lundi 31 décembre 2012

2012, disparition d’illustres bâtisseurs de l’indépendance de l’Algérie


 2012, l’année du cinquantenaire de l’indépendance, a connu la disparition de personnalités algériennes célèbres, dont des figures emblématiques de la lutte nationale pour l’indépendance, considérées comme des icônes vivantes, véritables témoins d’une Algérie qui s’est affranchie d’une longue nuit coloniale.
D’Ahmed Benbella, troisième responsable national de la glorieuse Organisation spéciale et premier chef de l’Etat algérien indépendant (1962-1965), à Pierre Chaulet, militant de la cause nationale et médecin ayant vaincu la tuberculose, autre héritage de la colonisation, et à tant d’autres illustres militants, ce sont des destins qui se sont croisés pour un seul idéal, celui d’une Algérie libre, pour s’éteindre en cette douzième année du 2ème millénaire.
Ainsi, l’année 2012 fut marquée par la disparition de deux présidents de la République algérienne indépendante. Le premier, Ahmed Benbella, fut une figure célèbre du combat libérateur du peuple algérien, et le deuxième, Chadli Bendjedid, fut un officier très respecté de l’Armée de libération nationale (ALN) dans la Base de l’est, et troisième président de la République (1979-1992), présenté comme le père des réformes démocratiques en Algérie.
Décédé le 11 avril 2012 à l’âge de 96 ans, Ahmed Benbella a eu des obsèques à la hauteur de sa stature de grand militant de la cause nationale et d’homme d’Etat algérien. Avec lui, c’est tout un pan de l’histoire du mouvement national, de la guerre de libération et des frictions générées aux lendemains de l’indépendance qui a disparu.
Le 6 octobre 2012, Chadli Bendjedid le rejoint dans le carré des martyrs d’El Alia, à l’âge de 83 ans, en recevant les honneurs de toute une nation.
Avec la disparition de Bendjedid, dont le passé de moudjahid s’est totalement confondu avec l’histoire de la mythique Base de l’est de l’ALN, c’est également un autre pan de la mémoire récente de l’Algérie indépendante —celle notamment des réformes politiques et des évènements ayant débouché sur ce qui est désormais appelée tragédie nationale— qui s’est éteint.
Abdelhamid Mehri, un homme politique accompli, issu du mouvement national, ancien membre du Comité central du PPA, ministre du GPRA et illustre figure du Front de libération nationale, est décédé le lundi 30 janvier 2012 à l’âge de 85 ans.
Un tribun au verbe recherché, Mehri eut à développer, au sein du Front de libération national (FLN) originel, un discours plus enclin à l’unité du Grand Maghreb. Il eut aussi un rôle politique de premier plan dans la mise en oeuvre des réformes politiques au début des années 1990, en préconisant la voie du dialogue. Le mois de janvier de l’année en cours avait connu, aussi, la disparition d’une autre figure illustre du combat libérateur du peuple algérien.
Il s’agit de Bouchaib Ahmed, militant de la première heure du mouvement national, membre du Groupe des "22" à l’origine du déclenchement de la lutte armée du 1er novembre 1954.
Célèbre par son engagement dans la lutte antiterroriste, le général de corps d’armée à la retraite, Mohamed Lamari, qui était aussi officier de l’Armée de libération nationale, décédé le 13 février 2012, avait eu, pour sa part, un parcours des plus riches au sein de l’institution militaire, jalonné d’importants postes de responsabilité au sein du ministère de la Défense nationale (MDN).
Cet officier supérieur de l’Armée nationale populaire (ANP), décédé à l’âge de 73 ans, est également connu par ses positions tranchées face au péril terroriste. Il avait piloté la création d’une force antiterroriste forte de 15.000 hommes, à l’époque du défunt président Mohamed Boudiaf.
Pierre Chaulet, une figure connue de la résistance algérienne à la colonisation et bâtisseur infatigable du système de santé algérien post-indépendance, a tiré, lui aussi, sa révérence à l’âge de 82 ans, le 5 octobre passé.
Pendant la guerre de libération nationale, il a lutté aux cotés du FLN et a été chargé de plusieurs missions, qui lui ont permis de côtoyer de grands dirigeants de la Révolution, comme Abane Ramdane.
Il a été aussi l’un des fondateurs de l’agence Algérie presse service (APS) en 1961 à Tunis. Son engagement entier dans le combat des Algériens contre le colonialisme avait fait de lui un homme aux multiples missions, aussi nobles les unes que les autres, qu’il termina avec son ultime oeuvre, celle de vaincre la tuberculose, un autre lourd héritage de la période coloniale.
Son frère et néanmoins moudjahid, Abdellah Sahnoun, décède, lui aussi, durant l’année qui s’achève, après une vie accomplie, de par son combat pour la liberté dans la wilaya III historique, en qualité d’officier de l’ALN et responsable de la santé militaire et civile.
A l’indépendance de l’Algérie, le défunt s’est dévolu à la même fonction au sein de l’ANP, en qualité de directeur de la santé dans plusieurs régions militaires, dont Ouargla et Oran, avant de devenir directeur central de la santé au MDN.
L’année 2012, qui tire à sa fin, fut traversée par des évènements importants en Algérie, marquée particulièrement par la disparition de plusieurs figures du combat national pour le recouvrement de l’indépendance, un combat qui avait scellé le destin de ces hommes au parcours exemplaire et illustres témoins de la lutte d’un peuple pour sa liberté.
APS

jeudi 20 décembre 2012

Hollande dénonce la colonisation "brutale" en Algérie






François Hollande a dénoncé, jeudi 20 décembre, le système colonial"profondément injuste et brutal" instauré en Algérie par la France et a reconnu les"souffrances" du peuple algérien. Il s'exprimait devant les parlementaires au deuxième jour de sa visite d'Etat. Parmi ces souffrances, il a cité "les massacres de Sétif, de Guelma et de Kherrata" qui "demeurent ancrés dans la mémoire et dans la conscience des Algériens".

"La vérité, elle n'abîme pas, elle répare. (...) L'Histoire, même quand elle est tragique, douloureuse, elle doit être dite, a souligné le président français alors que l'Algérie fête le cinquantième anniversaire de son indépendance. Rien ne se construit dans la dissimulation, l'oubli ou le déni."
"Nous avons ce devoir de vérité sur la violence, les injustices, les massacres, la torture", a-t-il poursuivi en évoquant la guerre d'Algérie, sous les applaudissements des parlementaires algériens. Pour favoriser "la paix des mémoires", le président français a appelé à l'ouverture des archives des deux pays.
Soucieux de ne heurter ni les mémoires algériennes ni les mémoires françaises, le chef de l'Etat a dit ne pas "oublier" "les Français d'Algérie ni les coopérants venus après l'indépendance". Mais il n'a pas évoqué le sort des harkis, ces supplétifs de l'armée française qui ont subi des représailles en Algérie après l'indépendance. La veille, M. Hollande avait affirmé qu'il n'était pas venu en Algérie, mercredi, "faire repentance ou excuses""Je viens dire ce qu'est la vérité, ce qu'est l'histoire", avait-il précisé au début d'une visite de trente-six heures.
Si François Hollande a dit souhaiter tourner le partenariat franco-algérien vers l'avenir, l'enjeu mémoriel de sa visite n'en restait pas moins crucial. A Alger, il lui fallait trouver les mots pour rendre hommage, sans brusquer, aux centaines de milliers de victimes d'une guerre dont la France a tu le nom jusqu'en 1999.
Il entendait ainsi réussir là où ses prédécesseurs ont trébuché. Jacques Chirac avait été accueilli dans la liesse en 2003 et 2004. Mais l'année suivante, une loi visant à inscrire dans les manuels scolaires français "le rôle positif" de la colonisation avait durablement plombé les relations franco-algériennes. Quant àNicolas Sarkozy, il avait séduit les Algériens en décembre 2007, mais la réception dans la foulée de sa visite d'associations de harkis avait rompu le charme.
François Hollande et Abdelaziz Bouteflika tenteront donc de tourner la page de ces espoirs déçus par une "déclaration conjointe" à défaut d'un traité d'amitié. Le chef de l'Etat algérien a dit en attendre un "partenariat d'exception" tandis que Parissouhaite aussi nouer à cette occasion "un dialogue politique sur les grands enjeux internationaux", à commencer par le Mali. La France voudrait obtenir l'appui de l'Algérie en vue d'une intervention internationale dans le nord de ce pays, contrôlé par des islamistes radicaux.

lundi 10 décembre 2012

11 décembre 1960 : un "référendum populaire" pour l’indépendance de l’Algérie


Les manifestations du 11 décembre 1960 furent un "référendum populaire" pour l’indépendance de l’Algérie que les historiens avaient qualifié de "véritable Dien Bien Fu psychologique".
Le peuple algérien, ce jour-là, est sorti dans les principales villes d’Algérie pour contrecarrer le plan du général Charles de Gaulle visant à imposer une solution "octroyée" dans le cadre d’une décentralisation de l’administration coloniale avec une "autonomie" des territoires algériens, sous son fameux slogan de "L’Algérie algérienne".
Dans un entretien à l’APS, l’ancien directeur du journal El Moudjahid pendant la guerre de libération nationale et porte-parole de la délégation algérienne à Evian, Rédha Malek, a affirmé que les manifestations du 11 décembre ont constitué un tournant "décisif" dans la lutte pour l’indépendance du pays, en ce sens qu’elles avaient permis au Front de libération nationale (FLN) d’isoler la France sur la scène internationale.
Il s’agit, pour lui, d’un "véritable référendum populaire" pour l’indépendance de l’Algérie qui avait stoppé les visées de de Gaulle, dans le sens où ces évènements lui avaient fait comprendre que la "victoire militaire" contre l’Armée de libération nationale (ALN), vite scandée par le général Challe, suite à son plan militaire pour "écraser les maquis", ne pouvait être transformée en "victoire politique".
Les répercussions de ce "référendum populaire" se feront immédiatement sentir sur le plan international et même auprès de l’opinion publique française.
Le défunt Belkacem Krim avait lancé, dès l’explosion populaire à Alger, qu’il était temps que "le cri de Belcourt retentisse à Manhatan (New York-ONU)".
Il va le vérifier une semaine après, à l’occasion de la 15e session de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU), au cours de laquelle une résolution "très forte" reconnaissant le droit à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple algérien et reconnaissant la nécessité de négociations algéro-françaises, pour trouver une solution pacifique sur la base de l’intégrité territoriale, a été adoptée le 20 décembre 1960.
Aussitôt après les manifestations, de Gaulle, qualifié par M. Malek de "pragmatique", avait demandé de stopper le processus de réorganisation des services publics en Algérie. Pour l’ancien porte-parole de la délégation algérienne à Evian, il s’agit là d’un "recul" du général de Gaulle dans sa politique coloniale en Algérie.
Prenant acte de la "leçon" du 11 décembre 1960, le président de la République française organise, le 8 janvier 1961, un référendum sur l’autodétermination en Algérie, une possibilité qu’il avait évoquée pour la première fois le 16 septembre 1959.
C’est dans ce contexte que le processus de négociations fut lancé avec le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), reconnu lors des négociations d’Evian, un an après les manifestations du 11 décembre, comme l’unique représentant légitime du peuple algérien.
De son côté, Larbi Alilat, responsable du réseau "El Malik" du FLN à Alger, a souligné que les manifestations du 11 décembre 1960 avaient pour objectif de "contrecarrer" celles des partisans du général de Gaulle et réorganiser la Zone autonome d’Alger (ZAA), déstructurée durant la bataille d’Alger en 1957.
Retraçant, dans un entretien à l’APS, l’historique des évènements du 11 décembre 1960, M. Alilat a indiqué que "Bettouche Belkacem et Benslimane Youcef, deux responsables du réseaux "El Malik", avaient contacté les militants d’Alger du FLN pour les amener à infiltrer les manifestations pro-gauliste, et d’en changer les slogans".
Selon lui, au plan international, ces évènements étaient le prélude aux négociations entre le FLN et la France, qui allaient déboucher sur l’indépendance de l’Algérie en 1962.
"Les évènements ont donné une force extraordinaire à Krim Belkcacem qui représentait l’Algérie à l’ONU", a confié M. Alilat. Pour lui, ces évènements étaient incontestablement le début de la fin des "ultras" de la colonisation.
C’est ce qu’a également développé le moudjahid Abdelmalek Mahious, responsable de l’organique de l’Organisation nationale des moudjahidine d’Alger, en confiant que ces évènements avaient pour objectif de faire entendre le cri des Algériens à travers le monde entier.
Ce cri fut effectivement entendu à l’ONU et la victoire fut incontestable à travers le référendum pour l’autodétermination de juillet 1962 qui a été le résultat immédiat proclamé déjà par les cris de millions d’Algériens, six ans après le déclenchement de la Révolution du 1er Novembre 1954, en ce jour du 11 décembre 1960.
APS

samedi 1 décembre 2012

Algérie, nouvelle génération : comment inventer les cinquante prochaines années ?




La soirée sera animée par les journalistes Aurélie Charon et Caroline Gillet, qui depuis deux ans sont allées à la rencontre de la jeunesse algérienne. Témoins d’une information libre et citoyenne délivrée par les Envoyés Spéciaux Algériens, micros tendus pour des portraits radiophoniques,  ou initiatrices du web documentaire « Un été à Alger », elles croiseront leur regard sur une génération voisine le temps d’un nouveau Jeudi de l’actu.

Si vous souhaitez inviter des proches, n’hésitez pas
à diffuser ce mail et l’affiche jointe.
Toutes les voix enrichissent les échanges.

L’équipe de la médiathèque Marguerite Yourcenar