus : 03
16-Listes de l'Union des Forces démocratiques et Sociales
Nombre de suffrages recueillis : 114 481          
Nombre de sièges obtenus : 03
17-Listes du Rassemblement algérien          
Nombre de suffrages recueillis : 117 549          
Nombre de sièges obtenus :       02
18-Listes du Rassemblement patriotique républicain          
Nombre de suffrages recueillis : 114 651          
Nombre de sièges obtenus : 02
19-Listes du Mouvement national d'Espérance          
Nombre de suffrages recueillis : 119 253          
Nombre de sièges obtenus : 02
20-Listes du Front El-Moustakbel          
Nombre de suffrages recueillis : 174 708          
Nombre de sièges obtenus : 02
21-Listes du Parti El-Karama          
Nombre de suffrages recueillis : 129 427          
Nombre de sièges obtenus : 02
22-Listes du Mouvement des citoyens libres          
Nombre de suffrages recueillis : 115 631          
Nombre de sièges obtenus : 02
23-Listes du Parti des Jeunes          
Nombre de suffrages recueillis : 102 663          
Nombre de sièges obtenus : 02
24-Listes du Parti Ennour El Djazairi          
Nombre de suffrages recueillis : 48 943          
Nombre de sièges obtenus : 02
25-Listes du Parti du Renouveau algérien          
Nombre de suffrages recueillis : 111 218          
Nombre de sièges obtenus : 01
26-Listes du Front national démocratique          
Nombre de suffrages recueillis : 101 643          
Nombre de sièges obtenus : 01
27-Listes du Front national des Indépendants pour la concorde
Nombre de suffrages recueillis : 107 833          
Nombre de sièges obtenus : 01
22-Listes du Mouvement El-Infitah          
Nombre de suffrages recueillis : 116 384          
Nombre de sièges obtenus : 01

Deuxièmement : La présente proclamation sera publiée au Journal officiel  de la République algérienne démocratique et populaire, à laquelle seront annexés  les tableaux relatifs à la liste des candidats élus à l'Assemblée populaire  nationale, au nombre de voix obtenues par chaque liste et le taux de leur représentation  à l'Assemblée populaire nationale, ainsi que les résultats détaillés du scrutin  dans l'ensemble des circonscriptions électorales.
 
Troisièmement : Conformément à l'article 166 de la loi organique relative  au régime électoral sus visée, tout candidat aux élections législatives ou parti  politique ayant participé à ces élections, a le droit de contester la régularité  des opérations de vote en introduisant un recours par simple requête à déposer au greffe du Conseil constitutionnel dans les quarante-huit (48) heures qui suivent la proclamation des résultats.
         
Le député dont l'élection est contestée, a aussi le droit de produire  des observations écrites, en réponse à la requête de contestation, dans un délai  de quatre jours, à compter de la date de notification du recours par le Conseil  constitutionnel. Passé ce délai, le Conseil constitutionnel statue sur le recours dans les trois (3) jours, conformément aux dispositions de l'article 166 de la loi  organique relative au régime électoral sus visée.          
 
Le Conseil constitutionnel peut par décision motivée, soit annuler l'élection  contestée soit formuler le procès verbal des résultats et proclamer le candidat  qui est régulièrement élu. »


 TSA

mardi 15 mai 2012

Après les législatives , urgence d’approfondir la réforme globale


Après les élections législatives, le président de la République dans son discours du 08 mai 2012 à Sétif  a promis de mener des réformes de structures  dont la première étape sera la  révision  constitutionnelle. Cependant, pour son efficacité, le texte fondamental doit se projeter  sur l’avenir dont je ne tracerai que huit axes  directeurs mais stratégiques ,  devant   dépasser l’ancienne culture de l’unique dépense monétaire,  grâce à la rente des hydrocarbures,  pour  améliorer la gestion et éviter  ses impacts mitigés  et ces  surcoûts exorbitants. Nous ne pouvons pas ne pas reconnaître le décalage qui existe entre les potentialités que recèle l’Algérie, et elles sont énormes,  et le niveau de développement loin des attentes que le pays a atteint après plusieurs décennies d’indépendance : 98% d’exportation d’hydrocarbures et important 70/75% des besoins des ménages et  des entreprises publiques et privées. Étant différées, les réformes  seront douloureuses d’où l’urgence d‘une austérité partagée et d’une moralité sans faille de ceux qui auront à diriger la Cité.
1- L’Algérie doit  engager de véritables réformes structurelles  et notamment  les véritables réformes  du  système politique, centre névralgique de la résistance au changement et à l’ouverture, en choisissant clairement entre un  régime parlementaire ou présidentiel afin de responsabiliser les  acteurs politiques.
2- De réaliser  la réforme  de la justice par l’application et l’adaptation du Droit, par la lutte contre la corruption  qui se socialise  devenant un danger pour la sécurité nationale.
3- Les réformes du  système éducatif, centre d’élaboration et de diffusion de la culture et de l’idéologie de la résistance au changement et à la modernisation du pays misant sur le nombre au détriment de la qualité et perpétuant un système socio-éducatif non adapté.
4-De procéder   aux réformes  du  secteur des hydrocarbures, source de rente et objet de toutes les convoitises et de l’agriculture par une nouvelle politique foncière et une  politique de gestion de l’eau.
 5- Facteur de cohésion sociale il s’agira  d’avoir une   nouvelle gestion des stratégies sociales, impliquant une réforme de la gestion des caisses de retraite et de la sécurité sociale.
 6-De s’attaquer à la  réforme  du système financier qui est un préalable essentiel à la relance de l’investissement  national et étranger, les banques publiques et privées étant au cœur d’importants enjeux de pouvoir entre les partisans de l’ouverture et ceux de préservation des intérêts de la rente, étant considérée, à juste titre, comme l’indice le plus probant de la volonté politique de l’Etat algérien d’ouvrir ou non l’économie nationale à la libre entreprise.
7-D’ intégrer  la sphère informelle qui contrôle 40% de la masse monétaire en circulation et 65% des segments des produits de première nécessité.
8-  Et enfin d’adapter  l’Algérie aux nouvelles mutations mondiales  dont les impacts de l’Accord d’association avec l’Europe applicable depuis le 1er septembre 2005 et son éventuel adhésion à l’organisation mondiale du commerce (OMC),   dans le Maghreb, qui est le pont entre l’Europe et l’Afrique, son espace social naturel.
En résumé, il s ‘agira  de préparer  l’après hydrocarbures  avec cet épuisement inéluctable des réserves du pétrole dans 14/15 ans, du gaz conventionnel  dans 20/25 ans au moment où la population algérienne dépassera 40 millions sans hydrocarbures. Cela relève de la sécurité nationale.
En effet, du fait des importants bouleversements géostratégiques mondiaux  qui s’annoncent entre 2015/2020,  l’Algérie qui traverse une phase cruciale de son histoire a besoin qu’un regard critique et juste soit posé sur sa situation, sur ce qui a déjà été accompli et sur ce qu’il s’agit d’accomplir encore au profit exclusif d’une patrie qui a besoin de    réunir tous ses enfants autour d’une même ambition et d’une même espérance : un développement harmonieux, conciliant, avec une efficacité économique et une vraie justice sociale.
Dr  Abderrahmane MEBTOUL

Résultats du scrutin : entre déception de partis politiques et insistance sur le travail dans le camp de l’opposition


Plusieurs partis politiques ont exprimé dimanche leur déception à l’égard des résultats préliminaires des élections législatives du jeudi 10 mai 2012, alors que d’autres ont assuré qu’ils continueraient après le scrutin de militer dans l’opposition.
Selon les résultats préliminaires des législatives annoncés vendredi, le parti du Front de libération nationale (FLN) est arrivé en tête de classement avec 220 sièges à pourvoir dans l’Assemblée populaire nationale (APN), suivi du Rassemblement national démocratique (RND) avec 68 sièges et de l’Alliance de l’Algérie verte (AAV) qui a obtenu 48 sièges.
Pour l’AAV (MSP, Ennahda et El Islah, ces résultats "portent un coup aux réformes" politiques initiées en 2011 par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et constituent une "confiscation de la volonté du peuple algérien aspirant à la réforme".
Les résultats annoncés "sont en contradiction avec la réalité politique des urnes", a encore estimé l’Alliance pour qui "l’échec dans l’organisation d’élections libres, transparentes et crédibles porte un coup aux promesses du président de la République".
La déception à l’égard des résultats préliminaires des législatives n’a toutefois pas empêché cette alliance entre trois partis de la mouvance islamiste, de se considérer comme "la première force politique du pays" et d’appeler ses militants à "poursuivre la marche de l’Algérie verte qui a démarré avec les prémices du printemps démocratique différé en Algérie".
De son côté, le parti de la Liberté et de la Justice (PLJ), qui n’a obtenu aucun siège à l’APN, a trouvé les premiers résultats du vote "en deçà des aspirations" du peuple. "Les résultats proclamés sont en deçà des aspirations du peuple à la réhabilitation des vertus de la morale, de la compétence dans la gestion de la chose publique", a déclaré le président du parti Mohamed Said.
Ce dernier considère que ces résultats sont "en faveur du statu quo, brouillent les cartes et constituent une surprise dont les répliques risquent d’être dangereuses". Sans contester le score réalisé par le parti du FLN, le premier responsable du PLJ s’est interrogé sur ’’le miracle’’ qui avait permis à ce parti de "rester la première force politique au Parlement".
A l’instar du PLJ, le Mouvement des citoyens libres (MCL), qui a obtenu 2 sièges à l’APN, a estimé que les dernières législatives ne reflétaient pas la volonté du peuple algérien qui espérait un "changement tangible".
Le président du MCL, Mustapha Boudina, a déclaré que "plusieurs violations ont été relevées lors de cette opération électorale. Dès le départ, les chances et les moyens n’étaient pas égaux". Il a soutenu que "les résultats ont été gonflés au profit de certains partis", sans plus de détails. Déçu par les résultats du vote et du score de son parti, agrée en mars dernier, M. Boudina en est venu à regretter d’y avoir participé.
Le parti Ahd 54, qui a arraché 3 sièges à l’APN, n’est pas en reste. Son président, Ali Faouzi Rebaïne, s’est en effet dit "mécontent" des résultats du scrutin qui a "décrédibilisé la seule voie pacifique permettant le changement et l’édification d’institutions élues à même de gagner la confiance du citoyen".
M. Rabaïne a d’autre part mis en doute "la véracité du taux de participation" aux législatives (42,36%) tel qu’annoncé par le ministre de l’Intérieur, se fondant en cela sur "certains dépassements" enregistrés par les représentants de son parti dans des bureaux de vote, affirmant "en détenir les preuves". Toutefois, Ahd 54 continuera, selon son président, à militer au sein de "l’opposition" afin que la scène politique nationale "ne reste pas vide".
Le Parti de l’Equité et de la proclamation (PEP), qui n’a obtenu aucun siège à l’APN, continuera à militer en "créant des alliances avec des formations politiques partageant les mêmes objectifs dont la consécration de la démocratie", a déclaré sa présidente, Naima Salhi.
Aux yeux de Mme Salhi, les premiers résultats des législatives reflétaient "l’absence d’une volonté politique de changement". Sans fournir de preuves, la présidente du PEP a soutenu que son parti, nouvellement agrée, a relevé "plusieurs dépassements lors du scrutin".
Par ailleurs, la déception de ces partis à l’égard des résultats des élections législatives tranche radicalement avec les réactions de plusieurs pays, notamment les Etats-Unis, la Russie, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie, la Tunisie et le Qatar qui ont salué le déroulement "honnête" et "transparent" du scrutin, supervisé par un nombre "important" d’observateurs étrangers.
APS

vendredi 11 mai 2012

Législatives 2012 : 145 femmes dans la future APN (résultats préliminaires)

ALGER - Les femmes ont remporté 145 sièges dans la future Assemblée populaire nationale (APN), soit 31,38% des 462 sièges à pourvoir, selon les résultats préliminaires annoncés vendredi par le ministre de l’Intérieur et des collectivités locales, Daho Ould Kablia.

Les candidates du parti du Front de libération nationale (FLN) se sont adjugées la meilleure part avec 68 sièges sur les 220 remportés par le parti qui frôle ainsi la majorité absolue aux élections de jeudi.

Les candidates du Rassemblement national démocratique (RND) arrivent en deuxième position en obtenant 23 sièges.

Les élues de l’Alliance de l’Algérie verte (AAV), qui comprend les Mouvements de la société pour la paix (MSP), El-Islah et Ennahda, arrivent en troisième position avec 18 sièges.

Les représentantes du Parti des travailleurs se classent en quatrième position avec 10 sièges sur les 20 décrochés par leur formation. Aux législatives de 2007, les femmes avaient remporté 31 sièges sur les 389 sièges de l’APN.

Résultat des législatives algériennes 2012: les femmes à l'honneur


Chafia Mentalechta élue député de la Zone 1 France Nord de l'Union des Forces Démocratiques et sociales

La démocratie algérienne a rendue son verdict, la parité s'installe à l'Assemblée Populaire Nationale, les femmes obtiennent 145 sièges sur 462 à pourvoir aux élections législatives du 10 mai 2012.

jeudi 10 mai 2012

Sans Transition - Algérie: Législatives 2012

PODCASTS Sans Transition - Algérie: Législatives 2012


Invités:
- Oualid Cherif, Consul de Bobigny
- Naima Iratini, de l'association Maison d'ALgérie
- Chafik Abidi, journaliste


800 000 électeurs se présentent aux urnes ici en France pour choisir les 4 députés qui vont les représenter dans la prochaine Assemblée populaire.

23 formations sont en lice ici en France, des candidats confrontés à de nombreux problèmes pour organiser leur campagne et surtout se faire connaître auprès des ressortissants algériens.

Les moyens mobilisés pour ce scrutin sont en deçà des besoins ce qui rend la mission des autorités consulaires algériennes bien complexe reconnaît le Consul de Bobigny invité de « Sans Transition ».



Élections législatives en France Nouvelles précisions de Samir Bouakouir, candidat du FFS


Dans un souci de transparence vis‑à‑vis de vos lecteurs, je vous saurai gré de bien vouloir publier ces précisions.
En effet, le consul d’Algérie ne répond pas à la principale préoccupation que j’ai exprimée dans vos colonnes, à savoir la distribution par les représentants du FLN de tracts pendant les opérations de vote et à l’intérieur même de certains consulats ou d’inciter, comme au consulat de Nanterre, les citoyens, au moment d’accomplir leur devoir électoral, à voter pour la liste FLN.  
 
Par ailleurs, il reproche à mon représentant d’avoir demandé le taux de participation à la fin de la journée. Un « délit de transparence » qui  a mobilisé plus de la moitié du communiqué !
 
Enfin, le consul d’Algérie à Nanterre me reproche de n’avoir pas été factuel dans mon communiqué. Je n’avais pas estimé pour ma part, devant la gravité des faits, qu’il y avait besoin de rentrer dans les détails.
 
Faut‑il que je rappelle à ce représentant de l’État Algérien à l’étranger que de telles atteintes aux lois et règlements et à l’exigence d’impartialité de l’Administration martelée à plusieurs reprises par le chef de l’État, sont passibles de lourdes sanctions ?
 
Ces violations flagrantes et assumées du droit de nos compatriotes à élire, sans pressions ni intimidation ou menaces, leurs représentants relèvent du "crime politique". Cinquante ans après l’indépendance, au moment où se joue l’avenir de notre pays, ces pratiques scélérates nous conduisent tout droit au chaos.
 
Au‑delà de la personne du consul, c’est tout un système basé sur le mépris, l’arrogance et le viol des consciences qui vacille et accentue les risques d’implosion et d’ingérences extérieures.
 
Pour revenir aux faits, au‑delà des grossiers mensonges et de la vulgarité, je vous livre ci‑dessous les témoignages tels qu’ils seront remis à qui de droit :
 
Témoignage de monsieur Abdelkader Zerrou
 
« Le mercredi 8 mai 2012, vers 16 h 45, j'ai surpris le représentant du FLN en train de conseiller un votant visiblement indécis et je l'ai interpellé en lui rappelant que ce n'était pas son rôle ; et là, le consul s’est déchaîné contre moi tel un barbouze en usant d'un ton menaçant, essayant de retourner la situation contre moi.
 
Quelques minutes plus tard, un agent portant un badge du consulat est venu m'intimer l'ordre de rentrer dans un bureau, je lui ai rappelé que je suis représentant du FFS dans l'ensemble du centre. Il insista encore en m'intimidant. J'ai alors pris à témoin le consul et je l'ai informé que j'allais en référer au parti car de tels comportements étaient inacceptables. Pour toute réponse, j’ai eu droit à "Dir wach theb".
 
Ayant une urgence familiale, j’ai appelé mon camarade Hamid Belkaid, dûment accrédité pour l’observation. »
 
 
Témoignage de monsieur Hamid Belkaid
 
« Le mercredi 8 mai 2012, à la fermeture du bureau de vote, J'ai demandé le nombre de votants du bureau 1 et 2, et non pas le taux de participation comme stipulé dans la réponse du consul. Ce dernier a refusé. J'ai insisté en lui indiquant qu’il serait opportun de connaître le nombre de bulletins inscrits sur l'urne avant de signer le PV. Il s'est montré catégorique, puis il m'a dit "belaâ foumek", je lui répondu qu’il n’avait pas le droit, en tant que diplomate, d’user de ce genre de langage. Il m'a ensuite menacé, puis c'est un autre fonctionnaire qui me répéta la même chose (belaâ foumek). »
 
Par ailleurs, en dehors des militants FFS, de nombreux témoignages, pour certains déjà publiés par la presse algérienne, font état de distribution de tracts à l’intérieur des consulats par les représentants du FLN. Pour notre part, nous avons réalisé des photos et des vidéos pour les remettre à qui de droit et les mettre si nécessaire en ligne sur le Net et les réseaux sociaux.
 
Enfin, votre consulat étant par ailleurs équipé d’un système de vidéosurveillance, je vous mets au défi de procéder au visionnage en présence de la presse.
 
 
*Représentant du FFS à l’étranger, candidat de la Zone 1