vendredi 20 avril 2012

Les législatives algériennes en France Interrogations et inquiétude des candidats de la zone 1

Réunion houleuse, dans une ambiance surchauffée, entre les candidats de la zone 1 et les représentants de l’administration consulaire samedi après-midi au siège du consulat général de Paris. Alors que deux jours plus tôt, le secrétaire d’Etat chargé de la Communauté nationale à l’étranger affirmait aux correspondants de la presse algérienne qu’il avait constaté que l’administration consulaire était prête à accueillir le scrutin des 8, 9 et 10 mai, les candidats ont pointé les failles, lacunes, cafouillages et revirements en matière d’organisation et de déroulement du scrutin en France et d’information des électeurs.
 

Ya-t-il une volonté politique pour tenir ces élections ? Dans quel cadre va se dérouler la campagne ?» Cette interrogation d’un candidat traduit la teneur de l’échange entre les candidats et le représentant de l’administration algérienne dans la zone 1, le consul général de Paris, Rachid Ouali.
Réunis au consulat général de Paris pour le retrait de la liste électorale et le tirage au sort de l’emplacement des listes de candidatures sur les panneaux d’affichage dans les locaux des consulats, les 92 candidats de la zone 1 (qui couvre les circonscriptions consulaires de Paris, Strasbourg, Lille, Bobigny, Nanterre, Pontoise, Vitry-sur-Seine et Metz, et représente 491 237 électeurs inscrits) ont laissé exprimer leurs interrogations, leur colère et leur exaspération quant aux manquements qui, à leurs yeux, influeront sur le déroulement du vote. En voici quelques échos.

La première interrogation est relative aux dates arrêtées pour le vote : 3 jours ouvrables au lieu des six jours habituels pour les précédents scrutins incluant tout un week-end. Ne pourront venir voter que les électeurs qui ne travaillent pas, se sont inquiétés nombre de candidats. Dans un premier temps, le vote a été fixé du 5 au 10 mai, les partis en lice qui ont fait imprimer des tracts aux dates initiales n’ont plus qu’à les jeter. Les services consulaires eux-mêmes ont adressé des courriers mentionnant ces dates aux électeurs. Contre-ordre d’Alger, le vote est amputé de trois jours pour être ramené du 8 au 10 mai, à la demande des autorités françaises, qui n’ont pas souhaité qu’il y ait empiètement avec le 2e tour de l’élection présidentielle en France (6 mai). «Avec un pareil créneau, l’abstention sera record», s’insurge un candidat.

L’explication du consul général de Paris, Rachid Ouali : «Nous sommes en pays étranger. Cela n’a pas été possible de convaincre les autorités françaises.» «La Cnisel est en train d’examiner la possibilité de prolonger l’ouverture des bureaux de vote jusqu’à 22h.»
Puis cette interrogation d’une candidate (la seule femme tête de liste pour toutes la France) : «Les services consulaires ont adressé un courrier le 4 avril aux électeurs les informant de la tenue du vote du 5 au 10 mai. Un deuxième courrier mentionnant le changement de dates va-t-il leur être adressé ? Ce courrier ne mentionne que le numéro du centre de vote, sans faire référence à une adresse. Comment le simple électeur saura-t-il où se trouve son bureau de vote ? Vous imaginez que 100 000 électeurs téléphonent au consulat pour se renseigner où ils doivent voter ?» Un autre candidat relève qu’une grande partie des électeurs (personnes âgées) n’utilise pas internet.

Le consul général : «Dès que nous avons eu connaissance du changement de dates, nous avons commencé à informer par tous les moyens possibles. Nous recevons jusqu’à 600 concitoyens par jour, nous en profitons pour les informer.» «S’agissant des adresses des centres de vote, la liste électorale a été actualisée hier» (vendredi 13 avril).
Un candidat relève les «nombreux changements en peu de temps», comme celui qui pour les candidats indépendants, «il fallait réunir 400 signatures, nombre qui a été ensuite relevé à 800».
«Qu’est-ce qui figurera sur le bulletin de vote ?» «La photo du candidat en titre ?» «Des suppléants ? Du président du parti ?»
«La question du bulletin de vote n’est pas encore tranchée», répond le consul général.

D’autres questions, commentaires et avis de candidats à l’adresse du responsable consulaire : «La campagne, on va alors la commencer quand ?» ; «Des bus seront-ils mis à la disposition des électeurs pour se rendre dans les centres de vote ?» ; «On aurait souhaité que le ministre prolonge son séjour pour qu’on puisse lui demander des explications. Le ministre se déplace dans des zones où il y a une poignée de concitoyens, ici nous parlons de millions d’Algériens» ; «Je vous ai proposé la tenue d’un meeting en présence de tous les candidats, au moins les électeurs vont nous voir, comment voteront-ils pour des candidats qu’ils ne connaissent pas ?» ; «Deux sièges à l’APN pour représenter 500 000 électeurs, est-ce normal ?» ; «Certains partis ont commencé leur campagne avant la date réglementaire (fixée au 15 avril), ils ont de l’argent et sont puissants» ; «Celui qui enfreint la loi doit être exclu, on a des preuves» ; «Le FLN et les redresseurs du FLN ont commencé leur campagne avant l’heure, je propose une pétition pour exclure leurs candidats» ; «Il y a eu des tracts utilisant les symboles de l’Etat», et le candidat de montrer un tract du Front El Moustakbal, avec l’emblème national, les couleurs de l’Algérie portée par son candidat, une photo du candidat dans un meeting de soutien au président-candidat Bouteflika en 2009.

Le consul général, Rachid Ouali : «Nous avons pour mission d’assurer les conditions matérielles, organisationnelles du vote, de sensibiliser à une forte participation, nous voulons que les électeurs participent en nombre, par-delà le choix des candidats il s’agit de l’avenir de l’Algérie.» «Nous essayons de rapprocher au maximum les bureaux de vote des électeurs. Nous pourrons mettre à leur disposition des bus s’ils en formulent la demande.» «Un appel est lancé pour le respect de la législation, nous ne pouvons pas exercer un droit de police dans les rues et les quartiers de France.» «Vous avez signalé certains faits, il y a un droit de recours, exercez-le.» «Les enseignements seront tirés, nous sommes en train de construire ce processus démocratique.»

La réunion s’est déroulée en présence de quatre magistrats membres de la commission de supervision des élections, présents à titre d’observateurs. Aux journalistes qui les ont approchés, les membres de cette commission se sont prévalus de la réglementation pour dire qu’ils n’ont aucun avis à donner à la presse, qu’ils sont là pour régler les litiges et que seul le président de la commission nationale est habilité à s’exprimer. Le consul général de Paris était entouré des consuls de Bobigny et de Pontoise.


-Zone 1:
La zone 1 couvre les circonscriptions consulaires de Paris, Bobigny, Pontoise, Vitry-sur-Seine, Nanterre, Lille, Strasbourg et Metz.
491 237 électeurs inscrits répartis sur 83 bureaux et 10 centres de vote.
23 formations politiques ont présenté des listes et 92 candidats sollicitent leurs suffrages.

 

Nadjia Bouzeghrane
El Watan

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