jeudi 31 octobre 2013

59e anniversaire du 1er novembre : Qu’a-t-on écrit et publié sur le 1er Novembre ?


Le 1er novembre demeure une date qui fait consensus en Algérie. Toutes les familles politiques se réclament de la déclaration qui, ce jour-là, ressuscita la nation algérienne qui affirma sa volonté de renaître.

La date, désormais, relève davantage de l’histoire même si elle continue à inspirer des actes, des attitudes. Mais qu’a-t-on écrit et retenu de cette journée historique ? A vrai dire, beaucoup de choses ont été écrites et filmées sur le contexte historique qui avait aidé à l’embrasement de l’Algérie. Les collections de la presse nationale regorgent de témoignages sur les militants qui avaient pris part aux préparatifs qui avaient précédé le jour « j » et les moyens qui ont servi à attaquer quelques casernes et saboté des infrastructures dans diverses régions du pays. On peut lire des dizaines de récits sur les hommes qui « ont fait le coup de feu », des reportages sur des lieux comme les gorges de Tighanimine, près d’Arris, Azazga, Alger où les hommes du FLN se manifestèrent. Des numéros spéciaux ont été régulièrement publiés où la parole fut donnée à des militants qui ont déroulé le fil de leurs souvenirs. Haya Djelloul a produit, il y a quelques années, pour la Télévision nationale, un remarquable documentaire dans lequel de grands noms de l’époque, comme Boudiaf, Aït Ahmed, ont évoqué également cette date et tout le processus qui avait conduit au déclenchement de la Révolution. On peut ranger aussi dans cette case le précieux livre de Benyoucef Benkhedda, les Origines du 1er Novembre (Editions Dahlab 1983) ou la Guerre commence en Algérie » (Editions Complexe 1984) de Mohamed Harbi.

Un registre plus épaissi
Toutefois, on trouve moins de témoignages des acteurs qui ont pris directement part aux actions. La plupart étaient, il est vrai, des hommes de condition modeste et l’urgence était à l’action. Des hommes, comme Ouamrane et Bitat qui avaient dirigé les attaques, Hadj Lakhdar ou Krim Belkacem, qui ont survécu à la guerre, n’ont pas légué leurs mémoires. Leurs souvenirs sont par contre essaimés dans des publications d’auteurs ou de journalistes, notamment étrangers, comme Yves Courrière. Son livre Les fils de la Toussaint est un récit vivant et palpitant de cette nuit. Il y relate les doutes, l’engagement des hommes, la modestie des moyens et les réactions des protagonistes dans les jours qui ont précédé et suivi ce qui fut alors qualifié de « coup d’éclat dans un ciel serein ». Dans ce registre, le livre le Pays des hommes libre d’Ali Zamoum reste une heureuse exception. L’homme, qui passera toute la période de la guerre à la prison Barberousse où il sera un compagnon d’Ahmed Zabana, comme le montre le film consacré à ce dernier, décrit, dans le détail, les réunions des militants, les achats d’uniformes, les fonctions de chacun des hommes qui, dans la région de Kabylie, allaient écumer les maquis. On y trouve aussi relatées avec minutie les circonstances qui ont présidé au tirage, dans une maison du village d’Ighil Imoula, de la déclaration du 1er Novembre. Ces dernières années, à la faveur des mémoires, de nombreux responsables, qui ont joué un rôle dans la guerre de Libération, ont toutefois épaissi le registre de l’histoire. C’est ainsi qu’Ali Kafi évoque le 1er Novembre dans le Nord-Constantinois, Tahar Zbiri dans la zone des Aurès Nememchas où furent enregistrés les premiers morts.

Récits multiples
Il est rare de ne pas trouver dans le grand nombre de livres parus ces dernières années trace du 1er Novembre. On s’attarde toujours sur cette journée et ses événements certes inattendus. Ils s’étalent davantage sur sa signification et son importance. Il suffit de relire Attoumi, Azzi, Mustapha Benamar ou Chadli Bendjedid. Longtemps, la recherche sur l’histoire, un levier puissant de légitimation politique, était marquée par les tabous et l’occultation. Mohamed Boudiaf publia, en exil, ses souvenirs sur les « préparatifs du 1er Novembre » auxquels il prit pourtant une part prépondérante. Beaucoup de livres, comme ceux d’Ali Haroun, du commandant Azzedine, furent publiés en France. Depuis un quart de siècle, d’autres écrits ont surgi. On peut citer ceux de Lakhdar Bouregaâ, de l’historien Aïned Tabet dont le livre sur l’histoire de la ville de Sidi Bel-Abbès (Enag 1999) regorge d’informations sur les actions entreprises dans la nuit du 1er novembre où deux fermes furent attaquées près de Sidi Ali à l’est de Mostaganem. Durant l’accrochage, fut tué notamment l’adjoint de Ben M’hidi alors chef de la zone 5 (Oranie), Abdelmalek Ramdhane. Pour une génération avide d’images, le 1er Novembre se retrouve aussi dans plusieurs films dont les plus récents sont ceux dédiés à Zabana et Benboulaïd. Ce jour-là constitue toujours la séquence de rupture dans la vie des personnages qui entrevoient la lumière d’une aube naissante. Ce qui fut réellement ce jour gravé à jamais dans la mémoire nationale.

HORIZONS

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