lundi 19 mai 2014

Le Président Bouteflika rend hommage aux sacrifices des étudiants algériens durant le Guerre de libération

Le Président Bouteflika rend hommage aux sacrifices des étudiants algériens durant le Guerre de libération

Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika a rendu hommage aux lourds sacrifices consentis par les étudiants algériens durant la Guerre de libération pour le recouvrement de la souveraineté nationale et la libération du pays du joug colonial.
"A tous ces étudiants qui ont grandement contribué à la libération de l'Algérie et au recouvrement de sa gloire, à ces étudiants qui ont sacrifié leur vie pour que vive l'Algérie digne et sereine, aux étudiants martyrs et à leurs compagnons d'armes, j'exprime ma profonde gratitude et toute ma reconnaissance en cette journée mémorable", a souligné le président Bouteflika dans un message aux étudiants, lu en son nom par M. Mohamed Ali Boughazi, conseiller auprès de la Présidence de la République, lors d’une rencontre organisée lundi à l’université Hadj-Lakhdar de Batna, à l'occasion de la journée nationale de l'étudiant (19 mai).
La journée nationale de l'étudiant "nous renvoie à un parcours exaltant, riche d'enseignements et empreint de valeurs d'abnégation et de don de soi, propres aux Algériens, des valeurs dont nous nous imprégnons aujourd'hui pour mieux répondre aux aspirations de notre peuple à un avenir meilleur où règnent progrès, stabilité et bien être", a écrit le Chef de l'Etat.
"Par la célébration de cet anniversaire, l'Algérie entend exprimer son attachement et son profond respect de la mémoire collective nourrie et façonnée par ses enfants, toutes générations confondues", a-t-il ajouté.
"Fidèles que nous sommes au serment des chouhada, nous voulons, pour notre part, mettre en avant l'attachement des Algériens à leur Patrie et leur souci de préserver son unité et sa cohésion, sa dignité et sa fierté", a soutenu le président de la République.
Par ailleurs, le président Bouteflika a rappelé les choix fondamentaux adoptés par l'Algérie après le recouvrement de sa souveraineté nationale, à savoir la garantie de la gratuité de l'enseignement et la consécration du principe d'égalité des chances dans tous les cycles d'enseignement.
"L'Etat n'a ménagé aucun effort pour ouvrir de larges perspectives à la formation des étudiants en mettant à leur disposition tous les moyens d'accès aux connaissances scientifiques et au savoir-faire, capital intellectuel à même de leur permettre de relever les défis, en toute assurance, pour répondre aux exigences d'un monde en mutation rapide, qui repose sur deux pivots: une compétitivité renforcée et structurée et la haute qualité des performances", a conclu le président de la République.

APS

jeudi 8 mai 2014

8 Mai 1945 : De part et d’autre de la méditerranée, une histoire franco-algérienne

8 mai 1945
 
Jour de victoire en France, pour l’Algérie la 8 mai est un jour de deuil. Si le jour est férié en France, c’est parce qu’il célèbre la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Pour l’Algérie, le 8 mai 45 est la triste date où débutent les massacres d’une violence inouie. Ironie de l’histoire, ces deux événements, l’un symbolisant un pas vers la paix, l’autre une régression totale de l’humanité, pourtant le même jour, sont intrinsèquement liés.
Férié en France, le 8 Mai 1945 est un jour de fête. Il célèbre la capitulation de l’Allemagne Nazi de Hitler, mais surtout la fin d’une guerre  terriblement violente en Europe. Si le 8 Mai marque un tournant majeur dans la 2ème guerre mondiale, cette date ne désigne cependant pas l’arrêt total des combats, puisque la guerre contre le Japon durera encore quelque mois, jusqu’aux abominations commises à Hiroshima et Nagasaki.
capitulation
De la scène de liesse à une répression sanglante
Les massacres de Sétif, de Guelma et de Kherrata ont commencé le 8 mai 1945. Pendant plusieurs semaines, l’armée française se livrera à des massacres terribles entraînant la mort de milliers d’algériens, principalement à Sétif, Guelma et Kherrata.
En mai 1945, l’Algérie est un département français. Le 8 Mai 1945, alors que des défilés sont organisés pour fêter la capitulation allemande, des milliers de personnes défilent pacifiquement pour célébrer la fin de la guerre en Europe. Parmi les personnes rassemblées figurent des drapeaux français et algériens, des slogans en faveur de la libération de l’indépendantiste Messali Hajd fusent. Les autorités françaises n’apprécièrent pas ces signes d’indépendance et réclamèrent que les banderoles patriotiques et les drapeaux algériens ne soient pas arborés.
La manifestation va alors déborder lorsqu’un policier tire sur un jeune algérien, un tir qui lui est fatal. Suite à ça, les manifestants sont pris de panique et des émeutes éclatent causant la mort d’une centaine d’Européens.
Des représailles disproportionnées et punitives vont alors avoir lieu faisant un nombre innombrable de victimes algériennes. Selon les autorités françaises de l’époque, le bilan a été de 1 165 morts. Mais un rapport des services secrets américains a annoncé un bilan de 17 000 morts. Quant au gouvernement algérien, il avance un chiffre de 45 000 morts. Selon les historiens, il y aurait eu entre 8 000 et 20 000 morts. Certains parlent ainsi de « génocide ».  Le 8 Mai 1945, la télévision française de l’époque n’en parlera pas, préférant taire ce massacre qui causa la mort de milliers d’algériens.
8 mai
Espoirs déçus
À cette époque, Ferhat Abbas et Messali Hadj notamment entretiennent l’espoir d’une reconnaissance algérienne et de leur désir d’indépendance. Ces espoirs seront dramatiquement déçus par les événements de Sétif.
Malgré la contribution algérienne à la victoire due à leur participation à la guerre mondiale, les algériens n’auront aucune reconnaissance. Leurs aspirations à l’indépendance ne sont que désillusions. Rien de plus évocateur que les massacres le démontrent. Leurs revendications d’indépendance ne seront pas entendues. Ainsi, les massacres de Sétif indiquent les prémices de la guerre d’indépendance qui verra le jour 10 ans plus tard.
messali hadj
Une reconnaissance peu assumée
“Une tragédie inexcusable” avait déclare Michel Barnier en 2005, ministre des Affaires étrangères français de l’époque. Une première toutefois pour un membre du gouvernement français. Pour l’historien Benjamin Stora, le prix de la réconciliation ne peut être que la reconnaissance de ce que certains qualifient de « génocide ».
hollande bouteflika
Ces événements dramatiques marqueront à jamais l’histoire commune de l’Algérie et de la France. Comme l’a souligné en 1974 Abdelaziz Bouteflika “les relations entre la France et l’Algérie peuvent être bonnes ou mauvaises, en aucun cas elles ne peuvent être banales”. 69 ans après, le devoir de commémoration reste important pour s’assurer qu’on ne reproduise pas les erreurs du passé, sans pour autant tomber dans l’accablement et une logique de vengeance qui replongerait notre civilisation dans les instants les plus sombres de l’histoire et rouvrirait une plaie désormais cicatrisée.

Algérie Focus

L’INSURRECTION DE 1871 : Benjamin Stora : “C’est une épopée héroïque”


“L’année 1871 reste une date très significative dans l’histoire des deux pays, la France et l’Algérie. Alors qu’à l’Hexagone, on s’acheminait vers l’instauration de la troisième République en excluant la classe ouvrière dite laborieuse, en Algérie, on décrétait le statut fictif de ‘l’Algérie française’ au détriment du droit à la citoyenneté pour ceux qui étaient appelés les indigènes”, a souligné, hier, le célèbre historien français, Benjamin Stora, natif de Constantine et spécialiste de l’histoire du Maghreb contemporain.
Il y intervient au deuxième jour du Colloque international, dédié à l’insurrection de 1871, en Kabylie, qui s’est tenu hier et avant-hier, au théâtre régional Abdelmalek-Bouguermouh de Béjaïa. Développant une approche comparative entre les événements de 1871 à Paris, la Commune et l’insurrection d’El-Mokrani et Cheikh Aheddad, le conférencier a mis en exergue “cette incroyable simultanéité des dates de démarrage des deux révoltes, du fait qu’à la veille de l’éclatement des émeutes du 18 mars 1871 à Paris, plus précisément les 16 et 17 mars de la même année, Cheikh Aheddad, l’une des notabilités de Seddouk, avait lâché quelque 250 000 hommes au combat. Et pourtant, ce sont des histoires séparées. En fait, le comparatisme historique induit la séparation des deux événements”. Lors de sa communication intitulée “L’année 1871, de la commune de Paris au soulèvement en Kabylie”, M. Stora, qui s’est interrogé sur le croisement entre les deux insurrections de 1871, est revenu sur les liens qui peuvent exister entre ces deux révoltes. Il expliquera que “l’état de faiblesse et de fragilité de l’armée française, qui se traduisait par l’affaiblissement de son rôle politique et militaire, constitue, à mon sens, l’un des liens à relever. Il y a aussi la crainte de l’autorité militaire de perdre le pouvoir au profit d’une autorité civile. Comme ce fut le cas des notables et chefs religieux en Kabylie qui appréhendaient la perte de contrôle de la société”.
L’orateur, qui qualifiera le soulèvement de 1871, d’“une épopée héroïque”, rappellera, ensuite, que “face à la révolte populaire, la riposte de l’armée française ne s’est pas fait attendre, puisque les autorités militaires avaient mobilisé pas moins de 100 000 hommes pour étouffer l’insurrection de 1871. Viendra après la séquestration des terres et les déportations”. Pour l’historien français, le processus migratoire des Kabyles est dû, d’ailleurs, à la dépossession foncière. Intervenant dans la matinée d’hier, Slimane Zeghidour, rédacteur en chef et éditorialiste à TV5 Monde, a animé une conférence ayant pour thème “L’insurrection de 1871, la morale de l’histoire”. Selon lui, “la morale de l’histoire, c’est la dépossession territoriale massive et la dépossession mentale qui font que les Algériens ne décident plus de rien sur leur terre. Les Algériens sont restés des spectateurs passifs face à la transformation de leur pays”. M. Zeghidour a affirmé, en outre, que “quelque 2,4 millions d’Algériens, soit 40% de la population de l’époque, furent dépaysés ou retirés de leurs villages pour les mettre dans des camps de regroupement de l’armée française”.
L’orateur a estimé que “cette tragédie nationale s’inscrit aussi dans la continuité de cette problématique qui se pose à nos jours. Le déracinement continue jusqu'à aujourd’hui. La séquestration des terres est une question qui n’est pas encore réglée”. Il déplore, par ailleurs, qu’au lendemain de l’Indépendance, la politique des dirigeants algériens s’est inscrite dans la même logique. “La révolution agraire, à titre d’exemple, a participé à l’abandon des villages. Dommage que nos terres demeurent en friche. Personne ne s’y intéresse. On ne cherche même pas à connaître leur nature juridique, en vérifiant les pièces du cadastre. Une notion qui n’est pas entrée dans nos mœurs.” Pour sa part, Rachid Oulebsir, journaliste et écrivain, spécialisé dans la recherche sur le patrimoine culturel immatériel de Kabylie, a animé une conférence intitulée “La révolte de 1871 dans les mémoires villageoises”, au cours de laquelle il est revenu sur l’épineux dossier des terres agricoles séquestrées par l’administration française, pour les vendre aux notables de la colonisation.

Liberté