dimanche 22 juillet 2012

Exposition "50 années d’art algérien" au musée national des beaux-arts d’Alger


Dans le cadre de la célébration du 50ème anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, le musée national des beaux-arts d’Alger abrite à partir de mercredi une exposition regroupant 125 oeuvres réalisées par des plasticiens algériens depuis 1962 à aujourd’hui, intitulée "50 années d’art algérien".
L’exposition qui se poursuit jusqu’au mois de septembre est un panorama des grandes étapes de l’histoire des arts plastiques algériens depuis l’indépendance du pays, représentée par des tableaux réalisés selon les différents genres et techniques de peinture : l’abstraction, la semi figuration, la figuration, la gravure, la miniature, l’enluminure et la calligraphie.
Les toiles exposées font partie des collections du musées. Un tour dans cette exposition éclectique, le visiteur croise des œuvres de grands noms des arts plastiques algériens, comme Aicha Haddad, Baya, Souhila Belbahar, Denis Martinez, Noureddine Chegrane, Mohamed Issiakhem, Mohamed Khadda, ainsi que d’autres moins connus.
L’exposition "50 années d’art algérien" est organisée sur deux niveaux. Le premier qui comporte des documents sur la vie artistique de l’après indépendance se veut une synthèse du travail de recherche que le musée mène sur l’histoire de l’art algérien, tandis que le second retrace les principales périodes de la peinture algérienne, a expliqué la directrice du musée, Mme Dalila Mohamed-Orfali, à la presse lors du vernissage.
Les étapes représentées par des œuvres sont la période de l’indépendance, la période Aouchem, les abstraits et semi abstraits, la peinture au féminin, les trois générations de l’école nationale des beaux-arts, les indépendants, la miniature, la calligraphie, la gravure, la sculpture et même la tapisserie d’art, a-t-elle ajouté.
APS

mercredi 18 juillet 2012

Hervé Bourges : « L’heure est venue de passer le témoin à la jeunesse algérienne »


Entretien exclusif avec un témoin privilégié de l’Indépendance
PAR FOUÂD HARIT

A l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie, Hervé Bourges, notamment ancien Président de France télévisions et ancien membre du cabinet d’Ahmed Ben Bella, premier président de l’Algérie indépendante, répond à trois questions pour Afrik.com.
Hervé Bourges a été, entre autres, ancien Président de RFI, TF1, France 2, France 3, France Télévisions, du Conseil supérieur de l’Audiovisuel, actuel Président du Comité Permanent de la Diversité, a aussi été membre du cabinet d’Ahmed Ben Bella, premier président de l’Algérie indépendante.
Afrik.com : Voilà cinquante ans que l’Algérie est indépendante, quelle était le visage du pays en juillet 1962 ?
Hervé Bourges :
 Il est à rappeler qu’en 1962, l’Algérie accède à l’indépendance après 132 années de colonisation française. Le pays était donc marqué de multiples séquelles. D’autant plus qu’auparavant, le pays avait subi plusieurs dominations étrangères, notamment turque et arabe, et ce durant cinq siècles. Mais après sept ans de guerre, l’Algérie proclame son indépendance suite aux accords d’Evian. Le pays est marqué par la guerre, les actions de l’OAS (organisation armée secrète politico-militaire clandestine, ndlr) qui mettait à feu et à sang certaines villes du pays pour empêcher l’accession à l’indépendance et un FLN (Front de libération nationale - parti au pouvoir, ndlr) divisé. L’Algérie n’était pas unie et se trouvait dans une situation sociale, politique et humaine qui ne pouvait rien augurer de bon. Le premier président de l’Algérie indépendante, Ahmed Ben Bella, une des figures principales de la lutte pour l’indépendance, réussit à prendre le pouvoir et s’installe à Alger pour tenter de construire un Etat uni, un socialisme algérien, avant d’être renversé par son ministre de la Défense, Houari Boumediene. A la suite de la mort de Boumediene en 1978, il y a eu les années Chadli puis les années de plomb (la décennie noire, ndlr). Notez que l’Algérie a connu son printemps arabe en 1988 avec la fin du parti unique, la libération de la presse et l’émergence de la société civile. Un souffle démocratique traversait alors le pays jusqu’à la victoire du FIS...
Afrik.com : Depuis l’indépendance, on retrouve les mêmes acteurs dans le jeu politique. Selon vous, est-ce un succès ou un échec ?
Hervé Bourges :
 Il est certain que l’Algérie vit, encore aujourd’hui, avec des leaders qui ont lutté pour l’indépendance. Il y a eu six chefs d’Etats à la tête d’un pays qui a traversé des crises profondes, parfois sanglantes, mais effectivement uniquement des personnalités issues de la révolution. Abdelaziz Bouteflika est élu en 1999 et promet une réconciliation nationale. Mais aujourd’hui, qu’en est-il réellement de cette promesse ? A chacun sa vision. L’histoire montre bien qu’il y a une majorité d’Algériens jeunes qui n’a pas encore accès au pouvoir. Aujourd’hui, il est temps de céder la place à d’autres générations. Les dernières élections législatives n’ont certes pas amené les islamistes au pouvoir mais ont permis de rajeunir un parti usé par le pouvoir, le FLN. Il n’en demeure pas moins vrai qu’aujourd’hui la presse reste libre et que le pays joue un rôle majeur dans la lutte anti-terroriste en Afrique et dans le monde.
Afrik.com : Vous réalisez actuellement un film-documentaire à propos de ce demi-siècle, quels sont les leçons de cette histoire et les enjeux de l’avenir ?
Hervé Bourges :
 Notez que ce film, L’Algérie à l’épreuve du pouvoir, qui sortira fin septembre – début octobre sur France 5 et en prime time, raconte l’histoire des cinquante années d’indépendance, de 1962 à 2012, et non la guerre d’Algérie. J’essaie de réaliser un film historique et patrimonial sans porter de jugement et de laisser les acteurs, tous Algériens, parler et aussi se contredire s’il le faut. Les leçons à retenir ont été le renforcement de la démocratie, d’une société civile, les militaires sont là pour lutter contre les menaces extérieures, pour les libertés auxquelles aspirent la jeunesse et pour lutter contre la corruption. Les enjeux seraient d’arriver à plus de justice et à prendre en considération la jeunesse laissée pour compte ces dernières années. Il faut penser à la transmission du témoin entre la génération qui a vécu la guerre de l’indépendance et qui dirige toujours le pays et les suivantes. L’Algérie est aussi une nation qui a longtemps sacrifié sa jeunesse - les deux tiers de la population – sur l’autel de l’histoire. Quant aux relations franco-algériennes, on n’a pas le pouvoir de chasser le passé, on a le devoir de le connaître sans être dans le ressentiment, sans nier l’histoire. Je citerai le grand romancier algérien Malek Haddad : « l’Algérie quand on croit la connaître, il faut encore la découvrir, quand on l’a découverte il faut la réapprendre ».

vendredi 13 juillet 2012

L’ingéniosité d’un système défensif Alger, ville fortifiée


La cité, le port et le mole d'AlgerUne rue de la CasbahAlger au début de la Régence )XVIe siècle).La Grande Mosquée d'Alger construite à l'époque des Almoravides

Longtemps appelée «El Mahroussa» ou «La bien gardée», en raison d’un système défensif fort ingénieux, la Casbah d’Alger est ceinte d’un mur dont la vocation est plus défensive qu’esthétique. En effet, ses bâtisseurs, craignant les attaques ennemies, notamment, celles provenant de la mer ont entouré la cité d’une muraille qui a longtemps eu un effet dissuasif. Les bâtisseurs turcs ne sont pourtant pas les précurseurs de ce genre de constructions, les Grecs ou les Romains avant eux, ont construit des villes fortifiées pour parer aux incursions adverses. Se protéger et affirmer sa domination, telles sont, en effet, les motivations immuables présidant à l’érection d’une forteresse. Cependant, les populations antiques se caractérisant par un faible effectif et des moyens très limités, l’utilisation du terrain, et de ses ressources immédiatement disponibles, a été l’un des traits marquants des fortifications de l’époque.

Sur les ruines d’Icosium Lorsqu’il entreprend de fonder la ville d’El Djazaïr Beni Mezghenna sur les ruines d’Icosium, ancienne ville romaine, le choix de Bologhine, fils de Ziri Ben Menad, n’est pas du tout aléatoire. Outre la présence des îlots et le bon mouillage naturel, le prince envisage très vite la possibilité d’utiliser les pierres provenant de la ville antique, une ville dont il subsistait, par ailleurs, des rues et surtout un mur d’enceinte. La ville se construit alors rapidement et la muraille qui la ceinturait dans le passé est renforcée par endroits et reconstruite en d’autres. C’est ainsi que la citadelle voit le jour en l’an 960. Le géographe arabe Ibn-Hawkal, presque contemporain de la fondation de la ville, la décrit en ces termes : «El-Djazaïr, ville environnée d’un mur, est également au bord même de la mer. …» Les Beni Mezghenna qui cultivaient blé, orge et plantes maraîchères, arriveront même à exporter leurs produits vers d’autres contrées. Malheureusement, cette belle prospérité l’exposera aux convoitises de ses voisins qui tenteront par moult moyens et occasions de l’envahir. Il faut dire que n’étant la capitale d’aucun royaume, El Djazaïr finira par subir les diverses dominations qui se succèdent en Afrique du Nord (Hammadites, Almoravides, Hafçides…).Dès leur arrivée à Alger, les frères Barberousse décident de renforcer les murailles de la médina encore vulnérable à la suite des attaques ennemies, notamment espagnoles. Une fois l’autorité de Aroudj Barberousse proclamée sur la population de la médina algéroise, au début du XVIe siècle, il entame la consolidation des défenses de la cité. Commençant d’abord par la création d’un port, il renforce ensuite l’enceinte qui est alors dotée de bastions pour l’artillerie. Se trouvant à Alger avant 1517, Léon l’Africain décrit la muraille de la ville comme étant «splendide, très forte et construite avec de grandes pierres». Pour sa part, Cervantès, captif à Alger pendant 4 ans et demi, raconte que «la plus grande partie de la muraille est en pisé de terre et par-dessus blanchie à la chaux». L’Espagnol Haëdo décrira, quelques années plus tard,  l’enceinte comme étant «vétuste, bâtie à chaux et à sable avec des créneaux à l’ancienne, la muraille a une largeur de onze à douze paumes (environ 2,5 m), une hauteur de trente paumes (plus de 6m) côté terre, qui atteint les 40 paumes (plus de 8m) côté mer». Quant à Fray Melchor, il écrit, durant la première moitié du XVIIe siècle : «Elle est (…), pour parties de pierre, en particulier celle qui regarde la mer ; et celles qui ont les trois lopins de terre sont toutes en vermeil, et quelques pans en tuf (…)»Au début du XIXe siècle, Napoléon envoie le chef de bataillon Boutin à Alger afin d’étudier une stratégie de conquête de la ville. Dans un compte-rendu fait au général, il écrit que : L’enceinte d’Alger consiste en un mur à l’antique, de 11 à 13 mètres de hauteur, couronné d’ouvertures à meurtrières et en tout de 214 embrasures à canons, garni généralement à petites distances de tours à peu près carrées, sans saillies et sans capacité.»  La Casbah, sa muraille et ses tours Au cours du XVIe siècle, les Turcs travaillent à la consolidation du mur d’enceinte. Six tours sont alors érigées des deux côtés de la muraille, constituant ainsi une partie du système défensif de la ville. Du côté de Bab-El-Oued, la première batterie, appelée Toppanet-Hammam-el-Melah, formait l’un des angles de la ville basse. Sa construction remontait au règne de Ali El-Euldj et son armement est de six canons. Plus haut, à proximité de la mosquée Sidi-Ramdane, s’élevait un second ouvrage portant le nom de ce saint homme. Il était armé de treize canons et était dénommé Toppanet-Ketâa-Erredjel. La troisième batterie, Toppanet-Haoumet-Zian, se trouvait, quant à elle, à proximité de la citadelle. Plusieurs portes étaient ensuite ouvertes dans ces remparts, permettant aux habitants, aux commerçants ou aux pêcheurs d’aller et venir librement. Elles étaient refermées à la nuit tombée.
Hassina AMROUNI
Mémoria

La longue marche des Algériens vers l’indépendance


Une liberté espérée, attendue, rêvée pendant 132 ans, depuis un certain 14 juin 1830, date du débarquement des forces françaises sur la côte de Sidi Fredj.
Après plus d'un siècle de colonisation où les Algériens avaient été privés de leurs droits, de leurs biens et même de leur dignité, voilà qu'est arrivée l'heure de la délivrance. Après la signature des accords d'Evian, le 18 mars 1962, et la proclamation du cessez-le-feu le lendemain, l'exécutif provisoire est mis en place en avril 1962 à Rocher-Noir (Boumerdès). Le 1er juillet de la même année, les Algériens se prononcent via le référendum d'autodétermination à 99,7% en faveur de l'indépendance. Une indépendance proclamée le 5 juillet 1962.

Le 5 juillet 1962, la liberté enfin…

La lutte acharnée menée par les Algériens est rapidement devenue un combat de référence, un modèle pour les peuples opprimés. Des hommes ont combattu et ont été à l'apogée de l'aspiration à la liberté d'un peuple qui a enduré, plus de 132 ans durant, les exactions, les discriminations, les injustices, mais qui a fini par obtenir son indépendance. Le tribut payé pour cette liberté a été très lourd. L'Algérie a, en effet, sacrifié un million et demi de ses valeureux enfants.

Après la signature des accords d'Evian et la proclamation du cessez-le-feu, le général de Gaulle annonce à Paris la fin des opérations militaires. Les moudjahidine, exténués par des années de combat, déposent les armes, heureux et soulagés de pouvoir regagner leurs villes, villages et retrouver leurs familles. Les Français partent par milliers tandis que les Algériens se réapproprient leurs biens, enfin.

De son côté, l'Organisation de l'armée secrète (OAS), constituée en février 1961, refuse d'abandonner «l'Algérie française». Elle promet de semer la mort, encore.

En attendant le jour de l'indépendance, le 8 avril 1962, les Français de métropole approuvent à une large majorité (90,7 % de oui) les accords d'Évian. Le 1er juillet, c'est au tour des Algériens de voter. Le 3 juillet, alors qu'à Paris le général de Gaulle reconnaît l'indépendance de l'Algérie, les ministres du GPRA arrivent à Alger en provenance de Tunis. Escorté par des motards, le cortège traverse la ville pour rejoindre le centre de la capitale. Tout le long du parcours, une foule immense brandit des drapeaux algériens et acclame ses héros. Et lorsque la délégation officielle accède au siège de la préfecture d'Alger, le ministre Saâd Dahlab prononce cette phrase : «Cette préfecture, nous y entrions il y a quelques années, mais les menottes aux mains.» La longue nuit coloniale vient de prendre fin.

Jour d'indépendance, jour de liesse populaire

C'était un jeudi, 5 juillet 1962. L'Algérie était en liesse, une liesse indescriptible, une liesse qu'aucun mot, qu'aucun texte ou poésie ne pourrait traduire avec exactitude. Qu'ils aient habité les grandes villes ou les petits hameaux perchés dans les montagnes, les Algériens ont, en ce jour, tous éprouvé le même sentiment : la délivrance. Ceux qui ont vécu cet événement se souviennent : «Dès que le cessez-le-feu a été signé, nous avons commencé à nous préparer en vue de ce jour mémorable. Puis, dès le 1er juillet, les Algériens commençaient à festoyer, la joie était perceptible dans les yeux de chacun d'entre nous», se souvient une septuagénaire.

«Pendant des semaines, les femmes ont confectionné drapeaux, fanions, calots aux couleurs de l'Algérie. Partout, dans les grandes artères des villes, comme Alger, des millions d'Algériens ont crié, chanté et scandé leur soif de liberté», ajoute-t-elle. Qu'ils aient été à pied, perchés sur les toits des voitures ou des autocars, qu'ils aient été entassés dans des camions ou juchés sur des mobylettes, des hommes, des femmes et des enfants ont manifesté leur immense joie. On chantait, on dansait, sans retenue. Les rares qui n'étaient dans les rues étaient néanmoins à leurs fenêtres, poussant youyous stridents et cris de joie : «Vive l'Algérie, Tahya El Djazaïr !» Tous les balcons étaient ornés de drapeaux vert, blanc, rouge, les couleurs de l'Algérie libre et indépendante. «Les djounoud, ceux à qui l'on devait ce moment historique, ont eux aussi fait partie des défilés. Le peuple les acclamait tels les héros qu'ils étaient. Des cortèges interminables arpentaient les rues, dans une cohue indescriptible. Jusque tard dans la nuit, les gens sont restés dehors, savourant ces moments intenses», raconte-t-elle encore.

H.A
Mémoria

Référendum d’autodétermination Un «oui» massif des Algériens


Le 5 juillet 1962, l'indépendance de l'Algérie est proclamée après 132 ans de colonisation française. Après la signature des accords d'Evian, le 18 mars 1962 et la proclamation du cessez-le-feu le lendemain, il va falloir moins de quatre mois à l'Algérie pour accéder totalement à son indépendance. L'exécutif provisoire est mis en place en avril 1962 à Rocher-Noir (Boumerdès) et le référendum d'autodétermination de l'Algérie, le 1er juillet 1962, consacre l'indépendance du pays.

Ainsi, le destin des peuples qui aspirent à leur liberté ne se négocie pas. Les Algériens, eux, se sont battus fermement et sur tous les fronts (armé, politique et diplomatique) pour recouvrer leur indépendance, et de Gaulle, symbole de la résistance pour les Français, n'a rien pu faire pour barrer la route à un peuple assoiffé de liberté. Ce peuple s'est exprimé et a fait part de ses choix, en se mobilisant comme un seul homme derrière ses représentants, le FLN-ALN.Les accords d'Évian, qui mettent un terme à la guerre d'Algérie, prévoyaient, en effet, que se tiendrait un référendum dans un délai compris entre trois et six mois. Les Algériens ont donc été appelés à entériner ces accords, fruit de longues années de négociations entre le GPRA et le gouvernement français.L'opinion publique française, elle, n'a pu que se résigner à la recherche de la paix, quitte à ce qu'elle mène à l'indépendance. Elle a approuvé, le 8 avril 1962, les accords d'Evian après avoir, le 8 janvier 1962, dit oui à l'organisation d'un référendum sur l'autodétermination.Les ultras de «l'Algérie française», loin d'accepter dans la résignation cette perspective, tentent de l'empêcher en recourant à la violence, actionnant pour cela la sinistre OAS, son bras armé. Elle multiplie assassinats, fusillades, attentats, destructions de biens publics, semant, partout sur son passage, mort et désolation. Ce qui hypothèque toutes les chances de coexistence et de cohabitation entre les deux communautés. Cela pousse alors la majorité des 900 000 Français d'Algérie à quitter le pays.Les ultras de «l'Algérie française», loin d'accepter dans la résignation cette perspective, tentent de l'empêcher en recourant à la violence, actionnant pour cela la sinistre OAS, son bras armé. Elle multiplie assassinats, fusillades, attentats, destructions de biens publics, semant, partout sur son passage, mort et désolation. Ce qui hypothèque toutes les chances de coexistence et de cohabitation entre les deux communautés. Cela pousse alors, la majorité des 900 000 Français d'Algérie à quitter le pays.Référendum du 1er juillet 1962En vertu des dispositions de l'article 17 du chapitre 3 des accords d'Evian, portant organisation d'un référendum au cours d'une période de trois à six mois, à compter de la date de publication du texte des accords, cette date devait être arrêtée conformément à la proposition qui en sera faite par l'instance exécutive deux mois après l'installation de celle-ci. Concernant, la composition du corps électoral, elle est réglementée principalement par un décret du 19 mars 1962. Il comprend les citoyens résidant en Algérie (art. 1), les citoyens inscrits sur une liste électorale en Algérie résidant hors du territoire (art. 2), et certains citoyens nés en Algérie et résidant en France métropolitaine ou d'outre-mer (art. 3) ; des militaires du contingent sont exclus du bénéfice de l'article 1 (art. 4).Le jour du scrutin, la mobilisation des Algériens est maximale. Il est vrai que le travail de sensibilisation fait par le FLN auprès des populations, même les plus enclavées, était important, mais les Algériens savaient déjà tout de l'enjeu. C'est sous une chaleur caniculaire que le jour du scrutin, les Algériens sortent de chez eux pour se diriger vers les bureaux de vote. Pour aâmi Hcène, septuagénaire et ancien moudjahid, les souvenirs de cette journée sont encore très prégnants dans son esprit. «Il y avait une forte mobilisation citoyenne ce jour. Les gens s'étaient agglutinés devant le portail des locaux transformés en centres de vote avant même l'heure d'ouverture. Concernant la capitale, plus particulièrement les quartiers de Belcourt et du Salembier où j'étais mobilisé, le vote s'est passé dans le calme, il y avait du monde, la population était au rendez-vous avec l'Histoire. Ils étaient des milliers à attendre leur tour pour exprimer leur voix et changer enfin leur destin. Avec des membres du FLN, nous étions chargés d'assurer le bon déroulement du scrutin. Dehors, l'ambiance était déjà à la fête. Des haut-parleurs diffusaient dans tous les quartiers des chants patriotiques, ce qui faisait monter d'un cran cette fibre nationaliste qui était en nous. Nous étions convaincus que la fin du cauchemar était proche et que la liberté n'était qu'à portée de main.»Le «oui» l'emporte à plus de 99% de voixLe 1er juillet 1962, les électeurs algériens sont invités à se prononcer par «oui» ou par «non» sur la question suivante : «Voulez-vous que l'Algérie devienne un État indépendant coopérant avec la France dans les conditions définies par les déclarations du 19 mars 1962 ?» Les résultats du référendum d'indépendance, dans les différentes régions d'Algérie, sont alors inscrits, au fur et à mesure. Le 2 juillet, il est procédé au dépouillement des voix. Le total des résultats en faveur de l'indépendance constitue la majorité, comme l'a affirmé la commission chargée de la supervision du déroulement du référendum au cours de la matinée du 3 juillet 1962. Sur un total d'inscrits estimé à 6.549.736, répartis sur 15 circonscriptions, 5.992.115 ont exprimé leur suffrage dont 5.975.581 de oui et 16.534 de non, soit 99,72% de voix pour l'autodétermination de l'Algérie.Proclamation de l'indépendance de l'AlgérieLes résultats du référendum sont proclamés le samedi 3 juillet 1962. Le Président français, Charles de Gaulle adresse à Abderrahmane Farès, président de l'instance exécutive provisoire de la République algérienne, une lettre de reconnaissance par la France de l'indépendance de l'Algérie. L'avocat Kaddour Sator, président de la Commission de contrôle du scrutin, dresse l'acte d'état civil de l'Algérie.Le même jour, à 16 h 30, la Caravelle rouge et blanche de Tunis-Air s'immobilise sur le tarmac de l'aérogare. Dix ministres algériens sortent de l'avion. Mohamed Boudiaf, Hocine Aït Ahmed, Rabah Bitat, Krim Belkacem, Benyoucef Ben Khedda, Saâd Dahlab, Mohammedi Saïd, Lakhdar Bentobbal, Abdelhafidh Boussouf, M'Hamed Yazid. La radio de l'aérodrome joue Kassaman, dans le silence et le recueillement. Les ministres foulent ensuite le sol algérien. Pour la première fois, un gouvernement algérien va siéger sur le sol national.Le 5 juillet 1962 est désormais la Journée nationale de la célébration de l'indépendance de l'Algérie. Les Algériens auront patienté encore deux jours pour laisser libre cours à leur joie car le 5 juillet coïncide avec une autre date très importante et hautement symbolique : la prise d'Alger le 5 juillet 1830.
Par Hassina AMROUNI
Mémoria

mercredi 11 juillet 2012

Quand le dinar raconte les réalisations de l’Algérie indépendante


C’est l’un des symboles, avec l’emblème et l’hymne nationaux, de la jeune république algérienne : le dinar. Il raconte, au détour de 50 ans d’indépendance, sa propre histoire, bien particulière, qui a accompagné le développement social et économique du pays.
La seconde ’’Indépendance’’ nationale est venue le 1er avril 1964 avec la promulgation de la loi portant création du dinar algérien. Et, du coup, l’Algérie sort définitivement de la ’’zone franc’’, en vigueur depuis 1848.
Les premiers billets algériens furent émis par la Banque d’Algérie dans la même année et ne seront retirés de la circulation qu’à la fin de 1998. Dès la mise en circulation du dinar, les Algériens se dépêchèrent alors pour échanger leurs francs contre des billets de 5 DA, de 10 DA, 50 DA et 100 DA.
La génération de l’époque se souvient de ces chaînes interminables qui se formaient devant les guichets de change. L’Algérie n’avait pas encore entamé sa reconstruction. Il fallait quand même trouver des images symbolisant l’Etat algérien pour les imprimer sur les nouveaux billets.
Les artistes de l’Hôtel des Monnaies font puiser dans le patrimoine national les images reflétant les potentialités naturelles du pays.
Les billets de 5 DA portaient ainsi l’image d’un vautour sur le recto et d’un élevage sur le verso, celui de 10 DA portait une cigogne et un minaret, le billet de 50 DA une gazelle des Hauts plateaux et des méharées de dromadaires, alors qu’un plan d’un quai avec des cargos amarrés, et un immeuble avec une vue sur mer ont été choisies pour le billet de 100 DA, rappelle une exposition organisée par la Banque d’Algérie du 7 et jusqu’au 22 juillet sur l’histoire du dinar algérien.
Quant aux premières pièces de monnaies, elles étaient au nombre de sept, décomposées en centimes jusqu’à la pièce de 1 DA, mise en circulation pour la première fois le 12 juillet 1965.
Ces pièces portaient toutes les armoiries de l’Etat algérien et pour les billets, la représentation en filigranes, de l’Emir Abdelkader, un symbole de l’Etat algérien moderne.
Un billet peint par Issiakhem devient un vrai chef d’oeuvre ...
L’édition 1970-1979 a quant à elle vu l’émission des plus beaux billets algériens dont celui de 5 DA, peint par le génie algérien de la peinture moderne, M’hamed Issiakhem.
’’C’était un vrai chef d’oeuvre qui a été primé dans plusieurs expositions internationales’’, ont déclaré à l’APS des cadres à l’Hôtel des monnaies, en marge de l’exposition.
Ce billet, d’une couleur bleu et ocre, portait un dessin d’un combattant du Hoggar avec son épée et son bouclier sur le recto et d’un fennec et d’un village dans le désert en arrière plan sur son verso.
Avec le billet de 5 DA, la même décennie a connu la mise en circulation de quatre autres coupures, qui eurent elles également leur histoire particulière pour les algériens : 10 DA, 50 DA, 100 DA, et 500 DA, des billets qui représentaient pèle même des fresques de la ville d’Alger, de la campagne algérienne, d’un barrage, du tapis algérien, de l’homme targui et d’animaux du patrimoine faunistique national.
La même période a en outre vu l’émission de cinq pièces de monnaies (de 5 centimes à 50 centimes).
C’est depuis les années 1970 que le dinar, décliné en billets ou en pièce de monnaie, a entamé le récit des grandes réalisations de l’Algérie indépendante : les révolutions industrielle, agraire et culturelle.
La pièce de 20 centimes de 1971-1972 comme le billet de 50 DA (1978), qui portait l’image d’un berger avec son troupeau de vaches et un fermier sur son tracteur, symbolisait la révolution agraire et la restructuration de l’agriculture algérienne, basée sur ’’la terre à celui qui la travaille’’ et la fin du métayage pratiqué par les colons.
Les grandes dates de l’Algérie immortalisées par la monnaie...
La révolution sociale introduite dans le monde agricole est racontée également par le billet (bleu) de 100 DA (1981) avec le dessin d’un fellah travaillant la terre.
Sur la pièce de 5 centimes (1970) apparaissait par ailleurs le logo du premier plan quadriennal d’équipement (1970-1973) comme témoin de la révolution industrielle.
Le même logo est maintenu pour les 5 centimes de 1974. La révolution culturelle a de son côté été à l’honneur dans les pièces de 50 centimes (1971) qui portaient l’image d’un livre et d’outils scolaires.
Les éditions 1980-1989 et 1990-1999 avaient respectivement donné la naissance des billets de 10 DA, 100 DA et de 200 DA et des pièces de 5 à 10 DA pour la première et des billets de 100 à 1000 DA pour la deuxième période.
Les pièces de 5 centimes de 1981 portaient la mention du plan quinquennal (1980-1984) et celles de 1985 du deuxième plan quinquennal (1985-1989).
Les dinars de 1982 et de 1987 mentionnaient respectivement le 20ème et le 25ème l’anniversaire de l’indépendance nationale avant que la pièce de 5 DA de 1985 ne perpétue le 30ème anniversaire de la guerre de libération.
La décennie 1990 a été marquée par l’émission de neuf pièces de monnaies (de ¼ DA à 100 DA), d’ailleurs toujours en circulation. Le billet de 2.000 DA, dernier né, émis en 2011 et le plus sécurisé de tous, avec des images d’un amphithéâtre, d’un groupe de chercheurs, d’un palmier et d’un olivier, d’un ensemble résidentiel et d’un plan d’eau, illustre l’avènement d’une Algérie mise sur les rails du développement tous azimuts, après un demi siècle de construction.
Pour perpétuer cette tradition prise dés le recouvrement de la souveraineté nationale de raconter l’histoire de l’Algérie besogneuse et affairée, une nouvelle pièce de 200 DA a été mise en circulation le jour du cinquantième anniversaire de l’indépendance nationale, dont elle porte le logo, pour que ce moment historique soit célébré au quotidien.
Par Sbaghdi Hana

50e anniversaire de l’indépendance : littérature algérienne au long cours


Si l’écrivain martyr Ahmed Réda Houhou revenait cette semaine ou cette année du cinquantenaire de l’indépendance nationale, nul doute qu’il aurait du grain à moudre sur l’état de la société algérienne en actualisant son "Hiwar maa himar El Hakim" (Dialogue avec l’âne du philosophe égyptien Tewfiq El Hakim, édité en 1953), mais également et probablement il reconsidérerait le titre de cette oeuvre en l’ajustant à "l’Ane d’Or" de son ancêtre Apulée qui a fondé et fécondé le roman universel.
Car il faut rendre à la Numidie-Algérie ce qui était censé appartenir à César et remettre toutes les pendules de l’histoire à l’heure en se réappropriant et en réordonnant les segments de son patrimoine culturel et civilisationnel.
Oui, le jeune Algérien est en droit de savoir que le premier romancier à l’échelle universelle est un enfant de son pays, l’encyclopédiste Lucius Apuléius Thésus dit Apulée, comme il doit apprendre également que celui qui a ouvert mondialement le chemin du registre autobiographique, avec "les Confessions", est son ancêtre Saint Augustin passé à la postérité comme sommité de la chrétienté.
Un peu plus de deux siècles après la disparition de Saint Augustin, l’Algérie intègre, à la faveur de la réception du message coranique, l’aire civilisationnelle arabo-musulmane.
Sa littérature, à l’image de sa culture, s’arrime à cet ensemble (Oumma) dont la partie maghrébine, tout en restant ouverte aux influences du Machrek et de l’Andalousie arabe, s’autonomisera progressivement à partir du 9e siècle avec la succession de grandes dynasties (hammadite, almoravide, abdalwadide) et l’éclosion de capitales intellectuelles régionales florissantes comme Bejaia, Tlemcen, Fès et Kairouan qui favoriseront le développement des connaissances et l’émergence de penseurs et écrivains de grande lignée à l’image de Ibn Tofeil, Ibn Rachiq ou Abderrahmane Ibn Khaldoun.
Après la disparition de ce dernier, des spécialistes ont parlé du déclin intellectuel et littéraire du Maghreb en omettant de préciser que cette dépréciation a touché la production en langue classique et vu, en compensation, l’affirmation et l’essor de la littérature en arabe populaire (maghribi ou melhoun) portée par une noria de poètes ayant repris vaillamment le flambeau de la création tels Ben M’saib, Ben Sahla, Ben Triki, Ben Khlouf, Ben Guenoun, Si M’hand (en tamazigh).
La colonisation a liquidé une partie considérable de l’élite algérienne
Ces chantres, en sertissant leurs rubis poétiques dans des écrins musicaux, ont planté de manière pérenne leurs chapiteaux dans la mémoire collective, en Algérie comme à travers l’ensemble du Maghreb.
La guerre de conquête coloniale a eu "pour effet désastreux de liquider une partie considérable de l’élite algérienne" et ce qui restera de cette dernière enfantera une nouvelle intelligentsia militante croisant le fer pour faire échec à l’oeuvre de dépersonnalisation programmée par l’occupant, relevait le sociologue Mostefa Lacheraf, en ajoutant : les écrits musardant entre poésie politique et pamphlet étaient produits par des hommes qui se réclamaient avant tout d’un mouvement de réformisme religieux souvent éloigné de la littérature pour elle-même en tant qu’esthétique.
Cette optique artistique ne sera assumée qu’aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale avec l’émergence d’auteurs d’expression française "entrés" en écriture comme d’autres entrent en religion. "Toutes les forces de création de nos écrivains mises au service de leurs frères opprimés, feront de la culture et des oeuvres qu’ils publieront autant d’armes de combat qui serviront à conquérir la liberté", soulignait Mohamed Dib en 1950, et cette profession de foi ciblait la mission première attendue de tout producteur ou acteur culturel algérien face au défi colonial : témoigner pour se libérer et contribuer à la libération des siens.
Les oeuvres de Feraoun, Kateb Yacine, Mameri, Dib, Djebar Assia, Haddad Malek, Bourboune et de tant d’autres, chantent encore dans les mémoires et balisent le champ de la littérature romanesque algérienne après le point de non retour du 8 mai 1945 et le round ultime de novembre 1954 annonciateur de la délivrance de l’imposture coloniale.
Avec la libération du pays se mettent en mouvement, à côté de pionniers amorçant une nouvelle phase d’écriture (Dib, Katebà), de jeunes écrivains qui, tels Rachid Boudjedra et Tahar Ouettar, décrètent que le combat se situe désormais à l’intérieur du corps social et de soi-même et que "le linge sale de la famille se lavera à ciel ouvert".
La littérature tamazight creuse également sans complexe ses sillons
Cette prise de parole incisive va s’exprimer sur un double clavier linguistique, en signant, notamment, l’émergence du roman en langue arabe à partir des années 1970.
Si la nouvelle en langue nationale s’offre en visibilité au début des années 1950 grâce à Réda Houhou avant d’être arpentée de manière graduellement soutenue dans les étapes suivantes par de nombreux auteurs en générations successives (Rekibi, Ounissi, Doudou, Mouni, Bellahcen, Sayah, Menour, Bouchefiret), c’est Abdelhamid Benhedouga, avec "le Vent du Sud" (1972), qui ouvre le bal du roman en arabe accompagné dans la foulée par Tahar Ouettar ("l’As", 1974) et Merzak Begtache ("Les Oiseaux en plein midi", 1975), jouant le rôle d’éclaireurs pour une génération aussi talentueuse que décomplexée, alignant des plumes comme Mohamed Sari, Amine Zaoui, Wacini Laaredj, Ahlam Mostghanemi, Djilali Khellas.
Ce dernier, ancien directeur des ex-éditions de l’Enal, estime que la littérature algérienne de langue arabe, en pleine ascension avec une nouvelle fournée d’écrivains guignant une place au soleil (Mefti, Foughali, Boutadjine, Benmansour Abdelwahab, Layachi, Salah Yasmina et Dik Zahra), "se hisse au niveau de la production littéraire du Machrek, voire de la production universelle moderne à laquelle elle emprunte largement sur le plan des formes et des techniques".
Ce qui parait sûr est que cette composante de la littérature algérienne d’expression arabe — une autre en tamazigh creuse également sans complexe ses sillons — a fait un grand pas pour tendre graduellement, sur le double plan thématique et esthétique, vers une homogénéisation par le haut avec sa consoeur de graphie française. Cette dernière, dont certains spécialistes avaient prédit un "tarissement inéluctable" (Abdelkébir Khatibi), continue à goudronner sa voie avec la mise sur orbite de nouveaux écrivains, continuateurs de leurs aînés disparus de mort naturelle ou violente (Feraoun, Haddad, Mameri, Djaout, Mimouni, Belamri, Aba, Dib, Kateb) mais dont les oeuvres écrites à hauteur d’hommes continueront à parler profondément à leurs semblables.
Ayant franchi pour une bonne partie d’entre eux le cadre national de la notoriété (Malika Mokaddem, Benmansour Latifa, Tengour, Kacimi, Allel Malika, Metref, Magani, Djemai, Benmalek, Bey Maissa, Mouleshoul dit Yasmina Khadra), ou surfant pour d’autres sur des opportunités littéraires (organisations de concours) pour franchir l’antichambre qui prépare les horizons de la reconnaissance (Hamoutène Leila, Daoud , Ayoub, Benachour), ces nouveaux passeurs d’humanité singulière, déployés sur le sol natal ou en terre de migration, racontent des espaces intérieurs et extérieurs qui vacillent, où êtres et sociétés télescopés par des idéologies semeuses de souffrances, de haine et de mort vivent dans un état de sismicité permanente et angoissante, sans se départir néanmoins d’un brin d’espoir chevillé au coeur.
Par Kamel Bendimerad
APS

lundi 9 juillet 2012

L'Entv répond à TV5 et France 3 de Sidi Fredj


«Celui qui enseigne le bien aux autres, sans le faire, est semblable à l'aveugle qui porterait une lanterne.» Proverbe algérien
La Télévision algérienne, qui est restée silencieuse depuis quelques mois, a décidé de répondre à l'offensive audiovisuelle française, en débutant son programme du Cinquantenaire à partir du port de Sidi Fredj, là où la douloureuse histoire entre l'Algérie et la France a véritablement commencé. Ainsi, au moment où France 3 a instrumentalisé Malek Bensmaïl pour quelques euros de plus afin de réaliser un documentaire à la gloire de la colonisation positive de la France et surtout dénoncer la violence du FLN et, au moment où la petite et pauvre chaîne TV5, qui ne peut donner que 2500 euros comme soutien à un documentaire et qui était en panne d'idées pour utiliser le talent de la création de quatre jeunes réalisateurs algériens afin de filmer pour «eux» mais pas pour «nous» un été à Alger, où la version cinéma d'auteur et web-doc du Cinquantenaire de la télévision francophone. Si France 3 a choisi le volet difficile de produire du documentaire historique et que TV5, de produire à petit budget des web doc, l'Entv a choisi de planter le décor aux portes de l'Histoire, ouvrant ainsi la première page de la résistance à la colonisation. La télévision publique a investi depuis lundi soir la côte algéroise, pour installer l'un des plus importants décors que la télévision algérienne ait réalisé depuis l'Indépendance. C'est à partir du port qu'un certain 14 juin débarqua l'armée française pour une colonisation qui a duré plus de 130 ans. L'émission qui sera diffusée le soir du 5 juillet, s'intitule L'Algérie résistante. Animée par la présentatrice vedette de la chaîne A3 Fouzia Bouzbek, elle évoquera avec des historiens de renom, dont le plus célèbre reste Babaci, l'histoire du débarquement de l'armée française dans notre pays. Les intervenants vont expliquer surtout en détail, ce qui a procédé de ce débarquement: le contexte historique, et surtout économique difficile des Français (un peu comme aujourd'hui avec la crise) et ce qui en a résulté, le fameux coup de l'éventail donné par le Dey Hussein au consul français Pierre Deval. Les intervenants parleront également de l'importance de la mobilisation de quelque 37.000 soldats français répartis dans 675 bâtiments affrétés par l'entreprise Seillière et de la bataille violente de Staouéli qui a obligé les janissaires turcs à solliciter le soutien des premiers travailleurs de la capitale venus de Kabylie et de la vallée du Mzab. C'est visiblement la barbarie du colonisateur et la violence de son entrée dans l'histoire de l'Algérie que l'Entv a choisi de mettre en valeur dans ses programmes, au lieu des témoignages des pieds noirs partis les mains devant et les mains derrière, que France 3 voulait mettre en évidence pour célébrer les 50 ans de la fin de la Guerre d'Algérie. Entre la victimisation des Français et la gloire des martyrs des Algériens, l'Histoire a choisi de s'arrêter pour regarder l'avenir et dire: que réserve le passé au futur?
Amira SOLTANE
L'expression

dimanche 8 juillet 2012

Cinquantenaire de l'Indépendance L'Algérie célébrée aux week-ends du monde


Le cinquantenaire de l'Indépendance de l'Algérie sera célébré au Québec. L'organisme Festi-Tam, animé par des Algériens et des Québécois, organise, aujourd'hui samedi au parc Jean-Drapeau, une journée d'activités, sous le slogan générique Québec-Algérie, pour souligner la fête du 5 Juillet, date du recouvrement de l'indépendance du pays. Festi-Tam prévoit ainsi une soirée de spectacles avec une pléiade d'artistes algériens. Parmi eux, on peut citer le groupe Labess qui vient d'éditer un opus, cheb Fayçal, le ballet Maghreb, Djamel Lahlou, Myriem Saci, etc.
Le programme durera de 12h à 22 h sur l'île artificielle. Pour sa part, le Centre culturel algérien (CCA) a tenu également à marquer cette date phare de l'histoire de l'Algérie, en organisant aujourd'hui des festivités au quartier Saint-Michel.
Par ailleurs, le consulat général d'Algérie à Montréal a organisé une cérémonie de recueillement avec dépôt d'une gerbe de fleurs ; la cérémonie a été suivie de la levée des couleurs nationales, mercredi à 19h (minuit, heure algérienne). Auparavant, le Dr Ahmed Bensaâda a donné une conférence dans laquelle il est revenu sur la chronologie de la colonisation française depuis le “coup de l'éventail”.
Rappelons que le programme du consulat concocté à cet effet s'étale sur le restant de l'année 2012. Enfin, l'ambassade d'Algérie à Ottawa compte organiser une cérémonie officielle, le 8 juillet, pour honorer la mémoire des martyrs de la guerre de Libération nationale.
Une cérémonie qui vient clôturer une semaine d'activités culturelles marquant le cinquantenaire de l'Indépendance.

Y. A

Mouvement national : L'apport de l'immigration mis en exergue


L'historien Jean-Luc Einaudi a souligné l'apport «incontestable» de l'immigration algérienne au Mouvement national, regrettant que des exécutions capitales en France de combattants algériens condamnés à mort et le regroupement d'autres dans des centres d'internement soient à ce jour «ignorés» et «dissimulés» par les autorités françaises.
«Le rôle de l'immigration algérienne a été essentiel en France à partir même des années 20 du siècle dernier durant lesquelles on a assisté au développement d'un mouvement contre la domination coloniale», a indiqué M. Einaudi lors d'une conférence-débat animée au consulat d'Algérie à Bobigny, à l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance nationale.
Pour l'historien, il est impossible de comprendre la Révolution nationale algérienne «si on n'a pas en tête ce qui s'est passé à cette époque-là». «Souvent, c'est méconnu, tout particulièrement par les Français», a-t-il dit, citant les moments cruciaux qui ont vu naître, dès 1924 à Paris, le mouvement nationaliste de l'Emir Khaled, petit-fils de l'Emir Abdelkader, la création, en 1926, de l'Etoile nord-africaine par Messali Hadj (secrétaire général) et Hadj Ali Abdelkader (président), et la naissance, en mars 1937 à Nanterre, du Parti du peuple algérien (PPA), après la dissolution en janvier de la même année de l'Etoile nord-africaine.
Il évoquera, par la suite, le cheminement du combat du PPA, après les massacres du 8 mai 1945, sous l'appellation du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (Mtld) qui se voulait une «couverture légale» du PPA, pour notamment participer aux élections locales, et la venue en France de l'OS (Organisation secrète) pour prendre la direction de la Fédération de France du Mtld, confiée à feu Mohamed Boudiaf, rejoint par la suite par Didouche Mourad.
«C'est ce même Boudiaf qui partira, en mars 1954 de Paris, pour fonder en Algérie le Comité révolutionnaire pour l'unité et l'action (Crua), mettant fin à la scission au sein du PPA-Mtld, l'été 1953, et prenant la responsabilité d'engager l'action armée en novembre 1954», a précisé l'auteur de «Scènes de la guerre d'Algérie en France : Automne 1961». En plus de l'action armée, portée pour la première fois en terre ennemi dès août 1958 avec les incendies des raffineries de Mourepiane (Marseille), il évoquera l'apport logistique de l'immigration algérienne en France à la Révolution algérienne, affirmant que les cotisations des travailleurs immigrés étaient la «principale source de financement du Gpra (Gouvernement provisoire de la République algérienne)».
L'historien mentionnera, à cette occasion, les actions de «représailles» dont ont fait l'objet les Algériens à l'époque de la guerre de Libération nationale, signalant notamment la torture qui, a-t-il affirmé, était utilisée «massivement en Algérie, mais aussi en France». «Les premiers cas que je connais remontent à 1957. La torture a été beaucoup employée par la DST, mais pas seulement», a-t-il dit, signalant la mise en place, dès 1959, de camps d'internement où des milliers d'Algériens de l'immigration seront parqués. Selon l'historien, rares sont en France qui savent qu'il a y eu des camps d'internement dans la région du Larzac (Sud) et à Saint-Maurice L'Ardoise (Gard). «Ce sont des prisons qui sont devenues des lieux d'éducation politique, de lutte aussi avec des grèves de la faim», a-t-il ajouté, faisant, par ailleurs, part de nombreux assassinats, de disparus parmi les militants et cadres du FLN. Affirmant s'exprimer en tant que citoyen français, M. Einaudi a tenu aussi à livrer son témoignage d'historien sur quelque chose qui lui tenait «à cœur» : l'exécution de combattants algériens condamnés à mort. «En tant que citoyen français, je dois dire que je n'ai jamais accepté, je n'accepte pas et je n'accepterai jamais qu'on ait fait et qu'on continue à faire de François Mitterrand (alors ministre de la justice) la grande figure de la gauche française», a-t-il martelé. L'historien a rappelé que, parmi les nombreux condamnés à mort guillotinés sur ordre de Mitterrand, il y a avait des «prisonniers de guerre auxquels l'Etat français refusait le titre les considérant - puisqu'il n'y a avait pas de guerre selon la terminologie coloniale- comme des hors-la-loi». «Les exécutions capitales ont eu aussi lieu en France et ont ciblé des combattants de la Fédération du FLN. Elles ont pour théâtre les prisons de la Santé, de Montluc à Lyon, de Dijon et, peut-être, d'autres lieux», a-t-il indiqué, signalant que cela est «absolument ignoré, dissimulé». L'historien a enfin rendu hommage à la contribution de l'immigration algérienne au mouvement national en rappelant sa participation à la manifestation, réprimée dans le sang, du 17 octobre 1961 à Paris, pour braver le couvre-feu discriminatoire imposé quelques jours auparavant par le préfet de police Maurice Papon, aux Algériens.
N. B. 

50ème anniversaire de l'indépendance : La Belgique, un jour, algérienne

Comme pour se rappeler sa proximité, hier, avec le combat libérateur de l'Algérie, la Belgique a tenu à marquer son amitié et sa solidarité à l'Algérie libre d'aujourd'hui. 

La Belgique a autant, peut-être mieux que la France,marqué sa participation à la commémoration du 50ème anniversaire de l'indépendance de l'Algérie. Les manifestations ont eu lieu à deux niveaux : celui réalisé par des associations civiles algériennes, ou belgo-algériennes et celui manifesté par les autorités ou officiels belges. De nombreuses activités, dont nous avons rendu compte dans nos éditions des mois de mars à juillet, ont été l'oeuvre de bénévoles algériens, soutenus à l'occasion par les autorités belges et celles de notre mission diplomatique et consulaire.    Des films historiques ou de témoignages, des expositions, des conférences données par des Algériens et Belges, des soirées musicales, etc. ont « parcouru » le pays depuis le mois de janvier. Il faut relever la mobilisation de la gent féminine algérienne, de loin plus importante que celle des hommes dans l'organisation des événements. 

Côté officiel, les premiers responsables des grandes villes belges ont invité, à la veille du 5 juillet, à des réceptions « d'amitié et de solidarité » le corps diplomatique algérien conduit par l'ambassadeur et le consul algériens. Ainsi, les villes de Bruxelles-Capitale, Liège et Gand ont reçu les diplomates algériens pour leur souhaiter « un bon anniversaire » et leur renouveler leur solidarité. Par ailleurs, l'Association internationale soufie Alawiya (AISA), en collaboration avec les autorités algériennes et des associations belgo-algériennes ont eu l'ingénieuse idée de tenir du 25 au 28 juin au Parlement européen et du 29 juin au 1er juillet à l'hôtel de ville de Bruxelles une exposition sur l'Emir Abdelkader, fondateur de l'Etat moderne algérien. 

ABDELKADER LE GRAND 

Sous le slogan « L'Emir Abdelkader : un homme, un destin, un message », l'exposition a permis de lever toute équivoque sur la prétendue idée que l'Algérie moderne est une création de la France. 

Le combat de l'Emir durant 17 ans contre les troupes françaises, sa stratégie de structuration des institutions de l'Etat algérien et sa négociation avec les maréchaux français pour éviter le massacre des populations par la France coloniale sont mis en évidence à travers des « pendentifs », sorte de toiles écrites dans le hall central du Parlement européen. 

A l'hôtel de ville de Bruxelles, en plus de l'exposition, la Commissaire générale de l'exposition, Mme G. Simone-Khedis, a invité le cheikh Khaled Bentounes de l'association « Fraternité soufie Alawiya » et président d'honneur de l'association «les Amis de l'Islam» pour une conférence sur la Tariqa Alawiya et le soufisme.        C'est que l'Emir, au-delà de ses qualités de guerrier et homme d'Etat, a versé dans le soufisme, particulièrement lors de son exil à Damas, où il a eu à mettre sous sa protection des milliers de chrétiens, menacés par des intégristes de tous bords. A propos de la sagesse de l'Emir, cheikh Bentounes affirme « qu'il - l'Emir - espérait que l'Orient et l'Occident auraient un destin qui les pousserait à construire un avenir ensemble. En cela, son message reste d'une actualité brûlante, un défi pour le XXIème siècle. » Ce rêve d'un Orient et un Occident réconciliés de l'Emir Abdelkader a été celui d'un seul autre grand homme de l'histoire sur la rive nord de la Méditerranée : le Macédonien Alexandre le Grand ( 4ème siècle Av. JC). C'est dire que ces grands personnages à la fois guerriers et humanistes ne se manifestent qu'une seule fois entre plusieurs siècles. En accueillant l'exposition, le Parlement européen et la Belgique ont rendu hommage à l'Algérie combattante, historique. 

GEORGES LAPERCHES, MARTYR DE L'ALGERIE 

Cette Belgique qui a été un maillon central dans la mise sur pied du « Front du Nord » durant la guerre de libération. Des centaines de Belges ont accueilli, protégé, caché, transporté et fourni de faux papiers aux moudjahidine. Certains y ont laissé leur vie. Et c'est à travers l'exemple héroïque de l'un d'entre eux, Georges Laperches, que la ville de Liège a rendu hommage à tous les martyrs belges pour une Algérie libre. Né en 1912, il était fils unique et agrégé d'histoire de l'université de Liège. Il a été assassiné par la « Main rouge » (organisation terroriste française activant dès les années 50 en Algérie, puis en Europe. Elle est l'ancêtre de l'OAS) parce qu'il a caché un jeune étudiant algérien, Rachid Krim, ami de son propre fils, Jean Pierre. Grâce à l'association Les Amitiés belgo-algériennes (LABA), présidée par Mme Ghezala Cherifi, et au conseiller communal Hassan Boussetta, Belge d'origine marocaine, la ville de Liège a rendu un hommage appuyé, plein d'émotion et de souvenirs au martyr Georges Laperches. Sa famille, enfants, petits-enfants et femmes de la famille Laperches étaient présents à la cérémonie.           D'ailleurs elle cherche encore aujourd'hui Krim Rachid qu'elle croit toujours en vie et vivrait du côté de Annaba. Mme Ghezala Cherifi a lu un message de reconnaissance de l'Algérie indépendante aux Belges d'hier et d'aujourd'hui. Le sénateur et bourgmestre (maire) de la ville de Liège a rappelé le combat des Belges pour la juste cause des Algériens en guerre. La réception qui a suivi a permis aux nombreux présents, élus, hauts responsables et amis maghrébins de l'Algérie de s'entretenir avec les responsables algériens, consul général en tête, sur l'actualité de l'Algérie, ses ambitions et son avenir. En fin de compte, la communauté algérienne a vécu, tout au long de cette année, au souvenir de l'Algérie combattante, ses questionnements sur le présent et ses aspirations pour l'avenir. La Belgique a été, quelque part, algérienne à l'occasion de ce cinquantenaire algérien. 

Le Quotidien d'Oran

samedi 7 juillet 2012

50e anniversaire de l’indépendance : Tahya el Djazaïr Juillet 1962, l’Algérie arrache son indépendance. Le 5 juillet couronne une victoire sur les plans politique et militaire. Une victoire menée avec courage et détermination dans les villes comme dans les campagnes.


Juillet 1962, l’Algérie arrache son indépendance. Le 5 juillet couronne une victoire sur les plans politique  et militaire. Une victoire menée avec courage et détermination dans les villes comme dans les campagnes. Une cause d’un peuple qui a vaincu la peur, la fatalité et s’est levé dans la souffrance pour porter, sur les tribunes internationales, la guerre de Libération nationale déclenchée en cette seconde moitié du 20e siècle. Un soulèvement émancipateur qui aura des conséquences, que l’histoire dans ses cheminements imprévisibles révèlera aux humains plus tard… quand ils prendront le temps d’évaluer, d’analyser et de saisir, après coup, les mutations et changements apportés sur les plans régional et continental. Les télévisions du monde entier, les photographes ont immortalisé le drapeau vert et blanc, frappé de l'étoile et du croissant rouge brandi par des milliers d’Algériens ivres, enfin, de bonheur en ce juillet 1962. Les rues des villes et villages deviennent nos pages où s’écrit l’histoire en direct. Du fond des vallées comme sur les sommets des montagnes, dans les ruelles des casbahs ou les boulevards, sur les terrasses ou à partir des balcons… un seul cri !
Écoutez ce «Tahya el Djazaïr», cri éternel, cri de ralliement, hier déchirant la nuit dans les couloirs de la mort, dans les geôles, dans les maquis et villages. Il est l’ultime cri qui accompagne la dépouille du martyr… un youyou de nos mères à nul autre pareil. Existe-t-il sur terre un Algérien insensible, sourd à ces cris ? En 1830, une France belliqueuse, coloniale embarque sur des navires, traverse la Méditerranée,  déverse une horde qui inscrira au frontispice des grands crimes des XIXe et XXe siècles, les méfaits que même l’usure du temps n’a pas atténués. Des tribus entières ont été emmurées, enfumées, des villages rasés, des régions décimées, une population lettrée, grâce à un dense maillage d’écoles coraniques, est renvoyée dans le Moyen âge. Bugeaud, Saint Arnaud, Pélissier… sont les tristes héros de ces crimes à  grande échelle commis à l’aube du colonialisme, de même que, plus tard, Massu, Aussaresses et tant d’autres restent devant l’Eternel des criminels de guerre pour les innombrables exécutions sommaires, tortures commises par des «équipes de tueurs professionnels» au service d’une république indigne au crépuscule de ce même colonialisme. Une république frappée d’amnésie incapable de se souvenir de la moindre ligne écrite dans la passion et la fureur par d’illustres citoyens de la Révolution française, de la Déclaration universelle des droits de l’homme ou des conventions internationales, et qui aurait pu interpeller sa conscience. Une administration complice, coupable, scribes zélés, prompts à trouver les formules juridiques et les tournures de phrases pour faire disparaître des rapports, le feu du napalm dans l’arrière-pays et l’atroce répression dans les villes ne gardant que l’expression d’une simple administration dans un département relevant de affaires internes de la France.
Le tiers de la population algérienne sera anéanti, exterminé pour les besoins d’une colonisation de peuplement durant la seconde moitié du XIXe siècle. Deux millions, sur une population de huit millions, seront arrachés à leur terre, jetés dans des ghettos, parqués dans des centres de regroupement un siècle plus tard. Le canon et le fusil du début vont être méthodiquement «perfectionnés» pour les rendre plus meurtriers, jusqu’à l’utilisation du napalm dans cette seconde moitié du XXe siècle sous le silence encourageant, consentant d’une administration encore plus coupable et également agissante par son recours à la guillotine. Une force destructrice, d’une telle violence, d’une telle barbarie, s’est abattue sur l’Algérie, et l’Algérien martyr a souffert dans sa chair et son âme. Une nuit longue, de 132 ans. L’Algérie a-t-elle, pour autant, trouvé le sommeil du juste dans cette nuit ?
 Écoutez ces cris de douleur et de rage. Jamais le colon ne trouvera la paix sur ces terres volées qui ne l’ont pas vu naître, dont il n’est pas propriétaire. L’insurrection va, à chaque fois, ponctuer le discours «fermier» des militaires et des colons. Cette terre n’était pas une terra incognita, mais avait ses racines qui plongeaient loin dans le temps. Et quand l’armée pensait avoir «pacifié» la zone, sortait d’un coup, un nom, un étendard, une région ou une tribu pour dénoncer la rapine en cours. «Une petite rébellion de temps en temps, c'est comme un orage qui purifie l'atmosphère.» L’émir Abdelkader, Lalla Fatma N’Soumer, El Mokrani, Bouamama. C’est une nuit sans sommeil, sans repos, sans paix et sans bonheur... mais avec courage. « Il n'est point de bonheur sans liberté ni de liberté sans courage », tranche un stratège du nom de Périclès, il y a 25 siècles, à Athènes.
 « Il faut avoir beaucoup erré dans l’Ombre pour toucher la Lumière… ». Le vingtième siècle sera celui du combat, de l’éveil à la nation, et le glas va sonner sur les rêves d’empire napoléonien, que le XIXe siècle a transplanté en Algérie. Plusieurs  leaders algériens sortent des rangs, se singularisent de la masse et revendiquent à la France le droit à l'égalité ou à l’indépendance.
L'émir Khaled, Messali Hadj, Ibn Badis, Ferhat Abbas... Un bouillonnement et foisonnement d’idées qui vont mûrir en s’entrechoquant tant les méthodes divergeaient. Bientôt les partis politiques vont apporter, sous une apparente rivalité, un nouveau souffle que le centenaire de la colonisation, en 1930, n’arrive pas à faire taire : les mouvements réformistes, mouvement pour l'égalité, Association des oulémas musulmans algériens, Parti du peuple algérien, Amis du Manifeste des Libertés, Parti communiste algérien... Même les échecs et limites dans la vision, même les oppositions entre eux ne vont, en fait, que mieux les préparer pour un seul rendez-vous. Les échecs passés ne font que préparer à une rencontre inscrite même dans les gènes de l’histoire. « Pour les questions de style, nage avec le courant ; sur les questions de principe, sois solide comme un roc.» Et ce roc va faire parler de lui en novembre 1954.
 Nos aînés nous ont restitué un pays qui, par sa superficie, est le plus grand pays du continent africain, du monde arabe, et du pourtour méditerranéen... Hier, on a écrit notre histoire dans l’adversité ; aujourd’hui, notre histoire s’écrit avec le savoir dans les universités, avec la démocratie dans les partis, avec la république dans les institutions de l’État et, surtout, avec le potentiel de la jeunesse... seule réserve inépuisable du renouveau.
 El Moudjahid

Le cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie vu par la presse française



La France absente aux commémorations officielles, le traité d'amitié renvoyé aux calendes grecques, la question des Pieds-noirs envenime encore le passé... Tels sont les points développés par la presse française dans son édition du 5 juillet 2012.


Comment la presse française a rendu compte de la commémoration du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie ? Reportages réalisés d’Alger à la veille de la journée du 5 juillet 2012, peu d’entretiens mais beaucoup d’articles de rappel de faits historiques et d’analyses du contexte national et international dans lequel s’invite cette année ce 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie. Quatre mois auparavant, les journaux et périodiques de l’hexagone ont mis les bouchées doubles sur la commémoration du 19 mars 1962, celle du cinquantenaire de la signature des accords d’Evian. Le journal Libération note à ce propos que «Côté français, la date choisie pour célébrer cet anniversaire, fut le 18 mars, jour de la signature des accords d'Evian qui jeta les bases de la coopération bilatérale. Les médias, les associations et les historiens se sont chargés de faire revivre une mémoire commune mais difficilement partagée. Pour René Gallissot, historien, professeur émérite de l'université Paris 8 auteur de "Accords d'Evian en conjoncture et en longue durée" (Ed. Karthala, 1997), "la commémoration de cette date est un peu hypocrite. Pour effacer la guerre d'Algérie qui a été horrible, pour ne pas parler de l'indépendance qui a été accordée, on préfère parader sur la coopération».
Dans les journaux du 5 juillet 2012, l’information principale relayée par les quotidiens et périodiques est l’absence de la France aux commémorations officielles de l’Algérie, relevant également le peu d’enthousiasme affiché par le Président de la République, François Hollande, dans ses vœux adressés à l’Algérie à l’occasion du cinquantenaire de son indépendance.
Le journal Libération, explique cette absence de la France, comme invitée officielle de l’Etat algérien par «une réconciliation qui n’est pas encore au rendez-vous». Pourtant, note le journal, «les paroles se libèrent : les tortures sont un fait reconnu par les acteurs eux-mêmes, la colonisation commence à être enseignée dans le détail dans les manuels scolaires». Mais le traité d’amitié franco-algérien est renvoyé aux calendes grecques. PourLibération, les tensions entre les deux pays ont été avivées de part et d’autre. En France, par la loi sur les "effets bénéfiques" de la colonisation en 2005 –abrogée depuis-, le débat sur l'identité nationale, les polémiques autour des dates et des lieux de mémoires ; en Algérie, par les propos blessants des autorités algériennes envers les harkis : «autant de débats publics qui ont cristallisé une guerre mémorielle sur un passé encore douloureux.»
Sous le titre "Algérie: Lever le secret défense sur les essais nucléaires", Libération accorde un entretien au député européen d’Europe Ecologie Les Verts (EELV), Yannick Jadot qui, réagissant au fait que François Hollande s’est rendu le mercredi 14 juillet à bord u "Terrible", sous-marin Français lanceur de bombe, pour défendre la dissuasion nucléaire, a regretté que le président n’a pas plutôt choisi cette date, jour du 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, pour régler la question des déchets nucléaires toujours enfouis dans les sols de l’ancienne colonie.
Ainsi, invité à s’expliquer sur cette critique de la sortie de François Hollande à bord d’un sous marin nucléaire, le jour même du 50e anniversaire de l’indépendance d’Algérie, le député européen des Verts estime que "Le jour du 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, il y avait mieux à faire. Cela aurait été un bon geste de la part du nouveau président de lever le secret défense sur les activités nucléaires de la France dans le Sahara. On sait qu’il y eu des essais atmosphériques et souterrains dans les années soixante. Aujourd’hui encore, il y a toujours des déchets nucléaires enfouis au Sud Sahara et des milliers de personnes qu’il faudrait indemniser. Je pense que François Hollande n’a même pas fait le lien entre les deux, mais ce déplacement trouve écho dans l’histoire franco-algérienne. Il aurait pu ouvrir les archives militaires pour que les Français dépolluent ces sites."
Le journal Le point marque à sa façon ce cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie en consacrant un article très orienté sur les Harkis, rappelant les massacres d’Oran le 5 juillet 1962, les qualifiant de "pogroms": "À Oran, le 5 juillet, une manifestation dégénère et se transforme en pogrom. Des centaines d'Européens - deux mille, disent les organisations de rapatriés - sont massacrés, enlevés. Un million de pieds-noirs, accablés de chagrin, quitteront à jamais l'Algérie. Quelques milliers de harkis aussi. Les autres - des dizaines de milliers - finiront horriblement martyrisés." Pour Le Point, l’histoire des Harkis est une tâche noire de l’indépendance de l’Algérie. L’article établit un parallèle historique entre les Palestiniens chassés de leur terre en 1948 et les pieds-noirs chassés de leur terre chassés de leur terre en 1962 : "Vae victis (malheur aux vaincus) : le vieil adage romain s'applique inexorablement à la tragédie algérienne. Les pieds-noirs étaient, après tout, aussi nombreux (et même un peu plus) que les Palestiniens qui, en 1948, furent chassés de leurs terres lors de la création d'Israël. D'où vient que les premiers sont recouverts du linceul de l'oubli alors que les seconds occupent régulièrement - et à juste titre - la une de l'actualité ? Beaucoup de pieds-noirs étaient en Algérie depuis trois, voire quatre générations. Combien de temps faut-il pour être véritablement chez soi ?"
Pour Le Point, le visage horrible de la colonisation, la pratique systématique de la torture par l’armée française, tout cela ne doit pas, écrit le journal, transformer les combattants du FLN "en douces colombes." : "Le FLN a imposé sa loi par la persuasion mais aussi par la terreur, liquidant systématiquement ceux qui n'étaient pas dans la ligne, notamment les partisans de Messali Hadj. Il a pratiqué un terrorisme aveugle. Il a mis en place le système totalitaire qui allait enserrer l'Algérie indépendante dans un carcan sclérosant. Il a, plus tard, instauré une police de la mémoire collective au profit d'une caste prédatrice, toujours au pouvoir aujourd'hui."
Le quotidien Le Monde secoué par ses publi-reportages achetés par Bouteflika, sous le titre "En Algérie, la fête est en partie gâchée par un désenchantement général", dans son édition du 4 juillet 2012, rapporte des propos d’Algériens sur la situation de l’Algérie cinquante après et l’attitude de la France sous le quinquennat de François Hollande sur la réconciliation entre les deux pays.
Le Figaro, s’appuyant sur l’agence Reuters, croit savoir que François Hollande se rendra si possible avant la fin de l'année en Algérie : «Dans une lettre adressée au Président algérien Abdelaziz Bouteflika, François Hollande se déclare favorable à l'approfondissement du partenariat entre les deux pays et à une lecture apaisée de l'histoire entre l'ancienne puissance coloniale et le pays d'Afrique du Nord.» en commentant largement la missive adressée par le Président français à son homologue algérien : "La France considère qu'il y a place désormais pour un regard lucide et responsable son passé colonial si douloureux et en même temps un élan confiant vers l'avenir (…) Notre longue histoire commune a tissé entre la France et l'Algérie des liens d'une densité exceptionnelle. Nous devons aller ensemble au-delà pour construire ce partenariat que vous appelez de vos vœux." Selon Le Figaro, l'arrivée à l'Elysée de François Hollande "qui a fait un stage de huit mois à l'ambassade de France en Algérie en 1978" a fait renaître des espoirs d'une réconciliation.
Synthèse R.N
Le matin

Indépendance de l'Algérie : 1962-2012, il était une fois un demi-siècle d'épreuves


Jeune Afrique.com


Son indépendance reconquise, l'Algérie s'est trouvée face à un immense défi : construire une nation. Véritable laboratoire, elle n'a pas choisi la voie la plus simple. Questions identitaires, combats fratricides, luttes pour le pouvoir, apparition du fondamentalisme, ravages de l'économie planifiée, insurrection islamiste... Les Algériens ont beaucoup souffert, mais ils n'ont jamais cessé d'avancer.
Née au forceps d'une guerre de libération après une longue nuit coloniale, l'Algérie indépendante a presque tout connu au cours de ses cinquante premières années d'existence. L'euphorie de la citoyenneté retrouvée n'est pas encore retombée lorsqu'éclate un conflit armé fratricide pour le contrôle du pouvoir. L'été 1962 sera aussi meurtrier que les précédents. Militaires contre politiques, maquisards de l'intérieur contre armée des frontières, le choix des armes pour régler les questions de leadership prend les allures d'un péché originel qui déterminera la suite des événements. Le peuple investit la rue pour crier « sept ans, cela suffit ! » Et si les armes se taisent enfin, les cicatrices, elles, auront du mal à se refermer. Il y a un vainqueur, le colonel Houari Boumédiène, chef d'état-major général de l'Armée de libération nationale (ALN), et de nombreux vaincus : l'élite politique, les chefs historiques des maquis de l'intérieur et les libertés publiques. Tous victimes au nom des « intérêts supérieurs de la révolution ».

Le Front de libération nationale (FLN) est érigé en quasi-divinité, mais le pouvoir est ailleurs que dans cette coquille vidée de sa substance. Au nom de la délicatesse de l'étape, les sujets qui fâchent sont courageusement évités, la question de l'identité plurielle de ce pays de plus de 2 millions de kilomètres carrés occultée.
Conséquence : en 1963, le Front des forces socialistes (FFS, de Hocine Aït Ahmed, grande figure du mouvement national) fait le choix des armes et lance son éphémère maquis en Kabylie. Quelques semaines plus tard, c'est l'armée marocaine qui pénètre en territoire algérien. Ce bref conflit, réglé par une médiation malienne, entre dans l'Histoire sous l'appellation de « guerre des Sables ».
Modèle pour le Tiers Monde
La menace extérieure fédère quelque peu les forces politiques, mais l'illusion fait long feu. Les intrigues politiques ne cessent pas et l'Algérie émancipée, modèle pour le Tiers Monde, Mecque des indépendantistes de tous les continents, voit ses héros d'hier tomber en disgrâce les uns après les autres. Elle vit son premier coup d'État le 19 juin 1965. Déjà au pouvoir, l'armée s'impose comme le rouage essentiel du système. Le Conseil de la révolution, présidé par Houari Boumédiène, prend les commandes d'un pays déjà fatigué de ses politiques. Le président qu'il a renversé, Ahmed Ben Bella, plus populiste que populaire, sort brutalement des livres d'histoire. Il en sera ainsi de tous ses successeurs, dès lors qu'ils quittent le pouvoir, créant ainsi une sorte de jurisprudence typiquement algérienne.
Craint par la population, le taciturne Boumédiène entreprend une opération de séduction. Il lance des plans de développement régionaux, récupère les richesses du pays à travers la nationalisation des hydrocarbures, dote l'Algérie d'institutions « qui puissent survivre aux hommes » (selon sa formule), démocratise l'enseignement, généralise la médecine gratuite... Et l'État devient providence.
C'est au summum de sa popularité que Boumédiène est emporté, en décembre 1978, par un mal étrange. Plus de un Algérien sur vingt (la population est alors estimée à 20 millions de personnes) l'accompagne à sa dernière demeure. Son successeur naturel est alors un certain Abdelaziz Bouteflika, fidèle camarade du défunt président et chef de la diplomatie depuis toujours, ou presque. Mais l'armée ne fait pas confiance au personnage et l'écarte au profit de l'officier le plus ancien possédant le grade le plus élevé, Chadli Bendjedid.
La mort prématurée de Boumédiène, les scènes d'hystérie collective, les larmes et les cris de détresse au cours de ses funérailles constituent la première tragédie « institutionnelle » de l'Algérie indépendante. Quatorze ans plus tard, le 29 juin 1992, elle vit son premier régicide, avec l'assassinat, à Annaba, du président Mohamed Boudiaf par l'un de ses gardes. S'il n'était au pouvoir que depuis six mois, la douleur n'en est pas moins immense. Mêmes scènes d'hystérie collective, mêmes larmes et cris de détresse lors de ses obsèques.
Les années GIA
On a cru alors que l'Algérie avait atteint le fond. Le pire était à venir : les années GIA (groupes islamiques armés) et leur lot de massacres collectifs de villageois, d'assassinats d'intellectuels et d'artistes, de voitures piégées explosant sur les places publiques et dans les marchés. Au nom de la lutte contre le terrorisme, les libertés publiques sont malmenées : détentions administratives, juridictions d'exception et recours à la torture. C'est la décennie noire.
Les épreuves qu'a traversées l'Algérie ne sont pas toutes d'ordre politique ou militaire. Elle a eu droit, aussi, à ses catastrophes naturelles. Sévère sécheresse au milieu des années 1970, séismes destructeurs en 1980, 1989 et 2004, inondations meurtrières à Alger et ailleurs... Dans chacune de ces épreuves, les Algériens ont très vite transcendé leur douleur et fait preuve d'une grande solidarité.
C'est sans doute le secret du miracle algérien, la succession de malheurs a consolidé le sentiment d'appartenir à une nation, qui a résisté dans l'unité face aux tragédies dont le sort l'a accablée tout au long de son parcours. « Mazal waqfin » (« encore debout »). Tel fut le mot d'ordre de la campagne contre l'abstention pour le scrutin législatif du 10 mai 2012. Une élection au cours de laquelle l'Algérie s'est une nouvelle fois distinguée de ses voisins. Hier douloureusement mise à l'épreuve par l'islamisme armé, elle est le seul pays d'Afrique du Nord à résister à l'islamisme qui triomphe aujourd'hui en Égypte, en Libye, en Tunisie et au Maroc.

Chronologie
5 juillet 1962 Indépendance.
10 septembre 1963 Adoption de la Constitution, qui instaure un régime à parti unique, le Front de libération nationale (FLN). Le premier président de la République algérienne, Ahmed Ben Bella, est élu le 15 septembre.
19 juin 1965 Putsch de Houari Boumédiène, qui abroge la Constitution. Il prend les fonctions de chef de l'État, de Premier ministre et de ministre de la Défense.
1976 Une Charte nationale est adoptée en juin par référendum. Elle sert de base à la deuxième Constitution, votée le 22 novembre. Le 10 décembre, Boumédiène, candidat unique, est élu président. Il décède le 27 décembre 1978.
7 février 1979 Élection de Chadli Bendjedid, réélu en 1983 et en 1988.
Avril 1980 Émeutes en Kabylie pour la reconnaissance de la culture tamazight.
5-7 octobre 1988 Répression sanglante de manifestations de contestation politique et sociale dans plusieurs villes du pays. Le 6, l'état de siège est proclamé.
23 février 1989 Adoption par référendum de la troisième Constitution, qui autorise le multipartisme.
26 décembre 1991 Le Front islamique du salut (FIS) remporte le premier tour des législatives.
11-12 janvier 1992 Chadli démissionne, l'armée se déploie dans Alger, le processus électoral est suspendu et les « janviéristes » appellent à la présidence une figure du nationalisme, Mohamed Boudiaf, qui crée un Haut Comité d'État (HCE).
2 février 1992 Instauration de l'état d'urgence.
29 juin 1992 Le président Boudiaf est assassiné et remplacé en juillet par Ali Kafi.
30 janvier 1994 Le HCE nomme Liamine Zéroual chef de l'État. Élu président en novembre 1995, il finit par démissionner en septembre 1998;
28 novembre 1996 Référendum pour l'adoption de la quatrième Constitution, qui introduit le Sénat.
15 avril 1999 Élection d'Abdelaziz Bouteflika à la présidence. Il sera réélu en 2004 et en 2009.
16 septembre 1999 Adoption par référendum de la loi sur la Concorde civile.
Avril-mai 2001 Le 18 avril, un lycéen est tué dans les locaux de la brigade de gendarmerie de Beni Douala. Le 25, des manifestations se transforment en émeutes sanglantes à travers la Kabylie, jusqu'à la Marche noire de Tizi-Ouzou, le 21 mai.
10 avril 2002 Le Parlement adopte l'amendement à la Constitution consacrant le tamazight comme langue nationale.
29 septembre 2005 Adoption par référendum de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale.
11 décembre 2007 Double attentat-suicide d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) à Alger.
12 novembre 2008 Le Parlement adopte la révision constitutionnelle, supprimant l'interdiction de briguer un troisième mandat présidentiel.
24 février 2011 Levée de l'état d'urgence.
15 avril 2011 Discours du président Bouteflika pour l'engagement d'un processus de réformes.
10 mai 2012 Élections législatives. L'Assemblée populaire nationale doit examiner les projets de réformes issus des consultations de 2011 et, en particulier, celui de nouvelle Constitution.